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La culture de la pomme de terre, rempart contre la guerre

La culture de la pomme de terre, rempart contre la guerre

Apparue en Europe au 16e siècle, cultivée sur des sols très divers, résistante aux aléas climatiques et appréciée en purée, à la vapeur ou en frites, la pomme de terre apaise les ardeurs guerrières, selon des experts.

Cette plante, qui a déferlé sur l’Europe après sa découverte en Amérique Latine au 15e siècle, puis sur l’Asie et l’Afrique via les marins européens, a permis de faire baisser le coût des terres et d’améliorer les revenus des paysans et des dirigeants politiques entre les 15e et 19e siècles, selon une étude menée par le très sérieux National bureau of economic research, basé à New York.

Ce faisant, ces derniers ont moins éprouvé la nécessité de déclencher des conflits avec le temps.

« L’introduction de la pomme de terre a réduit le nombre de guerres, qu’elles soient civiles ou entre Etats », affirment trois experts américains, qui ont répertorié 2.477 batailles lors de 899 guerres ayant émaillé cinq siècles.

Leur raisonnement repose sur deux arguments majeurs.

Le premier concerne la baisse de la valeur de la terre sur laquelle était cultivée la pomme de terre. Selon les savants calculs des chercheurs, elle a décliné avec la baisse du prix de la plante grâce à des avancées dans la productivité agricole.

« Les conflits ont décliné lorsque la valeur de l’objet pour lequel on se battait a diminué », relève l’étude, en référence aux batailles territoriales qui étaient l’un des principaux motifs d’entrée en guerre à l’époque.

Ces spécialistes mettent également en avant le fait que la progression des revenus des paysans, due souvent à une amélioration des récoltes, a également joué un rôle pacificateur car elle s’est accompagnée d’une hausse des recettes fiscales pour l’Etat central.

– Chocs climatiques –

Risquer, pour les exploitants comme pour les politiques, de perdre ces ressources représentait un danger financier que de moins en moins d’Etats ont eu envie d’expérimenter avec le temps.

« Une baisse des révoltes paysannes et des guerres civiles » s’en est suivie, résume l’étude, ajoutant qu’il était devenu « trop coûteux de s’engager au combat ».

L’étude n’entre pas dans le détail des guerres, y préférant une analyse globale, mais affirme toutefois que la plupart des conflits passés au crible se sont déroulés dans les frontières modernes de l’Autriche, de la France, de la Russie et de la Turquie.

La pomme de terre a été choisie pour cette étude car elle pouvait être cultivée dans de très nombreux types de sols, permettant d’éviter les « chocs de sécheresse », précisent les chercheurs. D’autres légumes ne peuvent être cultivés dans des conditions trop chaudes ou trop froides.

La culture de la pomme de terre, permettant notamment une meilleure alimentation en période de froid et de sécheresse, a par ailleurs « un peu desserré l’étau malthusianiste bien qu’il soit resté prégnant », estime Murat Iyigun, l’un des chercheurs, en référence à la doctrine politique prônant la restriction démographique.

Les ménages étaient dans de meilleures dispositions pour faire davantage d’enfants, souligne-t-il

Cette conclusion entre en résonance avec une précédente étude menée par ces mêmes chercheurs, publiée en janvier, sur le lien entre les chocs climatiques et l’entrée en guerre d’un pays.

« Les chocs climatiques observés à travers le temps, à l’image des hivers rigoureux, ont eu tendance à favoriser l’émergence des conflits », explique M. Iyigun. « La raison vient du fait que les populations ont dû se battre pour survivre. »

Ces théories sont-elles transposables au monde contemporain? Partiellement, selon lui.

« L’une des clés du développement sans risque de conflit pour les Etats très pauvres encore majoritairement dépendants de l’agriculture est liée au renforcement des débouchés pour leur production agricole », explique M. Iyigun. Ceci quelle que soit la plante cultivée.

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