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Gratuité des soins en Algérie : ce que révèle le parcours d’un cancéreux

Gratuité des soins en Algérie : ce que révèle le parcours d’un cancéreux

C’est le genre de thème qui doit trouver sa place dans les débats d’une présidentielle. En Algérie, il y a un gap entre les textes et la réalité concernant la gratuité des soins.

À partir du cas d’un malade cancéreux, le Dr Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), lance le débat et appelle les candidats à l’élection présidentielle du 7 septembre prochain à se saisir de la question.

Une quote-part des cotisations des salariés algériens est reversée pour le financement du système public de soins (hôpitaux, CHU, établissements spécialisés, simples dispensaires de proximité…).

Le malade algérien est censé être pris en charge gratuitement et sur tous les plans (auscultation, hospitalisation, radios, analyses et scanners, médicament…) dans ces établissements même s’il n’a pas de couverture sociale.

Cependant, cela ne se passe pas toujours ainsi sur le terrain. Le patient est souvent contraint de recourir aux cliniques, laboratoires et centres de radiologie privés, faute de disponibilité de certains équipements dans les établissements publics.

Or, le privé applique des tarifs bien plus élevés que le seuil de remboursement fixé par la sécurité sociale qui fonctionne suivant des tarifs qui datent de plusieurs dizaines d’années.

La gratuité des soins est certes effective pour les consultations, les hospitalisations et les soins ou opérations dans les établissements publics, mais elle perd tout son sens dès que le patient se retrouve contraint de recourir aux services onéreux du privé.

Gratuité des soins : ce que révèle le parcours d’un patient cancéreux

Dans un message publié sur les réseaux sociaux ce dimanche 9 juin, Dr Merabet a illustré cet état de fait à partir du cas d’un malade cancéreux hospitalisé dans un CHU (centre hospitalo-universitaire) d’Alger. Il a partagé ce qui est appelé dans le jargon médical le "processus tumoral« du patient : »Angioscanner thoracique abdominopelvien, IRM abdominopelvienne, cytoponction thyroïdienne, ponction biopsie échoguidée, examen anapathe, échographie mammaire, scintigraphie osseuse, autres examens biologiques de routine…"

Gratuité des soins en Algérie : entre la théorie et la pratique

"Le problème est que tous ces tests, dont vous pouvez imaginer le coût, ne sont pas fournis par un hôpital universitaire pour un patient qui se trouve dans l’un de ses services", déplore le médecin syndicaliste. Du coup, la famille du malade a été contrainte de tout effectuer chez le privé.

Pourtant, ajoute le médecin, le patient est assuré socialement et a "passé sa vie à cotiser pour ces moments de besoin" sans pouvoir bénéficier des prestations censées être garanties par son assurance.

Par-dessus tout, le président du SPNSP déplore le fait qu’il ne s’agit pas d’un cas isolé, mais d’ "un phénomène qui s’amplifie depuis des années et qui est aujourd’hui devenu une réalité dans la plupart des établissements hospitaliers".

Aussi, il appelle les autorités à revoir l’arsenal juridique de l’assurance sociale, de manière à établir une "complémentarité« entre les secteurs public et privé, et à ajuster la liste des services en codifiant les tarifs et les niveaux d’indemnisation, »qui n’ont pas été actualisés depuis les années 1980".

Il recommande aussi d’imposer une relation contractuelle entre l’assuré et l’organisme d’assurance avec un niveau de remboursement "réel" et non forfaitaire, comme c’est fait actuellement.

Dr Lyes Merabet estime que de telles mesures pourraient contribuer à atténuer les retombées de ces "pratiques« qui, selon lui, constituent »une menace pour le droit des citoyens aux soins".

Tout en espérant que son appel parvienne aux plus hautes autorités du pays, Dr Merabet conclut en espérant voir ce dossier figurer parmi les priorités et les engagements de tous les candidats aux prochaines élections présidentielles.

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