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Algérie : hausse des températures et baisse de la pluviométrie depuis 70 ans

Algérie : hausse des températures et baisse de la pluviométrie depuis 70 ans

Séismes, inondations, feux de forêt, sécheresse : l’Algérie est confrontée à une panoplie de risques de catastrophes naturelles qui sèment la mort et provoquent d’importants dégâts matériels.

Dans une étude menée conjointement avec les autorités algériennes, la Banque mondiale a fait ressortir la récurrence de chacun de ces aléas et leurs retombées tant humaines qu’économiques.

L’étude de la Banque mondiale a pu établir une moyenne du tribut que paie l’Algérie annuellement aux catastrophes : 127 morts, près de 37.000 personnes affectées et 173,7 millions de dollars de pertes. Chaque année, l’Algérie connaît en moyenne 1,3 évènement catastrophique.

Depuis les années 1950, le pays a enregistré 83 catastrophes naturelles ayant fait plus de 8.600 morts et causé des pertes estimées à plus de 11 milliards de dollars. Le nombre total de personnes impactées dépasse les 2,5 millions.

L’étude souligne toutefois que l’impact des catastrophes historiques « ne reflète que partiellement les risques auxquels est exposé le pays », précisant que les pertes potentielles pourraient doubler pour atteindre 0,7 % du PIB par an en moyenne, à cause notamment du « potentiel dévastateur d’un événement sismique majeur en contexte urbain et en particulier sur la capitale ».

Les inondations et les séismes sont les deux risques majeurs auxquels fait face l’Algérie. Si les premiers sont les plus fréquents, les seconds causent plus de pertes humaines et matérielles.

Depuis les années 1950, 51 inondations d’ampleur ont été enregistrées en Algérie. Elles ont causé la mort de 1870 personnes et fait plus de 1,5 milliard de dollars de dégâts. Plus de 800 000 personnes ont été touchées, selon l’étude de la Banque mondiale

Les inondations en Algérie prennent diverses formes, selon l’étude de la Banque mondiale : crues lentes et graduelles, crues d’oued rapides, crues éclairs, ruissellement pluvial urbain, remontées de nappe et submersion marine. La Banque mondiale souligne que celles de 2001 et de 2011 qui ont fait 921 morts et coûté 890 millions de dollars, comptent parmi les 10 catastrophes les plus meurtrières et les plus coûteuses du continent africain ces 50 dernières années.

Selon la Banque mondiale, la vulnérabilité de l’Algérie face aux inondations s’accroît à cause de l’urbanisation rapide et du changement climatique. Le nombre de « tempêtes exceptionnelles pouvant générer des inondations, des glissements de terrain et des dommages importants » en Algérie, pourrait augmenter d’ici 2050 d’environ 41 %.

En Algérie, les séismes ont été moins nombreux que les inondations mais plus meurtriers. 6483 Algériens ont trouvé la mort dans 19 tremblements de terre qui ont coûté en outre plus de 10 milliards de dollars et impacté au total plus de 1,3 million d’habitants.

Catastrophes naturelles : l’Algérie face au défi du changement climatique

La partie nord de l’Algérie, qui est aussi la plus peuplée, se situe dans une zone à forte sismicité à cause de la convergence des plaques tectoniques eurasiatique et africaine.

L’Algérie enregistre près de 50 secousses par mois, mais sans gravité. 90 % sont de faible magnitude et se produisent loin des centres urbains. Néanmoins, il arrive que les secousses soient très fortes. Depuis 1954, l’Algérie a connu trois séismes majeurs : celui de Chlef en 1954, d’une magnitude de 6,7 et ayant fait 1243 morts, celui de la même ville en 1980 (magnitude 7,1 et 2360 morts) et celui qui a frappé la région de Boumerdès en 2003 (6,8, 2286 morts).

En 1716, la ville d’Alger a été dévastée par un très fort séisme qui a fait plus de 20.000 morts.

L’autre type de catastrophe qui prend de l’ampleur en Algérie, c’est les feux de forêt. Plus de 75.000 incendies ont été enregistrés entre 1985 et 2022, ayant consumé plus de 1,3 million d’hectares de couvert végétal, soit une moyenne de 1 984 feux et près de 35 000 hectares brûlés chaque année.

En outre, l’Algérie connaît régulièrement des périodes de fortes chaleurs et des sécheresses parfois longues. Elle est touchée par les phénomènes d’érosion et de désertification.

Depuis les années 1950, les températures ont augmenté en Algérie de 0,35 degrés chaque décennie. La pluviométrie est aussi en baisse, reculant depuis l’année 1900 de 40 % à l’ouest du pays, de 30 % au centre et de 20 % à l’est.

« Le changement climatique contribue à augmenter la fréquence et l’intensité des aléas hydrométéorologiques tels que les inondations, les températures extrêmes, les sécheresses ou les feux de forêt », lit-on dans l’étude de la Banque mondiale.

« Les modèles climatiques prévoient un réchauffement du pays avec des vagues de chaleur plus fréquentes et moins de jours de gel », indique l’étude qui prévoit comme effets de la nouvelle situation, l’augmentation de la fréquence des évènements climatiques, l’érosion des sols, l’élévation du niveau de la mer, la perturbation de la recharge des nappes phréatiques, la dégradation de la sécurité alimentaire…

S’agissant de l’évaluation de la gestion de ces risques par l’Algérie, la Banque mondiale relève que le pays dispose d’un cadre institutionnel et normatif « moderne », avec une multitude de textes à « large portée » et qui accorde une priorité importante à la prévention.

Néanmoins, fait remarquer l’étude, « les textes d’application et les instruments de mise en œuvre font défaut ». Elle note aussi que la loi de 2004, élaborée après le séisme de Boumerdès et qui constitue le document stratégique de référence en matière de gestion des risques, couvre « la prévention, la préparation et la réponse », mais « elle ne traite ni du relèvement ni de la reconstruction ».

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