search-form-close
France : la précarité des banlieues par les chiffres

France : la précarité des banlieues par les chiffres

Après les émeutes, place au débat. De plus en plus de voix s’élèvent en France pour réclamer de faire payer aux familles les coûts des dégâts occasionnés pendant les émeutes qui ont suivi la mort du jeune Nahel, et même de supprimer les programmes de développement débloqués chaque année pour les quartiers défavorisés.

C’est par exemple l’avis d’Eric Zemmour qui a saisi l’opportunité de la violence des émeutes pour appeler à la fin de l’immigration et des prétendus avantages dont bénéficieraient les familles d’origine étrangère.

« Les Français n’ont pas à payer pour réparer les dégâts des émeutiers », a-t-il clamé, proposant des sanctions financières contre les émeutiers, des travaux d’intérêt général pour les « casseurs » et des sanctions contre les familles des émeutiers mineurs.

Selon lui, l’Etat français dépense chaque année 10 milliards d’euros pour financer les banlieues dans le cadre de la politique de la ville.

Si ce chiffre n’est pas erroné, il est toutefois à relativiser et il ne saurait cacher les difficultés des quartiers abritant les populations d’origine étrangères.

Sur le plateau de RMC, des chiffres de divers organismes crédibles ont été dévoilés. Ils tordent simplement le cou à l’idée reçue qui veut que les banlieues difficiles bénéficient de la générosité de l’État plus que le reste des quartiers, villes et villages de France.

Selon la chaîne de télévision, 7,5 % de la population française vivent dans les banlieues et leur condition sociale n’est pas enviable.

Le taux de chômage des jeunes y est de 45 %, soit trois fois plus élevé que dans le reste du pays, 40 % des habitants n’ont aucun diplôme (2 fois plus que le reste de la France) et le taux de pauvreté est trois fois plus élevé dans les banlieues que dans les autres quartiers français.

Certes, au moins 10 milliards d’euros par an sont dépensés ces dernières années pour les banlieues (on parle de 100 milliards sur 40 ans) mais, tempère RMC, le montant n’est pas très élevé proportionnellement au budget de l’État.

D’autant plus que d’autres chiffres révèlent que l’Etat français dépense moins pour les habitants des banlieues que pour le reste de la population (6.100 euros par an contre 6.800 euros de moyenne nationale selon l’Institut Montaigne).

Émeutes en France : propos racistes et nouveau crime

Dans les banlieues, il y a 2 fois moins de personnels de santé, indique RMC, citant l’Observatoire national de la politique de la ville.

Aussi, 40% de ces quartiers n’ont pas une seule crèche, alors qu’ils abritent deux fois plus de familles monoparentales, il y a 3 fois moins de bibliothèques et d’équipements sportifs par rapport aux autres quartiers.

Les habitants des banlieues bénéficient certes des transferts sociaux mais « ce sont des aides nationales », ce qui fait conclure à RMC qu’il est erroné de considérer ces quartiers comme « prioritaires« .

Le débat post-émeutes n’est pas aussi dénué de propos ouvertement racistes, y compris en dehors de l’extrême-droite. Bruno Retailleau, sénateur des Républicains, n’a pas hésité à faire le lien entre la violence des émeutes et les origines ethniques des révoltés.

« Bien sûr que si, il y a un lien avec l’immigration », a-t-il déclaré sur Franceinfo. « Pour la deuxième, la troisième génération, il y a comme une sorte de régression vers les origines ethniques », a-t-il insisté.

La réponse lui est venue de la journaliste et femme politique Audrey Pulvar. « Pour Retailleau, si on est français depuis 3 générations, on ne l’est pas tout à fait et on «remonte à ses origines ethniques». Mais encore ? Peut-on être noir et français ? À partir de quand ? », a tweeté l’élue à la mairie de Paris.

Le brasier de la mort de Nahel n’est pas totalement éteint que la France est secouée par une autre affaire de meurtre commis sur un homme d’origine immigrée.

Mohamed B. a été tué dimanche 2 juillet au cours de la cinquième nuit d’émeutes à Marseille. Il serait mort après avoir reçu un projectile de type flash-ball au thorax.

Le parquet et l’inspection générale de la police (IGPN) ont été saisis, mais nul ne sait à ce stade qui est à l’origine du tir ni l’endroit exact où il a eu lieu.

La femme de la victime est formelle quant au fait que son mari de 27 ans, qui travaillait comme livreur, n’a pas participé aux émeutes. Des chaînes de télévision françaises ont diffusé ce mercredi les dernières images filmées par la victime quelques instants avant sa mort. Mohamed B. filmait des policiers en train de maîtriser à terre un émeutier.

SUR LE MEME SUJET :

Affaire Nahel : l’étrange silence des représentants de la diaspora algérienne en France

  • Les derniers articles

close