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La France est-elle sous l’influence du lobby pro-israélien ?

La France est-elle sous l’influence du lobby pro-israélien ?

L’américanisation de la politique étrangère de la France, décriée par les derniers « gaullistes » de la classe politique française, ne se manifeste pas que par l’alignement sur les positions des États-Unis sur les questions internationales lors du vote des résolutions du Conseil de sécurité par exemple.

Elle se traduit aussi par l’emprunt, paraît-il, d’une spécificité de la politique interne américaine : les tentatives d’influence des lobbies pro-israéliens sur la prise de décision.

Le sujet est tabou en France et il a fallu les péripéties de la guerre en cours entre Israéliens et Palestiniens pour qu’il soit abordé, du bout des lèvres certes.

« Attention à nous acoquiner avec les influenceurs de M. Netanyahou ». Le mot est lâché par un député de la majorité, Charles Sitzenstuhl. Le parlementaire est outré par ce qu’il appelle « une tonalité ultra Israël » d’une partie de la classe politique française, y compris dans le parti auquel il appartient, celui d’Emmanuel Macron, Renaissance.

Alors même que le président français, malgré son soutien à Israël, tente de remettre la France sur une voie d’équilibre, celle qui met des limites à la « riposte » d’Israël et plaide pour la relance du processus de paix au Moyen-Orient.

Le parti se retrouve de fait divisé sur cette question, au risque, relèvent les observateurs, d’affaiblir la position d’Emmanuel Macron.

Pour le député, la seule ligne que Renaissance doit défendre, c’est celle du président Macron qui veut que l’Israël « ait le droit d’exister, de vivre en sécurité et de riposter, mais il doit également respecter le droit international ».

Charles Sitzenstuhl ne fait pas ce rappel sans raison. Le président du groupe parlementaire du parti macroniste à l’Assemblée nationale, Sylvain Maillard, a fait cette déclaration très lourde de sens qui a laissé pantois les observateurs : « Nous ne prenons pas nos ordres au Quai d’Orsay », a-t-il dit à propos des prises de position publiques des députés au sujet du conflit israélo-palestinien.

Si les députés de la majorité présidentielle n’obéissent pas à la ligne tracée en haut lieu vis-à-vis d’une question internationale de première importance, cela devrait être encore plus vrai pour les autres parlementaires, voire pour le reste de la classe politique.

La tonalité « ultra Israël » qui inquiète Sitzenstuhl n’est pas une vue de l’esprit. Certains propos entendus jusque-là traduisent un alignement aveugle sur tout ce que dit et fait le gouvernement d’extrême-droite de Benyamin Netanyahou.

Le lobby pro-israélien derrière les entraves faites à la relation algéro-française ?

Parmi les plus marquants, en tout cas, qui ont suscité une avalanche de réactions, ceux tenus à Tel-Aviv le 21 octobre par Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale.

Au lieu de s’en tenir à la position officielle en sa qualité de troisième personnage de l’État, issue de surcroît du parti du président, celle qui se présente comme « une descendante de Juifs slaves qui ont émigré de Pologne » est allée affirmer, alors que les bombardements israéliens sur la bande de Gaza avaient déjà fait des milliers de morts, que « rien ne doit empêcher Israël de se défendre ». La réaction outrée de Jean-Luc Mélenchon lui a valu des accusations coordonnées d’ « antisémitisme ».

À Tel-Aviv, la parlementaire française, était accompagnée par le président des Républicains Éric Ciotti, un autre inconditionnel d’Israël, et le député franco-israélien Meyer Habib (Les Républicains), un faucon va-t-en-guerre pro-israélien et ami de Netanyahou, du reste omniprésent sur tous les fronts depuis le début de la crise en cours. Mercredi dernier, ils ont été imités par Éric Zemmour, lui aussi d’origine juive, qui est allé à Tel-Aviv faire de la surenchère dans le soutien à Israël.

En dehors de la classe politique, la moindre remise en cause du soutien inconditionnel à Israël et toute dénonciation du parti pris en faveur de ce pays est suivie par la même accusation d’antisémitisme. L’animateur de l’émission de télévision « Touche pas à mon poste », Cyril Hanouna, a crié lui aussi à l’antisémitisme quand des pro-palestiniens ont appelé au boycott de son émission au ton jugé pro-israélien.

Des sénateurs des Républicains ont même déposé une proposition de loi pénalisant aussi l’antisionisme et non plus que l’antisémitisme.

Beaucoup s’interrogent si ce lobbying assumé n’a pas eu son effet dans d’autres circonstances. D’abord dans l’abandon de « la politique arabe de la France » depuis une quinzaine d’années, puis dans le sabordage à chaque fois des tentatives de rapprochement entre l’Algérie et la France.

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a maintes fois fait les éloges de son homologue français, dénonçant toutefois l’action néfaste de lobbies qui ne voulaient pas d’un rapprochement entre les deux pays.

Il se peut, en effet, que le lobby des nostalgiques de l’Algérie française ne soit pas le seul à mettre des bâtons dans les roues de la relation franco-algérienne. Aussi, on comprend mieux le sens de la pression mise sur Emmanuel Macron pour « rééquilibrer » sa politique maghrébine, jugée favorable à l’Algérie au détriment du Maroc, un pays en pleine lune de miel avec Israël.

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