Consommation

Du nouveau pour l’assurance auto en Algérie

La branche automobile du secteur algérien des assurances est en grave crise. Déficitaire, elle peine à rembourser dans les délais ses clients victimes de sinistres alors que le nombre d’accidents de la route continue d’augmenter. Résultat : le remboursement des sinistres prend beaucoup plus de temps au grand dam des assurés.

Selon les données du Conseil national des assurances (CNA), au premier semestre 2021, les sinistres à payer étaient légèrement supérieurs à 39 milliards de dinars (exactement 39091157015 DA), en très légère baisse par rapport à la même période de 2020 (39743268640 DA).

D’une façon générale, les sinistres impayés, toutes branches confondues, ont baissé de 6,1% à 87,2 milliards de dinars contre 92,8 milliards de dinars durant la même période de 2020. Au 30 juin dernier, 1293143 dossiers sinistres étaient en instance de règlement, selon le CNA.

Parmi les raisons à l’origine du déficit chronique de la branche automobile des assureurs algériens figure la non limitation des remises accordées aux clients. Pour y remédier, douze compagnies d’assurance algérienne ont signé un accord pour plafonner les remises à 50% dans la branche automobile. L’annonce a été faite ce mercredi 20 octobre par l’Union des assureurs et réassureurs algériens (UAR) dans un communiqué.

Cet accord a été signé par les dirigeants des compagnies : 2A, Alliances assurance, AXA, CAAR, CAAT, CASH, CIAR, CNMA, GAM, SAA, Salama et Trust.

« L’accord multilatéral relatif à la gestion de la branche assurance automobile, qui limite les réductions à hauteur de 50%, a été approuvé par l’organe régulateur du secteur des assurances, en l’occurrence, la Commission de supervision des assurances, sous l’égide du ministère des Finances », a précisé l’UAR.

Entrée en vigueur le 1er janvier 2022

L’UAR précise que cet accord entre en vigueur le 1er janvier 2021 et qu’il « intervient en premier lieu dans le but de protéger les intérêts des assurés. »

Selon l’UAR, cet accord permet de « mieux organiser le marché et de mettre fin à la pratique des « réductions illimitées » qui engendrent des déséquilibres techniques et financiers et réduisent la capacité des sociétés d’assurance à honorer les engagements pris envers leurs assurés, notamment en terme de durée de traitement et de niveaux de remboursements des dossiers sinistres. »

L’UAR soutient enfin que cette limitation des remises à 50% dans la branche auto va permettre au secteur des assurances de se « consacrer pleinement à l’amélioration de la qualité de la prestation au grand bénéfice des détenteurs et bénéficiaires des contrats d’assurance. »

Outre les remises colossales accordées par les assureurs aux automobilistes, le déficit de la branche auto est due également à la dévaluation du dinar, la hausse des prix des pièces de rechange et au montant « dérisoire » de la RC (responsabilité civile) que les automobilistes sont obligés de payer, quel que soit la nature de leur contrat d’assurance.

Conséquence : la branche auto du secteur des assurances est déstructurée et peine à faire face à ses engagements envers les assurés, comme en témoigne l’énorme montant des sinistres à régler et des dossiers en instance.

En Algérie, les assureurs remboursent en moyenne 3,5 dinars à 4 dinars pour un dinar encaissé en matière de responsabilité civile (RC) qui oblige les compagnies d’assurance à rembourser les dégâts causés à autrui par leurs clients lors d’un accident. Mais les remboursements peuvent être astronomiques.

 « En 2016, un assuré a pris un RC d’un mois pour 600 DA, il a causé un sinistre de 250 millions de dinars en Tunisie. Il avait provoqué un accident qui a fait plusieurs morts», souligne une source proche du dossier. « En Algérie, la RC varie entre 1500 et 4000 DA selon le type de véhicules et l’année de mise en circulation. C’est la plus basse du bassin méditerranéen et de la région Mena », ajoute la même source.

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