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France : un sénateur fait le parallèle entre les animaux et les étrangers

France : un sénateur fait le parallèle entre les animaux et les étrangers

La parole raciste se libère, se décomplexe en France, y compris au sein des institutions. Au sénat, où est débattu le projet de loi sur l’immigration depuis lundi, un sénateur a dépassé les lignes rouges, dans un contexte tendu marqué par la montée de l’islamophobie et de l’antisémitisme en lien avec les évènements en Palestine.

Qui se ressemblent s’assemblent, dit l’adage. L’extrême-droite française soutient à fond et sans réserve le gouvernement extrémiste d’Israël dans sa guerre contre la bande de Gaza. Elle n’hésite pas aussi désormais à lui emprunter sa rhétorique raciste.

Lorsqu’il a annoncé l’imposition d’un embargo total à l’enclave palestinienne, privée d’eau, d’électricité, de carburant et de nourriture, le ministre israélien de la Défense Yoav Galant a qualifié les habitants de Gaza d’animaux. « Nous combattons des animaux et nous allons les traiter comme tel », a déclaré le ministre israélien, suscitant l’indignation dans le monde entier.

La métaphore est revenue dans l’hémicycle de la chambre haute du parlement français. Elle est utilisée par un autre extrémiste, le Sénateur Stéphane Ravier, pour parler des étrangers présents en France.

Stéphane Ravier a rejoint le parti d’Eric Zemmour à l’occasion de l’élection présidentielle de 2022, après plus de 30 ans au Front national de Jean-Marie Le Pen, devenu le Rassemblement national.

Mercredi 8 novembre, les sénateurs examinaient l’article relatif au droit du sol dans le projet de loi sur l’immigration présenté par le gouvernement. En France, ce droit est synonyme de citoyenneté française automatique pour tous ceux qui sont nés sur le territoire français quelle que soit leur origine ou la nationalité de leurs parents.

Évidemment, l’extrême-droite n’en veut plus et fait le forcing pour sa suppression. Il s’agit d’une vieille revendication du Rassemblement national, puis d’Eric Zemmour.

« A quel titre donne-t-on la nationalité française à quelqu’un uniquement par le hasard de son lieu de naissance, si depuis il ne vit qu’avec des étrangers et se comporte en France comme un étranger ? », s’est d’abord interrogé le parlementaire.

Il utilise ensuite cette métaphore qui ne passe pas : « Un veau qui est né dans une écurie ne fera jamais de lui un cheval ».

En France, les propos racistes atteignent le Sénat

« La suppression de cette stupide loi du sol est autant une évidence qu’une urgence », a plaidé Stéphane Ravier. Les réactions à ces graves propos ont commencé dans l’hémicycle même.

Ce n’est pas l’appel à la suppression du droit du sol qui a fait réagir, mais le fait de comparer ceux qui sont dans cette situation à des animaux.

« Comparer des hommes et des femmes à des animaux est inacceptable. Quelle que soit notre position sur le droit du sol, tous les républicains qui sont dans cet hémicycle doivent le condamner lourdement », a réagi immédiatement le sénateur communiste Fabien Gay.

« Si nous continuons à dériver comme cela, si un racisme décomplexé peut s’exprimer librement dans cet hémicycle, alors nous basculons dans autre chose », a-t-il mis en garde.

Sur les réseaux sociaux, beaucoup ont été choqués par les propos du sénateur d’extrême-droite et par le fait qu’il a été invité le soir même sur BFMTV pour parler de la marche de dimanche prochain contre l’antisémitisme.

Cette marche fait l’actualité en France car elle pourrait acter une autre banalisation, celle de l’extrême-droite et du Rassemblement national.

La France est divisée depuis l’annonce de la participation de ce parti dont le fondateur, Jean-Marie Le Pen, traine plusieurs condamnations judiciaires pour antisémitisme.

Les observateurs relèvent que c’est la première fois de l’histoire de la République que l’extrême-droite marchera côte-à-côte avec des membres du gouvernement.

Le président Emmanuel Macron n’a pas encore annoncé s’il participera, mais la première ministre Elisabeth Borne a indiqué qu’elle sera présente. « Le RN n’a pas sa place » dans cette manifestation, a jugé le porte-parole du gouvernement Olivier Véran. Ce parti est aussi indésirable car son engagement contre l’antisémitisme est jugé comme étant basé sur la haine des musulmans.

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