Économie

La tension sur le marché des légumes secs persiste en Algérie

La tension sur les légumes secs persiste en Algérie malgré les mesures prises par les pouvoirs publics pour stabiliser le marché.

Il y a un mois, l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC), qui détient le monopole sur l’importation de ces produits, avait rendu publics les prix des légumes secs et du riz destinés aux opérateurs, aux grossistes et distributeurs mais aussi ceux destinés aux consommateurs.

La publication des prix a été faite suite à la mise en garde du président de la République Abdelmadjid Tebboune qui avait exprimé sa colère contre la flambée des prix de ces produits de large consommation.

Pour faire face à la flambée des prix des légumes secs et du riz, l’OAIC a également entrepris de lancer des points de vente de légumes secs avec prix réglementés. Néanmoins, sur le marché, la tension persiste alors que la consommation de ces produits devrait connaître une hausse au fur et à mesure que l’hiver approche.

La semaine dernière, c’est le ministère de l’Agriculture qui a décidé d’agir en ordonnant à ses directions d’injecter de grandes quantités de « manière urgente et à des prix fixes ».

C’est ce qui a été annoncé dans un communiqué faisant suite à une réunion du ministre de l’Agriculture Abdelhafid Henni avec les directeurs des 52 coopératives de céréales à travers le territoire national. Une réunion à laquelle ont également participé le secrétaire général de l’Union nationale des paysans algériens (UNPA) et le directeur général de l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC).

Le ministre de l’Agriculture a donné des “instructions strictes” pour “inonder le marché national en légumineuses, de manière urgente“.

Les directeurs de coopératives de céréales ont été également instruits de “travailler en coordination avec les directeurs des services agricoles, les services du commerce et les services compétents” pour approvisionner les commerçants en gros et en détail à des prix fixés à l’échelle nationale.

Légumes secs en Algérie : les raisons de la tension

Le secrétaire général de l’Union générale des commerçants et artisans algériens UGCA, Hazab Benchohra, estime qu’il faut que les autorités “se montrent aussi fermes comme elles l’avaient été durant la crise du lait en sachets“.

À partir du moment où l’OAIC, qui détient le monopole de l’importation de ces produits a fixé les prix de vente des légumes secs, les commerçants qui vendent à des tarifs plus chers prennent le risque d’être considérés comme des spéculateurs et s’exposent aux sanctions prévues par la loi“, explique Hazab Benchohra.

Le secrétaire général de l’UGCA dénonce des “réflexes” et des “pratiques” hérités de plusieurs décennies de passivité dans le domaine du commerce en Algérie.

Pour sa part, Mohamed Aissaoui, le président de l’association de protection des consommateurs, Himayatec, estime que le problème réside dans l’outil de régulation qu’est l’Office algérien interprofessionnel des céréales.

L’OAIC ne dispose pas de leviers adéquats pour l’approvisionnement du marché en quantités suffisantes et affiche des manquements dans le réseau de distribution. En l’absence de chiffres réels sur les besoins et la consommation locale, on est condamné à agir par des mesures d’urgence pour atténuer l’effet de la spéculation sur le consommateur“, a déclaré le président de Himayatec.

Mohamed Aissaoui préconise de faire participer les autres organismes ou entreprises qui interviennent dans le secteur comme Agro Div et Dicopa dans la distribution des légumes secs estimant qu’un seul point de vente de l’OAIC par wilaya ne peut pas suffire à alimenter le marché et à lutter contre la spéculation.

Le président de Himayatec s’interroge également sur les grandes quantités de légumes saisies par les services de sécurité et qui étaient destinées à la spéculation. “Il n’est pas possible d’assainir ce secteur dans l’opacité. Il faut plus de transparence dans la gestion de ce dossier par l’OAIC“, recommande-t-il.

Hadj Tahar Boulenouar, le président de l’Association nationale des commerçants et artisans (ANCA) a pointé l’insuffisance des points de vente de l’OAIC.

Il faut au moins un point de vente pour chaque daïra pour arriver plus ou moins à répondre à la demande qui va augmenter avec la réouverture des restaurants universitaires et scolaires ainsi que l’arrivée de l’hiver. En principe, l’importation est du ressort des opérateurs privés. Le rôle de l’État est de veiller à la régulation et au contrôle“, indique Hadj Tahar Boulenouar.

Le président de l’ANCA évoque “des réticences” de certains commerçants à s’approvisionner auprès de l’OAIC en raison des procédures administratives. Selon lui, certains commerçants évitent carrément d’acheter les légumes secs et le riz.

Pour Hadj Tahar Boulenouar, les mesures prises par le ministère de l’Agriculture d’injecter de grandes quantités de légumes secs sur le marché est une “reconnaissance implicite” de l’insuffisance des quantités auparavant.

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