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La crise ukrainienne vue d’Algérie

La crise ukrainienne vue d’Algérie

Une semaine après son déclenchement, la guerre entre la Russie et l’Ukraine est suivie avec un certain détachement en Algérie. L’éloignement géographique n’est pas la seule explication mais c’est surtout le caractère géopolitique qui caractérise ce conflit.

Il demeure entendu que les Algériens sont sensibles aux répercussions de cette crise de par les conséquences humanitaires et économiques.

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Les Algériens sont aussi préoccupés par le sort des étudiants et de nos ressortissants encore coincés en Ukraine et de ceux qui ont quitté ce pays où ils ont tout abandonné pour se réfugier dans les pays de l’Union européenne. Preuve de la dangerosité de la situation, un étudiant algérien a été tué samedi à Kharkiv, deuxième plus grande ville d’Ukraine.

Le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a rendu visite mardi 1er mars à la cellule de crise mise en place pour faire le suivi de l’évacuation des Algériens en Ukraine vers des pays limitrophes.

Lamamra s’est entretenu par visioconférence avec les ambassadeurs d’Algérie en Pologne, Hongrie et la Roumanie. La consigne est que nos compatriotes puissent être rapatriés en Algérie dans les meilleurs délais.

A cet effet, les premiers rapatriés doivent arriver en Algérie, ce jeudi à 17h en provenance de Roumanie, a annoncé mercredi le ministère des Affaires étrangères.

Depuis le début du conflit en Ukraine, M. Lamamra n’a pas fait de déclaration sur le conflit. La seule déclaration venant de la diplomatie algérienne a été faite par l’ambassadeur d’Algérie à l’ONU, à l’issue du vote d’une résolution exigeant de la Russie de cesser ses bombardements en Ukraine.

Au cours de ce vote, l’Algérie s’est abstenue. L’ambassadeur algérien a expliqué la position algérienne, et réitéré « l’attachement de l’Algérie aux principes et buts de la Charte des Nations Unies ».

Salah Goudjil, président du Conseil de la nation (Sénat) et deuxième personnage de l’Etat s’est exprimé indirectement à l’occasion d’une audience qu’il a accordée à l’ambassadeur de Chine en Algérie, dimanche 27 février.

Solidarité sélective

Après avoir passé en revue « les questions régionales et internationales de l’heure, notamment l’état des relations internationales aux plans politique et économique », les deux parties ont exprimé, selon un communiqué du Conseil de la nation, « leur attachement au droit des Etats et peuples au développement et à la préservation du concept de la souveraineté des pays conformément à la légalité et aux chartes internationales ».

La classe politique algérienne, tous courants confondus, est également restée silencieuse par rapport au conflit. Une prudence qui s’explique peut-être par la position de la diplomatie algérienne, mais aussi par les liens que l’Algérie entretient aussi bien avec les pays occidentaux qui ont fait bloc avec l’Ukraine, qu’avec la Russie.

Signe de la sensibilité de toute déclaration à propos de ce conflit, la polémique qui a eu lieu après la publication d’une interview, parue dimanche 27 février, du PDG de Sonatrach, Toufik Hakkar dans le journal Liberté. Lundi 28 février, le groupe Sonatrach a annoncé avoir déposé plainte lundi contre le quotidien Liberté pour avoir « manipulé et déformé » les propos de son PDG.

Sur les réseaux sociaux, les développements de la situation sont évidemment très suivis et commentés. Avec une tendance nette qui se dégage : beaucoup d’internautes algériens dénoncent ce qu’ils considèrent comme une solidarité sélective de l’Occident qui n’a pas eu les mêmes réactions lorsque d’autres pays, notamment dans le monde arabe et musulman, ont été envahis par d’autres plus fort qu’eux.

L’attitude de la FIFA, qui a exclu la Russie du Mondial 2022, est aussi critiquée par de nombreux internautes qui rappellent que des joueurs ont été sanctionnés pour avoir soutenu la Palestine sur les terrains, ce qui était alors apparenté à une immixtion de la politique dans le sport.

Les cours du pétrole et du blé, très impactés par le conflit, sont également suivis avec intérêt, les deux belligérants figurant parmi les plus gros producteurs de ces produits et l’Algérie étant exportateur d’hydrocarbures et gros importateur de céréales.

L’appel lancé par l’ambassade d’Ukraine à Alger aux Algériens pour une sorte de « jihad » contre les Russes en Ukraine va certainement susciter de vives réactions en Algérie.

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