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Éducation des enfants : la France face à ses paradoxes

Éducation des enfants : la France face à ses paradoxes

Il y a tout juste quatre ans, en juillet 2019, la France adoptait, à l’issue d’un long débat qui a tiraillé la société, la loi dite « anti-fessée », interdisant aux parents d’infliger à leurs enfants cette punition vieille comme le monde.

Aujourd’hui, le même pays en est à débattre des sanctions à imposer aux parents qui n’auront pas suffisamment éduqué leurs enfants. La fessée pour les parents plutôt que pour les enfants, c’est l’illustration d’une France qui marche sur la tête.

C’est l’un des nombreux débats suscités par les émeutes violentes qui ont suivi la mort du jeune Nahel, tué par la police au cours d’un contrôle routier le 27 juin dernier : faut-il oui ou non sanctionner les parents des auteurs mineurs d’actes délictueux.

L’âge de la victime (17 ans), sa conduite sans permis et son refus d’obtempérer, mais surtout la violence des émeutiers qui ont saccagé biens privés et infrastructures publiques ont rappelé brutalement à la France que tout ne tournait pas rond dans ses banlieues, occupées majoritairement par une population d’origine étrangère, souvent pas suffisamment « intégrée » aux yeux d’une partie de la France.

Chez la classe politique française, à chacun ses priorités et sa terminologie, selon que l’on soit d’un bord ou de l’autre de l’échiquier. Pour la gauche, la mort d’un enfant de 17 ans sous les balles de la police ne peut pas passer comme ça et il est donc impératif de revoir les procédures de l’usage de la force légale. Jean-Luc Mélenchon et ses alliés appellent aussi à s’occuper enfin plus sérieusement des quartiers « déshérités« .

Surenchère en France sur la responsabilité parentale

A droite, on préfère parler de quartiers « difficiles« , où le problème n’est pas tant le manque d’engagement et d’investissement de l’État, puisque des fonds importants y sont affectés chaque année, mais bien les parents qui ne soucient que peu de l’éducation de leurs enfants.

Bizarrement, l’idée de sanctionner les parents défaillants ne vient pas de l’extrême-droite, ni même de la droite. Elle est d’Emmanuel Macron lui-même.

En visite chez les forces de l’ordre à la sixième nuit d’émeutes qui ont suivi la mort de Nahel, le président français a répondu à un policier qui lui suggérait de « frapper les casseurs au portefeuille », qu’il songeait plutôt à sanctionner financièrement leurs parents. « Dès la première connerie », a-t-il précisé.

D’autant plus que l’Etat peut le faire dès maintenant sans avoir à attendre la promulgation d’un texte. Le Code civil français dispose en effet que les parents « sont solidairement responsables du dommage causé par leurs enfants mineurs habitant avec eux ».

Ça tombe plutôt bien puisqu’environ un tiers des émeutiers interpellés sont des mineurs.

L’extrême-droite n’espérait pas tant d’un président qu’elle vilipendait à longueur d’année pour sa politique migratoire. Une fois n’est pas coutume, Eric Zemmour est plus que d’accord avec le chef de l’Etat, lui qui claironnait que ce n’est pas aux « Français » de payer pour les « casseurs« , alors que 10 milliards d’euros sont déjà ponctués chaque année de leurs revenus pour financer les banlieues.

Jordan Bardella, le successeur de Marine Le Pen à la tête du Rassemblement national (ex-Front national, extrême-droite), souhaite aller plus loin et priver les familles défaillantes des allocations familiales.

Dans cette surenchère qui n’en finit plus, le « très à droite » président des Républicains, Eric Ciotti, partage l’idée de Bardella et propose de l’étendre aux cas d’absentéisme scolaire, comme le prévoyait une loi dont il est l’initiateur en 2010 en tant que député, et abrogée en 2013 sous François Hollande.

A gauche, un député socialiste, Philippe Brun, a proposé de créer une « école pour les parents » plutôt que d’aggraver leurs difficultés par des sanctions financières.

« On ne nait pas parent, on le devient », dit-il, expliquant que pour que les parents soient pleinement responsables, « il faut leur donner des moyens ».

Dans ce débat focalisé sur la responsabilité parentale, il y en a qui pointent du doigt la loi de 2019 interdisant la fessée. Pour Hugues Moutouh, préfet de l’Hérault, la solution est toute simple : « Deux claques et au lit ». Comme quoi, l’école c’est pour les enfants, la fessée aussi. Et même la claque.

L’humoriste Amine Radi a résumé la situation en France dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux. « Enfin, le président nous autorise à éduquer nos enfants », lance-t-il.

Dans sa vidéo, Amine Radi simule une discussion avec son fils, mais à peine il a levé la main pour le corriger que la police pointe chez lui. Des parents reprochent en effet au gouvernement de les empêcher d’éduquer leurs enfants comme ils l’entendent, c’est-à-dire avec des fessées et même des claques.

Pour de nombreux Français notamment d’origine étrangère, l’Etat leur interdit d’éduquer leurs enfants à leur manière. C’est-à-dire à la façon du préfet de l’Hérault.

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