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Inondations en Algérie : le prix de l’incurie et de l’incivisme

Inondations en Algérie : le prix de l’incurie et de l’incivisme

Premières pluies, premières inondations en Algérie. C’est désormais une fatalité pour les villes algériennes, la moindre précipitation est synonyme de crues et de rues sous l’eau.

Ce mardi 21 septembre, premier jour de l’automne, tout le centre du pays s’est réveillé sous la pluie. La quantité de pluie tombée est importante, mais ses effets sont disproportionnés.

Sur l’autoroute reliant Alger à Tipaza, un énorme bouchon s’est formé dès la matinée. En cause, la crue de l’oued Mazafran, sur la côte ouest de la capitale. La circulation sur cet axe routier stratégique s’est carrément arrêtée et des milliers d’automobilistes ont dû patienter pendant de longues heures.

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A Alger, à chaque trémie submergée, la circulation est perturbée dans tous les alentours. C’est le cas à la place du 1er mai. A l’est de la capitale, c’est toute la ligne de tramway qui s’est retrouvée sous l’eau. Les images sont coutumières. La nouveauté cette année c’est l’aéroport d’Alger qui s’est retrouvé sous de grandes quantités d’eau. Les images partagées sur les réseaux sociaux sont saisissantes.

Il y a aussi celles de ces parents faisant traverser les crues à leurs enfants, à la sortie de l’école. Les inondations ne pouvaient pas plus mal tomber. Ce mardi est le premier jour de la nouvelle année scolaire.

Pour ceux qui vont à l’école pour la toute première fois, ce sera un souvenir impérissable. A Médéa et Tipaza, où des axes routiers ont été fermés, les pompiers ont dû intervenir dans plusieurs endroits pour pomper l’eau ou sauver des automobilistes piégés.

Il y a certes une légère amélioration par rapport aux précédentes inondations : il n’y a pas eu de morts ou de disparus. Mais la pluie a perturbé la circulation et causé des frayeurs, les crues s’étant produites en début de matinée, alors que les gens rejoignent leur travail et les élèves leurs écoles.

En 2001, lors des inondations de Bab El Oued, c’est ce qui avait causé l’hécatombe (plus de 1000 morts). S’il n’y a pas eu de pertes humaines ce mardi, c’est parce que les pluies n’étaient pas d’une ampleur exceptionnelle et parce que, aussi, il faut le reconnaître, des efforts ont été faits dans la prise en charge de telles situations.

Le citoyen est aussi responsable

Des efforts insuffisants cependant. Quand une trémie se remplit d’eau, c’est que ses conduites d’évacuation sont bouchées et n’ont pas été nettoyées. Ou bien, elles sont insuffisantes pour collecter une quantité importante d’eaux pluviales.

En fait, ces ouvrages qui ont connu leur heure de gloire durant le règne d’Amar Ghoul (actuellement en prison) à la tête du ministère des Travaux publics sont fortement exposés aux inondations pour des raisons techniques.

Pour les places publiques, les rues et les réseaux de transport, c’est davantage un manque d’entretien des avaloirs et du sous dimensionnement des conduites de collectes des eaux de surface qui posent problème à chaque automne. Les autorités locales ne font pas l’effort nécessaire pour les entretenir convenablement.

Les leçons du passé ne semblent pas avoir été retenues. A chaque fois, on parle de l’entretien des réseaux de drainage et du curage des avaloirs, mais le pays revit le même scénario plusieurs fois dans l’année.

Nettoyer régulièrement, notamment pendant l’été, les conduites d’eau usées et celles d’évacuation des eaux de pluie est une opération qui n’est ni coûteuse ni compliquée.

Il est vrai qu’il arrive même aux pays développés et bien gérés de connaître des inondations, comme ce fut le cas, pendant l’été, de l’Allemagne, de la Turquie et de la Chine, mais les quantités d’eau tombées en ce premier jour de l’automne sur Alger n’est en rien comparable aux très fortes précipitations qu’ont connues ces trois pays.

Cette vulnérabilité des villes algériennes aux aléas du ciel est la résultante de plusieurs facteurs. Il y a d’abord la politique de la ville et de l’urbanisme qui est inadéquate.

Les plans d’aménagement du territoire ne prennent pas toujours en compte de telles situations, quand les constructions ne se font pas de manière illicite, sans aucun document, à l’intérieur et à la lisière des villes et parfois dans des zones dangereuses comme les lits d’oued. Les réseaux de drainage ne sont pas suffisants dans certaines villes, et quand ils le sont, ils sont parfois mal entretenus.

On a beaucoup évoqué la responsabilité des parties concernées par de telles tâches. Les collectivités locales, les EPIC de wilaya ou les subdivisions des travaux publics sont tous responsables quelque part, par l’incurie de leurs responsables ou faute de moyens matériels et humains.

Les images partagées ce mardi nous amènent à pointer du doigt un autre coupable : l’incivisme des Algériens. On a vu des bénévoles retirer en catastrophe des tas de détritus, bouteilles et sachets en plastique, des avaloirs obstrués.

Ceux qui jettent leurs déchets dans la rue ou sur les autoroutes à partir de la vitre de leur voiture sont tout aussi responsables des drames à répétition et des désagréments que causent les inondations.

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