Consommation

Fruits et légumes : y a-t-il un « paradoxe » algérien ?

Le débat sur la hausse des prix des fruits et légumes n’en finit pas. Jusque-là cantonné dans la société, la polémique a rebondi avec l’ouverture de la Foire de la production algérienne lundi 13 décembre.

En visite à la Safex où se tient l’évènement, le Premier ministre a reconnu publiquement que les prix des fruits et légumes demeurent élevés en Algérie. Mais il a soulevé un paradoxe : en dépit d’une production « abondante », les fruits et légumes ne sont pas à la portée de tous les Algériens.

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« Ce que nous demandons c’est que les prix des fruits soient à la portée de toutes les couches sociales », a-t-il dit, en soulignant qu’à chacun de ses déplacements dans le pays, il trouve une « production abondante ».

« Pourquoi enregistre-t-on  une hausse des prix sur les marchés ? », s’est demandé Aïmene Benabderrahmane. Pour lui, « ce n’est pas raisonnable ».

« C’est là que nous devons conjuguer nos efforts afin de maîtriser cette chaîne entre le producteur jusqu’au consommateur », a-t-il dit, en estimant que « la marge ne doit pas dépasser 20 % dans toute la chaîne ».

Le Premier ministre a cité l’exemple de la mandarine, dont le prix ne doit pas dépasser selon lui les 100 dinars, le kilo, contre 150-180 DA actuellement.

Tensions sur certains produits

L’abondance des produits agricoles frais est confirmée par le président de l’Association des artisans et commerçants algériens (ANCA), Hadj-Tahar Boulenouar, même si certains produits connaissent des tensions.

« Comparée à la demande, la tomate connaît une pénurie », affirme Boulenouar. Résultat : son prix s’envole. Elle se vend en moyenne à 160- 170 DA le kilo. Le même exemple peut s’appliquer à la pomme de terre dont le prix a flambé il y a quelques jours pour atteindre les 140 dinars, en raison de la faiblesse de la production.

Le président de l’ANCA estime que les prix ont baissé « par rapport à il y a quelques mois ». « Rien que pour la pomme de terre dont tout le monde parle, érigée en bourse des prix des légumes, son prix est passé de 130-140 DA à 60-70 DA et jusqu’à 55 DA/kilo dans certaines régions », a affirmé Boulenouar.

Selon lui, les pluies abondantes qui ont arrosé le pays durant le mois de novembre entravent le travail de récolte des produits agricoles. Cette période de pluie a succédé à une sécheresse qui a engendré beaucoup de difficultés pour l’arrosage des cultures, signale Boulenouar.

« De nombreux agriculteurs ont dû acheter des citernes d’eau. Une raison de plus qui explique la hausse des prix », soutient-il assurant que les agriculteurs sont optimistes pour les prochaines récoltes grâce à l’abondance des pluies. « Il y aura une offre plus importante sur les produits agricoles et les prix seront plus stables », anticipe le président de l’ANCA.

La transformation, « un garant pour stabiliser les prix »

Pour remédier au déséquilibre entre l’offre et la demande et la hausse des prix qui s’ensuit, Hadj-Tahar Boulenouar appelle à rattraper la carence en matière de transformation des produits agricoles.

« De sorte que même lorsque la tomate ou un autre produit viennent à manquer, on pourrait les retrouver en conserve. Beaucoup de pays le font. On répète souvent qu’il faut augmenter la production nationale et encourager les agriculteurs, en parallèle il y a également lieu d’encourager les investissements dans la transformation alimentaire qui peut être un garant pour stabiliser les prix », plaide Boulenouar.

« La transformation est très importante pour encourager les agriculteurs à augmenter leur production. Certains hésitent à le faire de peur qu’ils soient contraints de jeter le surplus de production du fait des prix bas, avec le risque aussi qu’ils ne vont pas amortir leurs charges », note le président de l’ANCA.

C’est là aussi que peut intervenir la filière de la transformation qui pourra absorber les surplus de production et éviter les pertes aux agriculteurs, conclut Hadj-Tahar Boulenouar.

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