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Israël ou l’arrogance portée par l’assurance occidentale de l’impunité

TRIBUNE. Les Palestiniens, peuple de mémoire, se révoltent contre la colonisation israélienne qui dure principalement en raison du soutien inconditionnel des puissances occidentales.

La Grande-Bretagne parce qu’elle est à l’origine de la création d’Israël et de la configuration géographique de tout le Moyen-Orient, ainsi que l’Allemagne qui a une lourde dette historique qu’elle solde diplomatiquement sur le dos des Palestiniens depuis les années soixante.

L’Union européenne est pour sa part partagée entre les exigences du sacro-saint consensus sur sa politique extérieure, sa forte dépendance militaire vis-à-vis des États-Unis depuis la Seconde Guerre mondiale et l’émergence d’opinions publiques internes de plus en plus insoumises.

L’Amérique, quant à elle, fait d’Israël depuis 1948 son véritable allié et le représentant exclusif de ses intérêts stratégiques au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.

Ses relations avec les États arabes relèvent plus de la recherche de protection pour Israël que de la considération pour leurs successives et infructueuses propositions de plans de paix afin de sortir du statu quo intenable pour les Palestiniens.

À ce titre, les Accords d’Abraham sponsorisés par les États-Unis avec des pays arabes tiers n’engagent en rien les plus concernés, c’est-à-dire les Palestiniens, et n’apportent aucune garantie de paix durable et juste.

Les pays signataires de ces arrangements ont ainsi vidé de toute sa substance le dernier plan arabe de paix qui consacre l’offre de la solution à deux États.

La situation actuelle en Palestine occupée va à terme élargir la base du soutien à la cause palestinienne au sein des opinions publiques du monde non occidental qui ont connu une évolution qualitative en raison de l’élévation du niveau de l’éducation, de la généralisation des réseaux sociaux et de la prise de conscience sur la double standardisation employée par l’Occident dans le traitement différencié entre Israël et la Palestine.

Ceci est un point de rupture qui risque également d’élargir les décalages entre des États arabes et leurs opinions publiques devenues un peu plus autonomes et toujours plus exigeantes.

La modernité technique dans les pays du Golfe par exemple, ne doit pas être isolée du reste de la vie des citoyens et la mondialisation, qu’elle soit réclamée ou imposée, ne se réduit plus au commerce et participe à l’évolution des mentalités et des rapports avec le reste du monde.

Israël doit prendre conscience qu’il n’a ni le monopole de l’intelligence ni celui de la force

La persistance de l’occupation de la Palestine est, par ailleurs, la cause principale de l’échec du dialogue entre les religions, car le monde arabe et musulman juge l’Occident à travers le prisme du sort réservé au peuple palestinien aux Lieux Saints d’El Quds.

Les pays occidentaux et particulièrement les États-Unis jugent, pour leur part, le reste du monde à travers ses positions vis-à-vis d’Israël dont l’arrogance a empoisonné les relations entre l’Occident et le monde musulman.

Mais cette situation ne déplaît pas pour autant à Israël et sert même ses intérêts parce qu’elle lui permet de se poser en modérateur réel de ce dialogue interreligieux tant utile à la compréhension mutuelle entre les peuples et à la paix dans le monde.

L’histoire n’est cependant pas toujours écrite par le plus puissant et rien n’est immuable. La transition démographique aux États-Unis fera que dans 30 ans, les populations noire, sud-américaine et asiatique constitueront la majorité de la population des États-Unis, ce qui entraînera sans conteste une évolution dans les priorités de la politique extérieure américaine.

Les projections qui en sont faites ne placent pas Israël au niveau du statut de choix qu’il occupe actuellement, ce qui rend urgent pour l’administration américaine la recherche avec détermination et engagement d’une solution qui favorise la pérennité et la sécurité d’Israël. Les Accords d’Abraham s’inscrivent dans cette perspective et représentent un des axes de cette projection.

Israël qui doit prendre conscience qu’il n’a ni le monopole de l’intelligence ni celui de la force, tire sa place actuelle d’un concours de circonstances historiques qu’il croit figées et éternelles.

Le monde change et il n’évolue plus au rythme voulu par l’Occident, mais de plus en plus selon celui imprimé par les puissances émergentes en Asie, en Amérique latine et en Afrique.

Dans ces régions, les gouvernants et les opinions politiques ne partagent pas les positions des Occidentaux sur la question de la responsabilité dans la persistance de l’occupation de la Palestine et des violences qui en découlent et réclament la solution des deux États, deux peuples.

La paix au Moyen-Orient passera inéluctablement par le recouvrement des droits politiques des Palestiniens par tous les moyens, y compris leur droit à la résistance armée, tout comme dans l’histoire de l’Algérie.

*Diplomate et ancien Ministre

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