search-form-close
Guerre Israël – Palestine : le réveil brutal du président Erdoğan

Guerre Israël – Palestine : le réveil brutal du président Erdoğan

L’étau se referme inexorablement sur Israël, empêtré dans son agression contre la bande de Gaza. De plus en plus de voix, jusque-là mesurées, attaquent frontalement l’État hébreu et l’accusent de crimes de guerre et crimes contre l’humanité.

Le signe que quelque chose est en train de changer profondément dans la géopolitique régionale est cette sortie du président turc, Recep Tayyip Erdoğan qui a prononcé, ce samedi, un discours à la rhétorique jamais entendue de sa part à l’égard d’Israël.

Erdoğan s’est exprimé au cours d’un rassemblement de soutien à la Palestine sur le site de l’ancien aéroport international d’Istanbul et qui a réuni, selon sa propre estimation, 1,5 million de personnes.

En plus de la foule impressionnante qui a fait le déplacement, ce rassemblement fera date aussi par la fermeté montrée par Erdoğan à l’égard d’Israël et de ses « protecteurs » occidentaux.

Quelque mois avant l’opération lancée par le Hamas le 7 octobre, les relations entre les deux pays se sont mises à se réchauffer et Erdoğan a même prévu un déplacement en Israël. Mais mercredi 25 octobre, alors que les bombardements israéliens avaient déjà fait des milliers de morts parmi la population civile de la bande de Gaza, le président turc a annoncé l’annulation de son voyage tout en qualifiant, pour la première fois depuis le 7 octobre, le Hamas de mouvement de « libérateurs et de moudjahidine qui protègent leur terre » estimant qu’il ne s’agit pas d’une organisation terroriste comme l’accuse l’Occident. Accusé de commettre des « atrocités » à Gaza, Israël a réagi en dénonçant des propos « provocateurs ».

Ce samedi, Erdoğan est allé plus loin dans la dénonciation de ce qui se passe à Gaza, n’épargnant pas les Occidentaux qu’il a désignés comme les « complices » d’Israël. « Ce qui se passe à Gaza n’est pas de l’autodéfense, mais un massacre », a accusé le président turc qui a lancé : « Israël, nous vous déclarons devant le monde entier criminel de guerre ». Néanmoins, le principal coupable à ses yeux reste l’Occident sans lequel Israël, qui est un simple « pion », « ne peut pas faire un pas » et, s’il le fait, « ne tiendra pas trois jours ».

Guerre en Palestine : Erdoğan se réveille, l’Arabie Saoudite en retrait

Erdoğan a toujours soutenu la cause palestinienne, mais c’est la première fois qu’il tient des propos d’une telle virulence à l’égard d’Israël. Poursuivant sa charge contre les Occidentaux, le président turc les a accusés de chercher à lancer une nouvelle croisade contre « le croissant », c’est-à-dire l’Islam.

Recep Erdoğan reprend ainsi la main dans ce dossier dans lequel, jusque-là, seul l’Iran s’apparaît comme le défenseur actif du monde musulman en multipliant les menaces et les mises en garde à l’encontre d’Israël, alors que les principales puissances sunnites de la région, l’Arabie Saoudite en tête, sont complètement éteintes. Le réveil d’Erdoğan qui a observé une position équilibrée au début du conflit, est, pour ainsi dire, brutal et pourrait peser sensiblement sur la suite des événements.

Pour le président turc, le coup est double : satisfaire l’opinion publique de son pays qui soutient majoritairement la cause palestinienne et ne pas laisser l’Iran s’emparer du leadership du monde musulman.

L’Arabie Saoudite qui se présente comme le leader du monde musulman sunnite face notamment à l’Iran chiite, a perdu du terrain depuis le début de la guerre à Gaza.

Le prince héritier saoudien, Mohammed Ben Salmane, est particulièrement discret, même si Riyad a dénoncé, à maintes reprises, le bombardement des civils et a rejeté le projet israélien de déplacer les habitants de l’enclave palestinienne en Égypte et en Jordanie.

Mais face aux bruits assourdissants des bombes et des cris des Palestiniens, la voix de l’Arabie Saoudite n’est pas aussi forte pour être entendue, d’autant que Riyad était en négociation avec le gouvernement d’extrême-droite de Benyamin Netanyahou pour établir des relations diplomatiques avec Israël. Un projet qui a peu de chances de se concrétiser après les attaques du Hamas du 7 octobre et la riposte israélienne qui a suivi.

Immédiatement après le discours d’Erdoğan, dont le pays est membre de l’OTAN, le ministre israélien des Affaires étrangères, Eli Cohen, a annoncé le rappel des diplomates de son pays en poste en Turquie afin de « réévaluer » les relations entre les deux pays.

La fracture entre l’Occident et le reste du monde, constatée dans la crise ukrainienne, est en train de s’aggraver, comme l’a expliqué vendredi l’ancien Premier ministre français, Dominique de Villepin.

Celui-ci a indiqué que le Hamas a tendu un « triple piège » à l’Occident qui se voit reprocher aujourd’hui par le « Sud global », c’est-à-dire le reste du monde, son deux poids, deux mesures.

SUR LE MÊME SUJET :

Guerre Israël – Palestine : Emmanuel Macron sous pression

  • Les derniers articles

close