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Guerre en Palestine : les « 3 pièges tendus » par le Hamas à l’Occident, selon De Villepin

L’un des derniers gaullistes que compte la France et aussi une des voix les plus équilibrées et les plus sages par rapport à la situation en Palestine et en Israël, s’est encore exprimé sur le conflit.

Dominique de Villepin, dernier Premier ministre de Jacques Chirac entre 2005 et 2007, est revenu à la charge pour mettre en garde la France et l’Occident qu’ils empruntent la mauvaise voie dans leur approche de la crise en cours au Moyen-Orient.

Sur les ondes de RMC, De Villepin a réitéré vendredi sa double approche : refus des bombardements israéliens sur la bande de Gaza et nécessité de trouver une voie politique vers la paix en remettant sur la table la question palestinienne.

Pour le diplomate, les bombardements en cours ne laissent que « peu d’espoir » à la population civile de Gaza et l’offensive terrestre annoncée par Israël n’offre pas d’autres perspectives qu’un « bain de sang ».

Le droit de « légitime défense » mis en avant par le gouvernement israélien avec le soutien des pays occidentaux ne lui confère pas le droit à une « vengeance indiscriminée », a répété De Villepin.

« Les populations civiles qui sont en train de mourir à Gaza, elles n’existent pas ? Parce que l’horreur a été commise, il faut qu’elle soit commise de l’autre côté ? », s’est-il interrogé.

À ce « gouffre existentiel », s’ajoutent un « gouffre géopolitique » et un risque d’extension du conflit alors que le monde est fracturé entre l’Occident et le « Sud global, c’est-à-dire le reste du monde », explique l’homme politique français, avant de détailler le « triple piège » que, selon lui, le Hamas a tendu à l’Occident.

Palestine – Israël : Dominique de Villepin recadre l’Occident

D’abord par la « cruauté maximale » qui amène un « engrenage militariste », « comme si on pouvait avec des armées régler un problème aussi grave que la question palestinienne ». Le deuxième piège, c’est la remise en cause de l’Occident par le reste de la communauté internationale et enfin, le « moralisme » ou le deux poids, deux mesures que tout le monde dénonce, y compris lors des dernières semaines quand je me déplace en Afrique et au Moyen-Orient.

« Mais regardez comment les populations civiles de Gaza sont traitées […] Vous dénoncez ce qui s’est passé en Ukraine et vous êtes bien timides face au drame qui se joue à Gaza », a dit De Villepin sur les critiques du Sud global rapport à l’Occident qui soutient sans conditions Israël.

L’autre critique porte sur le non-respect par Israël des résolutions de l’ONU alors que pour la même raison, l’Occident sanctionne la Russie, a-t-il ajouté. « Voilà 70 ans que les résolutions des Nations Unies (contre Israël) sont votées en vain », rappelle-t-il.

Il ne faut pas « assassiner l’avenir » et « les Occidentaux doivent ouvrir les yeux » devant la réalité de ce qui se passe, ajoute-t-il. L’Occident seul n’a pas la solution et il doit travailler avec le reste du monde pour trouver une issue à ce problème qui « paraît insoluble », soutient l’ancien ministre des Affaires étrangères français.

À ceux qui mettent en avant l’islamisation de la cause palestinienne, Dominique de Villepin rétorque que le sionisme aussi est devenu « très largement messianique et biblique » et ce qu’apporte le gouvernement d’extrême-droite israélien « n’arrange rien ».

Dominique de Villepin rappelle que les Israéliens ont sorti de leur « logiciel », la solution à deux États et ont espéré que la question palestinienne s’efface. « Il faut comprendre que cette question palestinienne ne s’effacera pas » et il faut donc « lui apporter une réponse », tonne-t-il.

Évoquant la normalisation de certains pays arabes avec Israël, De Villepin estime que cela a fait oublier à tous que pour les peuples arabes, la cause palestinienne reste « la mère des batailles » et « une source de mobilisation considérable ».

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