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Djaffar Gacem dénonce la mainmise des annonceurs sur les programmes des chaînes TV algériennes

Djaffar Gacem dénonce la mainmise des annonceurs sur les programmes des chaînes TV algériennes

Djaffar Gacem, réalisateur et producteur, a appelé, lors de son passage à TSA Direct, ce samedi 9 juin, à organiser le secteur de la production pour les télévisions en Algérie.

« Les téléspectateurs et les médias enfoncent parfois le producteur en disant qu’il se fait beaucoup d’argent. Non, le producteur essaie de satisfaire l’annonceur qui lui paye le produit. Ce n’est pas la chaîne. L’annonceur exige parfois des choses qui n’entrent pas dans le cadre esthétique d’une série, comme mettre un paquet de produits en arrière-plan ou citer la marque du produit dans une séquence », a expliqué Djaffar Gacem.

Ce réalisateur, connu par des séries et sitcoms comme « Achour El Acher », « Djemai Family » et « Nass Mlah City », a précisé qu’en règle générale, les chaînes privées ne financent plus les productions « sauf quelques tentatives d’Echorouk TV ».

« Les annonceurs ont pris le dessus. Comme, il y a beaucoup de chaînes, les annonceurs sont gâtés et séduits pour qu’ils viennent vers la chaîne. Les annonceurs exigent que la chaîne ait un taux d’audience assez important, ce qui est normal. On est donc dans ce rapport compliqué. La chaîne doit avoir de l’audience. Les annonceurs exigent des producteurs une meilleure qualité et une boutique d’annonces publicitaires avant, pendant et après la diffusion du programme. Tout cela, c’est au détriment du téléspectateur. Mais, c’est devenu incontournable. Il est difficile aujourd’hui de faire une production. Il faut avoir la confiance de la chaîne et de l’annonceur. L’année écoulée, j’ai subi beaucoup de pression de la part de certains annonceurs pour mettre dans le scénario des choses qui n’étaient pas acceptables sur le plan de l’éthique », a-t-il détaillé.

« Des chaînes ont besoin de contenus »

Il a rappelé qu’à l’époque du diffuseur unique, l’ENTV, la régie publicitaire gérait les choses. « Nous étions tous des producteurs exécutifs, payés par la chaîne. La chaîne se faisait payer par les annonceurs et les pouvoirs publics. Aujourd’hui, les chaînes privées ont besoin d’argent pour exister. Beaucoup de gens ne l’avaient pas compris lorsqu’ils ont lancé leurs chaînes. Des chaînes qui ont besoin de contenus et qui parfois n’exigent rien de la part des annonceurs qui, eux, décident quelle est la somme à mettre pour que la production passe et quelles sont les conditions pour pouvoir la diffuser. Au final, on va avoir un programme avec une multitude de spots et de placement de produits qui fait mal au producteur et au réalisateur », a-t-il regretté. La saison 2 de Achour El Acher, diffusée par Echourouk TV en 2017, a coûté, selon lui, 180 millions de dinars.

Une possible Saison 3 pour Achour El Acher

« Cela a couvert les coûts de la production. Le seul bémol est qu’on a tourné en Tunisie. Pourquoi ? Il n’y pas de studios en Algérie. J’ai cherché moi-même les fonds. J’aurai aimé que les pouvoirs publics pensent à construire des studios. L’État doit adopter une politique d’infrastructures et d’investissement dans le cinéma et la culture. Nous avons besoin d’espaces et de terrains pour que nous puissions construire nos propres studios qui, après, pourraient être rentabilisés par plein de productions », a-t-il proposé.

Djaffar Gacem a plaidé pour la construction de grands studios à Alger, Oran, Constantine et, plus tard, dans le sud du pays. Il a rappelé qu’il existe de grands studios actuellement en Tunisie, à Ben Arous et Hammamt.

La série « Bougroune » de Rym Ghezali a été tournée en Tunisie, par exemple. Djaffar Gacem n’a pas écarté la possibilité d’une saison 3 de Achour Acher, « une fois tous les moyens réunis ».

Il a révélé que Achour El Acher (interprété notamment par Salah Aougrout) a été écrit par un groupe de huit scénaristes dont des journalistes et des youtubers.

Djaffar Gacem achève le tournage de son premier long métrage, « Heliospolis », une histoire qui évoque le contexte socio-historique d’avant les événements du 8 mai 1945 dans l’Est algérien dont le dramatique épisode des « fours à chaux » d’Héliopolis (village à côté de Guelma ».

« Nous avons tourné dans des décors naturels à El Mellah à Ain Temouchent. Il nous reste encore 10% du tournage à achever. Le long métrage de plus de deux heures sera prêt à la fin de l’année en cours ou au début 2019 », a annoncé Djaffar Gacem. Le scénario de « Heliopolis » a été écrit par Salah Chihani, Kahina Oussaid et Djaffar Gacem.

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