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« Danger », « monstre » : quand l’extrême droite européenne se déchaîne contre l’Islam

Où va l’Europe ? La banalisation du discours antimusulman dans le vieux continent inquiète. Dans de nombreux pays, les partis d’extrême droite ne sont plus des mouvements marginaux.

Ils ont conquis le pouvoir ou sont sur le point de le faire, avec comme carburant commun à leur ascension, la haine assumée de l’Islam et des musulmans.

Ce n’est pas tant l’immigration dans son ensemble qui semble poser problème à la nouvelle extrême droite européenne, mais spécifiquement l’immigration d’origine musulmane.

Trois pays, l’Italie, la Slovaquie et la Hongrie, sont dirigés par des coalitions d’extrême droite. Dans le reste de l’Europe, ce courant monte et est aux portes du pouvoir dans certains pays. Aux Pays-Bas, le parti du populiste Geert Wilders, foncièrement antimusulman, est arrivé en tête des dernières élections législatives.

En Italie, Giorgia Meloni dirige depuis un an une coalition gouvernementale constituée par son parti Fratelli d’Italia et deux mouvements populistes, la Ligue et Forza Italia.

Élue sur la promesse de combattre l’immigration, Meloni, confrontée à la réalité du pouvoir, est contrainte d’ouvrir les portes à la main d’œuvre étrangère pour compenser le vieillissement de la population italienne.

Son gouvernement a annoncé qu’il va faire entrer plus de 450.000 immigrés sur un an, soit d’ici à 2025. Mais vis-à-vis de l’Islam et des musulmans, elle maintient une ligne dure et un discours extrémiste.

Comme Wilders ou Eric Zemmour en France, Meloni estime que l’Islam est incompatible avec les valeurs d’une Europe judéo-chrétienne et aux racines gréco-romaines.

« Je crois qu’il existe un problème de compatibilité entre la culture islamique et les valeurs et droits de notre civilisation », tranche-t-elle.

Elle brandit elle aussi le spectre d’une islamisation galopante de l’Europe.  « Il y a un processus d’islamisation très éloigné des valeurs de notre civilisation », clame la présidente du Conseil italien, lors d’une rencontre organisée samedi 16 décembre par son parti d’extrême droite Frères d’Italie, auquel assistaient le Premier ministre britannique Rishi Sunak et le milliardaire Elon Musk, a rapporté Timesnow dimanche 17 décembre.

La haine de l’Islam, carburant commun à la montée de l’extrême droite européenne

C’est ce genre de discours qui a permis à Geert Wilders de remporter les législatives néerlandaises en novembre dernier, sans toutefois parvenir à constituer un gouvernement, faute de majorité absolue et d’alliances.

Wilders a bâti tout son programme sur la haine assumée des musulmans. Il est, de tous les politiques populistes d’Europe, celui qui utilise les mots les plus forts et les plus exécrables pour décrire les musulmans et leur religion.

Au cours d’une séance au Parlement de son pays, il a reproché au gouvernement d’avoir fait entrer aux Pays-Bas « un monstre nommé Islam » qui « met en danger » le pays. L’ « incompatibilité » de l’Islam avec les valeurs néerlandaises et européennes est aussi son crédo. Selon lui, une « large majorité » des musulmans présents dans son pays, soit 700 000 sur 900 000, « rejettent » le modèle néerlandais de « société libre ».

Pour lui, l’Islam est une « idéologie violente » qui apporte de « la haine et de la terreur » et qui, de ce fait, « n’a pas sa place aux Pays-Bas ».

Comme a tenté de le faire Donald Trump à son arrivée au pouvoir aux États-Unis début 2017, Geert Wilders veut aussi « immédiatement » fermer les portes à l’immigration venant des pays musulmans.

Il veut aussi « démanteler » toutes les institutions musulmanes, comme les mosquées, en commençant par celles qui reçoivent des financements étrangers.

Ce genre de discours est aussi récurrent en France où l’extrême droite se rapproche du pouvoir de scrutin en scrutin. Le mythe du « grand remplacement » et de l’incompatibilité de l’Islam avec la République ont fait du chroniqueur polémiste Eric Zemmour le chef d’un parti qui a son poids sur l’échiquier politique.

C’est néanmoins le Rassemblement national (ex-Front national) qui est aujourd’hui aux portes du pouvoir en France. Même avec l’entreprise de « dédiabolisation » et de « normalisation » entamée depuis quelques années, le parti fondé par Jean-Marie Le Pen développe toujours un discours de rejet quand il s’agit des musulmans, sous couvert de la lutte contre l’islamisme.

La particularité de la France est que le discours antimusulman n’est plus l’apanage de la seule extrême droite. Il est de plus en plus repris sans complexe par une large partie de la classe politique.

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