Économie

Huile d’olive : l’Algérie peut devenir un « grand exportateur »

La maison de culture de Djelfa a abrité du 10 au 12 janvier des journées portes ouvertes sur la promotion des exportations de l’huile d’olive.

Plusieurs oléiculteurs ont pris part à cette rencontre en exposant leurs divers produits dédiés à l’exportation.

Parmi eux, Hakim Alileche, producteur et exportateur d’huile d’olive de marque Dahbia qui a décroché pas moins de 7 médailles internationales en 2022.

Ce dernier dévoile de nouveaux produits qu’il vient de lancer et évoque ses projets visant l’expansion de son exploitation oléicole située dans la commune de Benhar, dans la wilaya de Djelfa.

Cet oléiculteur affirme que sa récolte de cette année est « très bonne ».

« La récolte est très bonne tant en rendement qu’en qualité. L’huile d’olive issue de la nouvelle récolte est très riche en arômes de noisette, au goût d’herbe coupée ou de feuilles de tomates… La qualité organoleptique est exceptionnelle », se réjouit-il.

Hakim Alileche évoque les nouveaux produits qu’il vient de lancer.

« Nous venons de lancer l’huile d’olive à l’ail. Nous avons broyé de l’ail rouge avec des olives vertes pour faire ressortir un produit noble qui est exceptionnellement bénéfique pour la santé. Ce produit a eu un excellent retour de la part notamment des professionnels de la santé », fait-il savoir.

« Nous avons aussi de l’huile d’olive citronnée. C’est du citron bio broyé et malaxé avec des olives. Le produit fini est une huile d’olive citronnée de très bonne qualité », poursuit-il.

Distinctions internationales

La marque Dahbia ne cesse de cumuler les distinctions à l’international.

« Rien que durant l’année 2022, nous avons décroché 7 médailles dans la catégorie huile « extra vierge » à Dubaï, à Paris, en Italie, au Japon et à Berlin. Une année auparavant, nous avons eu des médailles à Londres, à Dubaï, au Japon et à Athènes », dit fièrement Hakim Alileche.

La marque est devenue une référence en matière de qualité d’huile d’olive en Algérie.

« Nous travaillons selon les normes internationales recommandées par le Conseil oléicole international (COI). Nous produisons de l’huile d’olive bio « extra vierge », sans engrais, ni pesticides. Nos olives sont triturées à froid. L’huile d’olive Dahbia est riche en polyphénols qui a plein de bienfaits pour la santé », explique cet oléiculteur.

« Nous triturons les olives dans l’heure qui suit leur récolte. Pour accéder au marché international, il faut abandonner certaines mauvaises pratiques. En triturant les olives un mois après les avoir récoltées, on obtient de l’huile d’olive de mauvaise qualité. Le temps séparant la trituration de la récolte ne doit pas dépasser les 48 heures pour que l’huile conserve tous les éléments nutritifs et ses bienfaits », détaille-t-il.

Et d’ajouter : « Ne rien faire toute l’année et attendre le mois de novembre pour récolter les olives, on n’obtient pas une huile de bonne qualité. Un olivier a besoin d’entretien comme la taille, l’irrigation et d’une attention particulière toute l’année ». 

« Nous commençons la récolte précocement, dès la première dizaine d’octobre. Nous avons clôturé la récolte le 20 décembre. Nous ne laissons pas les olives devenir noires. Pour avoir un rendement optimal, nous entamons la récolte quand les olives sont de couleur qui vire entre le vert et le violet. Quand les olives sont à mi-chemin entre le violet et le noir ou de couleur noir, le rendement commence à décliner et l’huile devient lampante. Dans ce cas, sa consommation est déconseillée », précise-t-il.

Hakim Alileche explique comment reconnaître une huile d’olive de bonne qualité« On ne peut pas reconnaître une bonne huile d’olive visuellement. Il faut la déguster. En deux mots, quand on déguste l’huile d’olive, l’amertume et le piquant sont des attributs positifs. Le fruit vert est meilleur que le fruit mûr. L’huile emballée dans des bouteilles en plastique est à éviter. Les huiles vendues aux abords des routes, exposées à la lumière, au soleil et à la chaleur sont dangereuses ».

Pour cet oléiculteur, la filière algérienne de l’huile d’olive a plus que jamais besoin d’une réforme législative permettant d’écarter du marché la vente d’huiles frelatées pour protéger le consommateur.

« Il faut absolument légiférer pour mettre de l’ordre sur le marché et pour protéger le consommateur contre les huiles frelatées. Il faut aller vers les bonnes pratiques », insiste-t-il.

Comment l’Algérie peut devenir un grand exportateur 

Pour Hakim Alileche, l’Algérie peut devenir un « grand pays exportateur » d’huile d’olive.

« L’exportation exige une haute qualité des produits. Face à la concurrence féroce des grands pays producteurs, si nous n’améliorons pas la qualité de nos produits, nous ne pourrons pas avoir une place sur le marché international », tranche-t-il.

« Il faut aussi augmenter la quantité de production de l’huile d’olive.  Aujourd’hui, il y a 36 wilayas qui produisent de l’huile d’olive en Algérie. Il faut augmenter les plantations d’oliviers. Si l’Algérie augmente quantitativement sa production et améliore la qualité de son huile d’olive, elle aura une place honorable sur le marché international. La production mondiale est deux fois moins que la demande. C’est une bonne alternative économique pour notre pays », lance-t-il.

Et cet exportateur d’évoquer un problème auquel font face les producteurs : « Nous avons un grand problème de pénurie de bouteilles d’emballage. Le marché international exige une bonne qualité d’emballage. Il n’y a qu’un producteur de bouteilles à Oran et un importateur qui importe des bouteilles de Tunisie. Ce n’est pas suffisant pour satisfaire la demande. Il y a en ce moment une pénurie ».

Pour cet exportateur, le dispositif administratif actuel facilite l’exportation.

« Les produits agricoles algériens bénéficient d’un couloir vert à l’exportation. Que ce soit au niveau des ports ou des aéroports, il y a des facilitations douanières et administratives encourageantes. Tout se passe bien », juge-t-il, l’air satisfait.

Dans la foulée, Hakim Alileche évoque un projet d’expansion de son oliveraie.

« Nous comptons développer davantage notre exploitation, si on trouvera les terrains nécessaires. Je souhaite atteindre l’objectif de 500 000 oliviers. Pour cela, j’espère avoir des incitations et des encouragements de l’État pour l’accès au foncier agricole public par le biais de la concession dans le cadre des dispositifs en vigueur », espère-il.

La sécheresse qui sévit en ce moment en Algérie a-t-elle affecté la filière oléicole dans la wilaya de Djelfa ?

« Notre exploitation oléicole a été légèrement affectée par la sécheresse. On a eu de la chance d’avoir des pluies abondantes pendant une dizaine de jours au mois d’avril dernier. C’est ce qui nous a sauvés ». 

« Ici, nuance-t-il toutefois, nous avons le problème de la grêle qui fait des ravages en été. Ce sont des phénomènes et des aléas naturels face auxquels nous ne pouvons rien faire ».

Enfin, Hakim Alileche explique le rôle de l’oléiculture dans le développement économique et social durable et comme une partie de la solution dans la lutte contre le dérèglement climatique.

« Je suis écologiste. Nous n’utilisons ni engrais chimiques, ni pesticides, ni désherbants, ni fertilisants, ni absolument aucun produit chimique. L’olivier n’a pas besoin de produits chimiques. Pour bien produire, il a besoin de travail comme la taille, le labour, etc. », souligne-t-il.

« J’ai des oliviers d’à peine 10 ans qui ont donné 160 kilogrammes de fruits, ce qui est un rendement supérieur à celui produit par les oliviers d’autres producteurs traités avec des engrais chimiques », témoigne-t-il encore.

Et de conclure : « Il faut laisser la nature tranquille. Dans mon oliveraie, il y a aussi une faune très diversifiée. Quand je laboure mon champ, il y a des vers de terre qui remontent… Il y a des oiseaux et des insectes qui reviennent, etc. Nous avons créé un écosystème naturel et c’est une excellente chose qui nous confère un réconfort moral indéniable ». 

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