Économie

Culture sous serre : flambée du prix du film plastique

La culture sous serre est l’une des plus belles réussites de l’agriculture en Algérie. Depuis la Mitidja, l’Oranie ou le sud du pays, les marchés sont largement approvisionnés en tomates, poivrons, aubergines ou melon. La récente hausse des prix du film plastique menace cette activité. Témoignage.

A Aïn Témouchent, au milieu de sa parcelle de tomates de plein air, un agriculteur explique à Ennahar TV les causes de la récente hausse des prix de la tomate : “Il fait chaud le jour, mais froid la nuit. Les tomates ne mûrissent pas”.

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Puis, il ajoute : “On ne couvre plus les serres, on attend que le prix du film plastique baisse. Mais on attend toujours”.

Et d’expliquer : ” L’an passé, pour dix serres, je payais 26 millions de centimes (260.000 dinars algériens) de film plastique. Cette année, le coût est de 40 millions de centimes (400.000 dinars algériens). Le kilo de plastique est passé de 280 DA à 370 DA. “Et on nous dit que la tomate est chère ? Pour moi, 100 dinars le kilo ce n’est pas assez”.

Peu avare en chiffres, il énumère ses dépenses : “On paye le quintal d’engrais 14000 dinars. Et pour un seul hectare de culture, on débourse 70.000 dinars en produits de traitement. Imaginez ce que cela représente pour celui qui a une dizaine d’hectares !”

En absence d’électrification, ce maraîcher est obligé d’utiliser une motopompe actionnée par moteur thermique. “Chaque jour, j’ai pour 8000 dinars de mazout, ce qui représente 600.000 dinars pour ma parcelle de tomates.” Amer, il ajoute “on dépense plus en mazout que ce que l’on gagne”.

De la tomate à 140 dinars le kilo ? 

Il indique que “les poteaux électriques sont à peine à 600 mètres, mais depuis 5 ans, il n’y a pas de branchement. La Sonelgaz est venue et a établi un devis. Pour réaliser le branchement en installant un seul poteau, ils réclament 2,7 millions de dinars.” Indigné, il ajoute : “C’est cela aider l’agriculture ?”

Quant à la main d’œuvre, le maraîcher confie : “les ouvriers ne travaillent pas. On ne trouve pas d’ouvriers. Juste à côté, il y a des parcelles abandonnées qui ne sont même pas récoltées”.

A la fin de cette litanie de chiffres, il conclut : “On est fatigué de cette agriculture. Mr le ministre de l’Agriculture, on ne veut pas d’aide sous forme d’argent, on veut simplement la résolution de nos problèmes”. Comme un défi, il lance “bientôt, la tomate sera à 140 dinars”.

L’augmentation du prix du film plastique et des engrais est liée à la hausse des prix de l’énergie. Concernant les fertilisants, le ministère de l’Agriculture a passé une convention avec le groupe Asmidal afin de faire bénéficier les agriculteurs de réductions de prix.

De même que les Coopératives agricoles de services (Cassap) proposent des produits de traitements à des prix corrects. Mais, beaucoup de ces intrants agricoles ne sont accessibles que sur présentation d’une carte de fellah.

Or, pour les nombreux agriculteurs qui louent des terres, cette carte est inaccessible. Il n’existe pas de loi sur le fermage (location des terres). Cette négligence de la part des pouvoirs publics laisse cette catégorie d’agriculteurs dans le secteur informel.

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