Économie

Huile d’olive en Algérie : la révolution qualité en cours

La production d’huile d’olive progresse et se modernise en Algérie. Dans la vallée de la Soummam, un programme soutenu par l’Union européenne et le ministère de l’Agriculture d’appui aux producteurs enregistre des progrès tangibles.

Des progrès dont rend compte le site international spécialisé Olive Oil Times. Le Programme d’appui au secteur de l’agriculture (PASA) consacre un budget de 5,8 millions d’euros à la filière oléicole en Algérie à travers son Pôle Soummam.

Un pôle confié par l’Union européenne et le ministère de l’Agriculture et du développement rural à Expertise France.

Selon les responsables du programme, « l’une des raisons pour lesquelles PASA a concentré ses efforts dans la vallée de la Soummam est liée à la présence omniprésente de l’olivier dans la région. »

Presque chaque famille ici possède au moins quelques oliviers, des oliveraies qui sont leur patrimoine.  Le programme s’est adressé aux agriculteurs de Tizi Ouzou, Béjaïa, Bouira puis a été élargi aux wilayas limitrophes. « En tout pas moins de 50.000 producteurs de l’huile d’olive et un millier de moulins sont concernés », précise-t-on.

L’olive d’olive : des exploitations familiales

Les diagnostics du programme mettent en évidence l’importance des exploitations familiales dans cette région d’Algérie : « La récolte des olives est une fête familiale traditionnelle qui ramène à la maison de nombreuses personnes qui vivent ailleurs le reste de l’année ». À noter qu’«au-delà des aspects économiques, les olives représentent une grande partie de la culture locale en Kabylie ».

A l’occasion du Plan national de développement agricole, de grandes plantations d’oliviers se sont développées en milieu steppique. Au Nord-est du pays, il s’agit de petites exploitations familiales. « En plus de cela, 60% des oliviers algériens s’y trouvent et 70% de la production d’huile d’olive provient de ces wilayas », indique-t-il.

Olives et développement local en Algérie

Le programme d’appui de l’Union européenne ne concerne pas seulement les techniques de production de l’huile d’olive, mais également l’organisation de la profession. « Nous parlons de coopératives, par exemple, des entités communes qui peuvent aider leur communauté à faire face aux plus grands défis et à stimuler le développement local », déclarent les responsables.

De son côté, Olive Oil Times indique que près de trois millions de personnes vivent dans les trois wilayas où a débuté le programme et qu’ « environ 3.000 d’entre eux ont réussi à transformer l’oléiculture en une entreprise économiquement viable. »

Dès 2019, une étude sur le rôle de la femme au sein de la filière oléicole a montré que la main d’œuvre est majoritairement féminine et que « l’écoulement de la production repose également en grande partie sur les femmes qui gèrent le stock d’huile d’olive et vendent à l’entourage de la famille. »

Cependant, il est également apparu que l’acquisition de nouvelles compétences se heurte encore à l’analphabétisme, heureusement en recul. Des jeunes femmes, disposant de culture générale se mettent au service de leurs sœurs pour gérer des associations et coopératives.

Un des atouts du programme est de faire échanger les meilleurs spécialistes de part et d’autre de la Méditerranée : les experts du Centre technique de l’olivier (France Olive) échangent avec ceux de l’INRA d’Algérie, et d’autres instituts pour la montée en compétence des conseillers du PASA et pour la conduite des expérimentations. Des dizaines d’agents formés localement qui diffusent les connaissances dans les trois premières wilayas et celles voisines.

L’objectif du Pôle Soummam est ambitieux : grâce au réseau de 60 conseillers sur le terrain dans les 8 wilayas, arriver à toucher à court et moyen terme près de 50.000 producteurs d’huile d’olive et 1.000 moulins pour installer des bonnes pratiques au verger et dans les moulins.

Les apports théoriques sont toujours suivis de démonstrations, d’où la refondation de la station de démonstration de l’ITAF à Takerietz (Bejaia) et l’aménagement de sites pilotes sur le territoire du projet.

Dernièrement, au cours d’un intense voyage d’étude en Provence (France), 17 formateurs de conseillers et trois pilotes scientifiques algériens ont confronté leurs connaissances avec celles de leurs pairs, sur tous les maillons de la chaîne de valeur oléicole.

Amélioration de la qualité de l’huile d’olive

Malgré des faibles disponibilités à l’export en volume et en qualité, l’exportation d’huile d’olive intéresse de nouveaux producteurs algériens.

Aussi, une grande importance est accordée à l’amélioration de la qualité de l’huile d’olive produite. Une étude commandée par le Pôle et portant sur plus de 1700 consommateurs a montré que « 80% des huiles consommées en Algérie se situent dans les huiles courantes et certaines sont lampantes. »

Un point faible concerne l’étape d’après récolte avec le stockage des olives jusqu’à plusieurs semaines dans des sacs en plastique ou big-bag. L’idéal étant que cette durée n’excède pas 48h. Pour éviter le risque de fermentation des olives, un stockage en caisses ajourée et palettes palox est progressivement mis en place.

L’augmentation du nombre de moulins modernes devrait permettre de réduire le temps d’attente avant trituration.

L’équipement de nombreux moulins traditionnels ne permet pas de produire de l’huile extra vierge dans cette région d’Algérie. Afin de pallier au manque de main d’œuvre lors de la récolte des olives et de réduire le temps de stockage au sein des exploitations, la vulgarisation de l’emploi de peignes vibreurs a été lancée.

Le Pôle Soummam a lancé la rénovation du laboratoire d’analyses de l’ITAFV à Sidi Aïch. Une rénovation des locaux en voie de finition qui devrait permettre l’arrivée prochaine d’un matériel sophistiqué.

Pour l’export de l’huile d’olive, des certificats avec zéro résidu

Selon le coordinateur du Pôle Soummam, le laboratoire de Sidi Aich sera « le premier du genre en Algérie, et devrait permettre la fourniture de certificats à l’export (de l’huile d’olive) avec zéro résidu ».

Une démarche qui « fera entrer l’Algérie dans la professionnalisation dans le segment analyse », confiait-il récemment. Il s’agit en effet de disposer enfin d’un laboratoire accrédité par Algerac et agréé durablement par le Conseil oléicole international.

Le verger régional qui est extensif bénéficie d’une faible pression des pesticides et peut être considéré comme « naturel ». Le laboratoire de Sidi Aïch pourra délivrer des certificats répondant aux garanties exigées par les acheteurs étrangers.

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