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Dr Bekkat Berkani : l’Algérie est en « état d’urgence sanitaire »

Dr Bekkat Berkani : l’Algérie est en « état d’urgence sanitaire »

Alors des décisions sont attendues à l’issue du Conseil des ministres,  dimanche 25 juillet, concernant le renforcement de mesure de lutte contre la pandémie du covid-19, le Dr Mohamed Bekkat Berkani livre quelques pistes pour limiter au maximum l’avancée du variant delta du covid-19, qui fait planer le spectre d’une situation sanitaire hors de contrôle.

Au vu de la situation sanitaire liée au covid catastrophique en Algérie, faut-il reconfiner ?

Les professionnels de la santé réclament le confinement depuis l’augmentation exponentielle des contaminations. C’est l’une des mesures phares à prendre pour essayer de faire barrage à cette augmentation exponentielle des cas.

Je pense que si le confinement était décidé, il ne devrait pas ressembler à ce qu’on a connu auparavant. Il faut savoir que c’est une décision politique, même si c’est le côté sanitaire qui doit prendre le pas, le conseil scientifique n’est fondé qu’à émettre des recommandations.

La décision, on la connaîtra à l’issue du Conseil des ministres (ce dimanche 25 juillet). Ce qui est sûr c’est qu’on ne peut pas revenir au confinement de 24h. Ce n’est pas possible car il faut bien que la vie économique et sociale se maintienne. Il reste que le but du confinement c’est d’éviter les regroupements en tous genres, en sus du respect des gestes barrières.

Quelles sont, selon vous, les décisions que le gouvernement est appelé à prendre face à cette situation ?

Tout d’abord, il faut que la communication se fasse vis-à-vis de la population. Que tout le monde soit au courant qu’on est face à un danger de mort, que les hôpitaux sont saturés. Par conséquent, il faut faire appliquer les mesures barrières et sanctionner les récalcitrants.

Qu’on ferme les magasins et qu’on interpelle les gens qui ne respectent pas les mesures barrières dans la rue. Deuxièmement, il faut organiser la vaccination. Cela fait des semaines que nous demandons cette organisation (de la vaccination). On s’époumone à dire qu’elle est la seule façon de gagner du terrain, en particulier sur le variant Delta.

Selon vous, qui est responsable de la situation actuelle ?

Si l’on devait parler de responsabilité, je dirais qu’elle est partagée. Il est un peu prématuré de pointer les responsables. Mais au moins il faut montrer ce qui n’a pas marché, une fois qu’on sortira de cette épidémie pour ne pas refaire les mêmes erreurs.

Nous n’avons pas cessé depuis le début de la pandémie d’appeler à la vaccination. On a laissé faire les fake news vis-à-vis du vaccin AstraZeneca et de tous les autres vaccins. Personne n’a fait un plan pour contrecarrer toutes affabulations sur les vaccins.

Deuxièmement, rien n’a été fait pour réactiver les gestes barrières sur le terrain. Où est la responsabilité du comité intersectoriel ? Il fallait un discours tranchant au vu du relâchement général durant les fêtes et de l’Aïd, etc.

Nous sommes en état d’urgence sanitaire. Or, nous donnons l’image d’un bateau pris dans une tempête qui chavire et dont les défauts commencent à apparaître. On a affaire à ce problème de manque d’oxygène : la production est probablement suffisante mais l’approvisionnement et le stockage dans les hôpitaux font défaut.

L’Algérie est-elle en train de payer le retard dans la vaccination anti-covid ?

Il est clair que plus on vaccine, plus on arrive à maintenir la population à l’abri de l’infection. A travers le monde, c’est une course de vitesse pour la vaccination.

Or, nous avons traîné dans cette course. Au vu de l’enveloppe financière conséquente mise sur la table, l’Algérie aurait pu se procurer les vaccins quels qu’ils soient.

Tout le monde est d’accord que la vaccination est la seule solution. Mais nous avons été pris de vitesse. Il fallait toucher le maximum de la population au moment où nous le pouvions…

Il faut maintenant continuer à vacciner mais à côté, il ne faut pas perdre de vue que la maladie est là, qu’elle va faire des dégâts. Il faut absolument organiser la vaccination et casser ce tabou vis-à-vis du vaccin en occupant le terrain tous les jours et en s’appuyant sur les multiples canaux de communication dont on dispose. Il faut aussi lutter contre les fake news et les croyances en tous genres.

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