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Élevage : premières vaches avec de la génétique américaine en Algérie

Élevage : premières vaches avec de la génétique américaine en Algérie

Alors que l’Algérie vient de signer un accord historique avec le Qatar pour créer une ferme géante dans le Sud, le partenariat algéro-américain dans l’élevage bovin avance.

L’ambassadrice des États-Unis en Algérie, Elizabeth Moore Aubin, a visité dimanche 28 avril à Mila le complexe agricole du groupe Boussouf.

Cette visite a été l’occasion de montrer les premiers résultats d’un partenariat algéro-américain dans le domaine de l’élevage bovin.

Désignant un jeune veau, auquel elle tendait un biberon, elle a expliqué qu’il s’agissait des premiers résultats de la coopération entre les deux pays. Celle-ci concerne notamment la fourniture du marché algérien en semence de taureaux de race sélectionnés aux États-Unis.

« La décision a été prise de vendre les premiers produits génétiques. Je suis très impressionnée de ce partenariat algéro-américain en matière de production de lait » a-t-elle souligné, en exprimant « l’espoir de son extension en Algérie ainsi que dans l’élevage avicole ».

Élevage : un groupe algérien mise sur la génétique américaine

Le partenariat algéro-américain porte également sur la vente de produits de la firme Tyson Chicken. Visitant ensuite un des poulaillers du groupe Boussouf, l’ambassadrice des États-Unis en Algérie n’a pas manqué de préciser : « C’est de la génétique américaine et c’est un produit qui est quotidiennement sur la table des consommateurs algériens ».

L’insémination artificielle des vaches laitières est une façon d’optimiser la production de lait en recourant notamment à l’amélioration génétique. Elle est aujourd’hui pratiquée à large échelle dans le monde et se développe en Algérie.

C’est en septembre 2023 qu’une première rencontre algéro-américaine a eu lieu à Alger afin d’envisager la mise en place d’un partenariat dans le domaine de la génétique bovine.

Cette rencontre avait été organisée par l’ambassade des États-Unis en Algérie et avait réuni des spécialistes en élevage, des vétérinaires, des généticiens ainsi que des spécialistes en insémination artificielle et transfert d’embryons.

Avec le Centre national d’insémination artificielle et d’amélioration génétique (Cniaag) d’Alger, l’Algérie dispose déjà d’une bonne expérience en la matière.

Lors de cette rencontre, Catherine Bowers, responsable des services vétérinaires au Département américain de l’Agriculture (USDA) a indiqué que cette rencontre « constitue une première étape d’un programme d’échange et de coopération bilatérale ».

Pour sa part, l’ambassadrice des USA en Algérie avait alors souligné que « l’industrie génétique américaine est pionnière dans le partage de son savoir-faire dans le monde entier ».

« La génétique bovine a été exportée pour la première fois des États-Unis dans les années 1960. Aujourd’hui, la génétique bovine américaine est exportée vers plus de 116 pays, contribuant de manière significative à nourrir notre population mondiale croissante », a-t-elle dit.

Partout dans le monde, les taureaux disparaissent des exploitations agricoles au profit d’un mode de reproduction par insémination artificielle (IA).

À partir de la sélection réalisée dans des centres spécialisés, les éleveurs choisissent dorénavant sur catalogue les meilleurs reproducteurs pour leurs vaches laitières.

Ils achètent pour cela des paillettes de semences conservées dans de l’azote liquide provenant de taureaux reproducteurs choisis sur catalogue. Ce sont ensuite des techniciens inséminateurs, voire les éleveurs qui réalisent l’insémination.

« Les taureaux de village, c’est de l’histoire ancienne », déclarait une éleveuse Suisse dans un article du quotidien Le Temps publié le 30 mars à l’occasion du Swiss Expo, le plus grand show laitier d’Europe.

Matthias Schelling, responsable de Swissgenetics confiait, qu’en Suisse, chaque unité de paillettes se vend « entre 30 et 80 euros en moyenne, et jusqu’à 130 euros s’il s’agit d’un taureau laitier exceptionnel ».

Accès à des animaux à haut potentiel

Pour les exploitations algériennes, cet accord de coopération avec la filière bovine américaine peut être l’occasion d’un saut qualitatif.

Dans le monde, les techniques d’IA sont en pleine évolution, notamment avec le sexage. Aujourd’hui, lors de l’achat des semences, l’éleveur peut choisir le sexe du veau à naître.

Dans le cas d’un élevage laitier, l’éleveur a tout intérêt à ce que les vaches de son troupeau donnent naissance à des individus femelles. Il s’agit là d’un atout indéniable pour la filière locale qui vise à augmenter le nombre de vaches laitières.

Par ailleurs, la spécification des races bovines est telle que certaines d’entre elles ont des aptitudes laitières tandis que d’autres ont des aptitudes bouchères. Aussi, dans un élevage de race laitière, la naissance d’un veau mâle a peu d’intérêt dans la mesure où il ne possède pas d’aptitude bouchère.

Ce qui est attendu de la coopération internationale concerne avant tout l’accès à la semence d’animaux sélectionnés pour leur haute valeur génétique.

Dans la mesure où le cheptel local est constitué de races de vaches laitières importées, il devient intéressant d’acquérir les fruits de la sélection menée par les centres de sélection étrangers.

En la matière sur le long terme, il est plus pratique et moins coûteux d’importer des paillettes de semence que d’importer des taureaux ou des génisses.

Accords concernant la transplantation embryonnaire bovine

Un autre domaine de coopération suggéré suite à la rencontre initiée par l’ambassadrice américaine en Algérie concerne le transfert d’embryons. Cette technique consiste à récolter les embryons en surnombre chez une vache à haut potentiel pour les introduire chez une autre vache ou à les conserver par congélation.

Une technique que maîtrise à grande échelle la partie américaine et qui intéresse le Cniaag.

Pour les spécialistes de ce centre situé à Birtouta dans l’Ouest d’Alger, cette technique pourrait permettre d’augmenter le nombre de descendants des meilleures de vaches d’un élevage ayant déjà recours à la semence de taureaux à haute valeur génétique. Les éleveurs algériens profiteraient ainsi d’une sélection portant sur les deux parents des veaux à naître.

Les avantages sont tels que l’expression « d’accélérateur génétique » est souvent accolée à cette technique.

C’est le cas en France où la société Embryo Vet créée par des vétérinaires revendique le fait que : « La gestation s’effectue sur les femelles les moins productives qui sont donc valorisées en tant que porteuses ».

L’engouement pour cette technique est tel qu’à l’étranger de nombreux agriculteurs affirment jouer pleinement la carte de la génétique. C’est le cas d’Alain Leclercq, un éleveur français de race limousine.

En juillet dernier, il déclarait dans le média Agri-web : « Quand on est éleveur, on veut des vaches qui fassent un veau par an. Il faut qu’elles vêlent facilement, qu’elles aient du lait, et tant qu’à faire, de bonnes performances bouchères… Et en plus, on leur demande des veaux bien conformés, qui poussent vite, sans être trop gourmands ! »

Des critères à priori impossible à réunir chez un même animal. Aussi, lorsqu’un éleveur a la chance de posséder un tel animal, « on ne voudrait des veaux que de cette vache-là », ajoute l’éleveur. Or, si une vache ne peut produire qu’un veau par an, par contre, elle peut produire plusieurs embryons.

En Algérie, le développement de cette technique permettrait un saut qualitatif au cheptel local, cela d’autant plus qu’il est devenu possible sous microscope de diviser en deux les embryons avant implantation et d’obtenir ainsi des jumeaux chez deux vaches différentes.

Malgré le développement d’un réseau local de techniciens inséminateurs, les résultats de l’insémination artificielle n’arrivent pas encore à atteindre la norme d’un veau par an pour chaque vache laitière.

Un retard lié à la mauvaise détection du moment optimal de reproduction des animaux à inséminer, à la formation des personnels, mais également à un défaut d’alimentation.

Alors que ce partenariat algéro-américain continue d’avancer, l’Algérie a signé fin avril avec le qatari Baladna pour la création d’une ferme géante de 277.000 vaches dans le Sud algérien pour produire du lait en poudre et de la viande afin d’alimenter le marché algérien et réduire sa dépendance vis-à-vis des importations.

D’un investissement de 3,5 milliards de dollars, le projet de Baladna en Algérie est mené par le groupe qatari (51 %) et le Fonds national de l’investissement (FNI, 49 %).

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