Économie

Cultures stratégiques en Algérie : progression à petits pas du colza

Sous un hangar de la Coopérative de céréales et de légumes secs (CCLS) de Ouargla, la fourche d’un chariot élévateur dépose délicatement un big-bag sur des palettes.

Dans la cour attend un camion chargé de sacs. Ils contiennent du colza et c’est une première pour les CCLS. L’agriculture algérienne fait sa mue vers les cultures dites stratégiques.

| Lire aussi : Colza : Cevital vole au secours des producteurs algériens

À Ouargla, la CCLS communique avoir terminé la collecte du colza le 28 juin dernier. À El Hadjar (Annaba) la direction des services agricoles met en ligne le même type d’opération. Mais, cette fois-ci, ce sont des big-bag entreposés dans un hangar qui sont chargés sur un camion à large plateau. Direction l’usine de trituration de Cevital vers laquelle une première livraison a eu lieu le 19 juin.

Colza, une culture nouvelle en Algérie

À l’annonce du relèvement des prix d’achat à la production, 9 000 DA le quintal contre 7 500 DA en 2021, de nombreux agriculteurs algériens se sont tournés vers la culture du colza.

En septembre 2021, présentant le Plan d’action du gouvernement devant les membres du Conseil de la nation, le premier ministre Aïmene Benabderrahmane avait indiqué que l’Exécutif “œuvrera à développer les cultures stratégiques, comme le colza, le soja et le maïs en vue de couvrir 30 % des besoins nationaux à l’horizon 2024“.

La facture annuelle des importations algérienne d’huile et de tourteaux se monte à 1,3 milliard de dollars soit le troisième poste d’importation après les céréales et les produits laitiers.

Avec ces chargements de colza, les agriculteurs qui se sont lancés dans cette nouvelle culture sont rassurés. La totalité de leur production leur a été achetée par les CCLS.

Mai, incertitudes sur le devenir des récoltes

En mai dernier en pleine récolte des agriculteurs avaient confié au quotidien El Watan que « les Coopératives des céréales et légumes secs (CCLS) chez qui nous déposions cette céréale destinée à la transformation ainsi que la semence n’ont pas encore donné leur accord pour accueillir les récoltes des fellahs ayant semé cette saison le colza ».

Nadir Ahcène Djaballah, le président de l’Association professionnelle pour l’orientation et la protection des fellahs (APOPF), s’était inquiété de la situation.

Ces inquiétudes s’étaient rapidement dissipées après les déclarations de Mohamed Abdelhafid Henni, ministre de l’Agriculture et du Développement rural.

Celui-ci avait rappelé l’implication de son département ministériel dans le programme colza. Dans le même temps, une rencontre entre services agricoles et plusieurs transformateurs avait permis de définir les modalités de prise en charge du colza par des industriels spécialisés dont Cevital, Agri Food du groupe Madar et de l’entreprise Semoulerie Industrielle de la Mitidja (SIM) dont la filiale AGC possède d’importantes capacités de trituration à El Hamoule (Oran). Dans la foulée, le groupe Cevital s’engageait à acheter la totalité de la récolte nationale de colza.

Ces interrogations des agriculteurs ont fait suite à quelques cas de parcelles de colza sinistrées suite à un non-respect de l’itinéraire technique et du non-respect des dates de semis entre variétés d’hiver et de printemps.

Colza, des problèmes de jeunesse

Les expéditions actuelles des quintaux de colza vers les usines de trituration mettent donc fin aux péripéties qui auront marqué la campagne 2022. Des désagréments à mettre sur le compte de la nouveauté du colza figurant dans le programme de relance des cultures stratégiques.

Le volume de la récolte 2022 de colza devrait être bientôt connu. Il sera bien loin de couvrir la totalité de la demande locale. Mais ce petit pas dans la culture du colza constitue un bond de géant pour l’agriculture algérienne.

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