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Flambée du covid : « Janvier sera le mois le plus dur en Algérie »

Flambée du covid : « Janvier sera le mois le plus dur en Algérie »

Professeur Kamel Djenouhat, chef de service immunologie à l’hôpital de Rouïba

L’Algérie a franchi à nouveau mardi 3 janvier la barre des 400 nouveaux cas de covid-19. Une première depuis quatre mois. Avec un taux de vaccination national de 28 %, cette situation épidémiologique est  jugée inquiétante et « relève l’amorce d’une quatrième vague de cette épidémie »,  a estimé le gouvernement dans un communiqué publié mercredi 6 janvier.

| Lire aussi : Covid-19 en Algérie. « Les anti-vaccins n’ont qu’à rester chez eux »

Situation sanitaire, obligation vaccinale et vaccination des enfants, le Professeur Kamel Djenouhat, chef de service immunologie à l’hôpital de Rouïba, répond à toutes ces questions. Entretien

La pandémie de covid-19 continue de gagner du terrain en Algérie. Le nombre de nouveaux cas est en hausse constante. Faut-il s’inquiéter ?

La courbe des contaminations est ascendante. Malheureusement l’Omicron est arrivé avec le Delta. Nous nous attendions à vivre une cinquième vague avec l’Omicron après le départ du Delta. Mais là il y a un cumul. Ce sera les deux vagues en même temps. Le mois de janvier sera parmi les plus durs depuis le début de la pandémie en Algérie.

Il est vrai qu’il n’y a pas actuellement d’augmentation exponentielle. C’est une augmentation linéaire. La hausse est de l’ordre de 40 à 50 nouveaux cas par jour. Mais en réalité, la plupart des malades ont des formes bénignes et ne font que des tests antigéniques. Il y a beaucoup de laboratoires privés qui font des tests PCR qui ne sont pas homologués par l’Institut Pasteur d’Algérie. Il faut donc au moins multiplier ces chiffres par cinq ou six.

À quand faut-il s’attendre à un pic de cette nouvelle vague ?

Pas encore. Je ne pense pas que nous allons l’atteindre avant quinze jours. L’Omicron vient d’arriver. Lorsqu’un variant arrive, il met deux à trois semaines pour atteindre le pic. Je ne pense donc pas que le pic va arriver avant quinze jours.

Ces derniers jours de nombreux décès ont été enregistrés parmi les jeunes infectés par le covid-19. Comment expliquer cela?

Cela peut s’expliquer par deux points essentiels. Les décès sont en rapport avec le variant Delta qui a touché les enfants et les jeunes. Les moins de 35 ans, c’est généralement la tranche qui n’a pas été vaccinée.

Pour les sujets vaccinés, même si certains sont admis à l’hôpital et que quelques-uns sont hospitalisés, si l’on fait la balance, nous sommes à 90 % de non-vaccinés contre 10 à 8 % de vaccinés. Et parmi les vaccinés, nous avons constaté qu’il n’y a presque pas de décès. La jeunesse algérienne n’a pas été vaccinée. Malheureusement, nous sommes en train de voir une augmentation du nombre de décès dans cette catégorie de la population.

Êtes-vous pour la vaccination des enfants ?

Personnellement, je suis pour la vaccination des enfants. Il est vrai qu’il y a des gens qui disent que les enfants font des formes bénignes et non pas des formes graves et qu’ il n’y a pas de décès parmi eux, mais ce qu’il faut savoir est que la plupart des courbes épidémiologiques aux États-Unis et en Europe lors de la quatrième et cinquième vagues ont commencé par les enfants.

Les enfants, même s’ils ne font pas de formes graves, c’est eux qui vont contaminer les adultes. Et les adultes, s’ils  sont contaminés, il y aura des formes graves et des décès.

En Algérie, il y a toujours cette réticence à l’égard de la vaccination, et ce, même parmi le personnel de santé. Comment l’expliquez-vous ?

Maintenant, c’est le personnel de santé non vacciné et les enfants qui vont propager la maladie. Lorsque nous sommes vaccinés, nous sommes plus ou moins protégés.

Nous sommes actuellement à 20-25 % du personnel de santé qui a été vacciné. À l’hôpital de Rouïba, 42 % du personnel de santé  est vacciné. Parmi ce personnel, le problème qui se pose est qu’alors que 58 % des médecins sont  vaccinés, le paramédical est extrêmement réticent.

Même en discutant avec eux, nous n’arrivons pas à l’expliquer. Ils ne veulent pas. Ils ne sont pas convaincus.  Ce n’est pas normal de laisser les gens non vaccinés exercer au sein de structures hospitalières et propager le virus.

Faut-il  instaurer le pass vaccinal ? La mesure a été annoncée mais n’est toujours pas entrée en vigueur …

La gestion du covid ne relève pas uniquement de la santé. Qui doit veiller et surveiller tout cela tout cela ? C’est les collectivités locales. Elles doivent jouer leur rôle. Si on rend obligatoire le pass sanitaire ou le pass vaccinal, mais que personne ne contrôle, c’est comme ci que nous n’avions rien fait.

Il faudrait donc plus de rigueur ?

Il faut de la rigueur et être strict. En Europe, même si vous êtes malade ou que vous devez subir une intervention, si vous n’êtes pas vacciné, vous n’avez pas le droit d’accéder à l’hôpital. Il faut de la rigueur, être strict, et aller vers l’obligation.

 

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