Alors que l’administration française ne cesse de vanter le passage à la dématérialisation du système d’obtention et de renouvellement des titres de séjour, les demandeurs et les associations n’y voient que des obstacles.
La préfecture de l’Isère, dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, propose un accueil physique, mais uniquement sur rendez-vous devant être obtenus en ligne.
La Préfecture indique dans un communiqué, cité par le journal local Le Dauphiné Libéré, que cette mesure intervient pour « répondre aux demandes des usagers et améliorer les délais d’instruction des dossiers ».
« Ces rendez-vous sont mis en ligne 2 ou 3 fois par semaine et disparaissent en un clin d’œil »
Pour défendre son point de vue, la préfecture révèle que depuis le début de l’année, « environ 12.000 rendez-vous ont ainsi été attribués ». Il s’agirait donc de 2.000 rendez-vous de plus que ce que permettait l’ancien système sur une même période.
Il convient de noter que cette dématérialisation des rendez-vous ne concerne pas uniquement les demandes de titres de séjour, mais aussi les certificats d’immatriculation, les passeports…
Selon les autorités françaises, le volume de rendez-vous permet au demandeur « qui anticipe ses démarches (4 à 2 mois avant l’expiration de son titre, comme le prévoit la réglementation) d’obtenir un rendez-vous dans le délai souhaité ».
Or, sur le terrain, la suppression de l’accueil physique, sans rendez-vous préalable, n’a fait qu’empirer les choses, déjà peu pratiques : les délais de réponse sont toujours assez longs et la prise de rendez-vous en ligne est difficilement accessible.
Ainsi, au lieu de faciliter les choses, comme le prétend l’administration, la dématérialisation du système des rendez-vous a compliqué davantage les démarches. De nombreux demandeurs cités par le même journal en font les frais, craignant de voir leurs vies professionnelles et familiales mises en danger.
Il est, en effet, impossible pour les personnes n’ayant pas forcément accès à Internet de se rendre physiquement en préfecture pour déposer leurs dossiers, ou même d’obtenir des renseignements à l’accueil.
« Je ne sais pas si je vais pouvoir continuer à travailler »
« Ces rendez-vous sont mis en ligne deux ou trois fois par semaine et disparaissent en un clin d’œil », constate le collectif Bouge Ta Pref, dans une lettre adressée à la préfecture d’Isère, pour dénoncer la situation.
Si, par miracle, un rendez-vous est obtenu en ligne, « nous constatons un nombre croissant de refus de dépôt de demande au guichet, des annulations sans motif du rendez-vous précédemment obtenu et une absence de neutralité bienveillante », ajoute l’association.
Ainsi, de nombreux étrangers, pourtant en situation régulière, peinent à renouveler leurs titres de séjour, ce qui met leurs vies professionnelles et familiales en péril.
« Si jamais je n’ai pas mon titre de séjour, je ne sais pas si je vais pouvoir continuer à travailler. J’ai trois enfants à charge, je ne sais pas comment je vais faire », s’inquiète une femme de ménage dans une grande banque grenobloise.
Cette situation touche également les étudiants étrangers. « Sans titre de séjour, pas de petits boulots, pas de vacances où on retourne voir la famille. On est bloqués », déplore un représentant des étudiants au Collectif d’associations africaines et étudiantes de l’Isère.