Économie

L’Algérie devrait importer plus de blé en 2023-2024

Les importations de blé de l’Algérie devraient augmenter et se situer à 8,7 millions de tonnes, selon une récente note du Département américain de l’agriculture (USDA) pour la campagne 2023/2024.

Des importations qui devraient se dérouler dans un contexte de tensions accrues sur le marché céréalier mondial.

Ces achats devraient être supérieurs de 1,2 million de tonnes par rapport à 2022. L’USDA table sur des prévisions de récolte en baisse de 2,7 millions de tonnes de blé en Algérie, ce qui représente près de 600.000 tonnes produites en moins.

Récolte de blé en Algérie : l’effet de la sécheresse

Le Département américain de l’agriculture se base sur des observations d’images satellite et estime que c’est la sécheresse et les fortes températures qui ont provoqué une baisse du rendement moyen dans les zones non irriguées en Algérie. Celui-ci devrait atteindre 13 quintaux contre 15 quintaux la campagne précédente, principalement dans les zones non irriguées.

L’USDA estime la consommation annuelle locale à 11 millions de tonnes contrairement aux estimations locales de 9 millions, ce qui place l’Algérie en deuxième importateur mondial après l’Égypte.

Blé : un contexte ukrainien changeant

Ces futures importations algériennes de blé devraient se dérouler dans un contexte marqué par les événements en Ukraine. Le prix de la tonne de blé fluctue en fonction du conflit et des prévisions de récolte des principaux pays exportateurs.

Ainsi, peu de réactions ont suivi l’arrêt de l’accord sur le corridor en mer Noire qui a permis l’exportation de 33 millions de tonnes de blé ukrainien. L’explication réside dans l’existence d’un second canal d’exportation à travers les ports fluviaux ukrainiens de Reni et Izmail, sur le Danube.

Pour l’analyste Andrey Sizov du cabinet SovEcon : « L’arrêt des expéditions d’Odessa ne change pas la donne maintenant. L’Ukraine peut expédier plus de 40 millions de tonnes de céréales via d’autres routes, ce qui correspond plus ou moins à son potentiel d’exportation pour 2023-2024. » Selon l’administration ukrainienne, le pays aurait exporté 2,1 millions de tonnes de produits agricoles, contre 1,6 million de tonnes en juillet 2022.

Mais les récents bombardements de ces ports ont changé la donne et ont provoqué une brusque flambée des prix. Le 24 juillet sur Euronext, le contrat décembre 2023 a atteint 266 € la tonne contre une moyenne de 230 € ces dernières semaines.

Si les exportations ukrainiennes se poursuivent sur les ports du Danube, des observateurs notent un début d’engorgement des infrastructures. Les routes sont encombrées de camions chargés de céréales attendant jusqu’à 8 jours avant d’être déchargés.

L’Union européenne envisage l’ouverture d’un troisième canal d’exportation à travers les pays baltes. Cette alternative permettrait l’exportation annuelle de 25 millions de tonnes, mais avec une augmentation du coût de ces céréales.

Quant aux disponibilités mondiales en céréales, elles restent importantes du fait d’excédents russes datant de l’exceptionnelle campagne précédente avec 153 millions de tonnes produites.

Ce qui fait de la Russie le premier exportateur mondial. La forte sécheresse qui a affecté les régions céréalières des USA ne semble pas affecter cet optimisme, d’autant plus qu’en 2023, avec des prévisions de 123 millions de tonnes, la production de blé russe devrait être importante. Seule ombre à l’horizon, depuis peu les pluies actuelles en Europe retardent l’actuelle récolte russe.

Algérie : Le challenge, plus de surfaces pour le blé

Plus que jamais, les récents événements en mer Noire et les aléas climatiques pèsent sur l’évolution des prix mondiaux du blé. En Algérie, malgré les efforts des services agricoles, la production locale de blé n’augmente pas.

Sur 7 millions d’hectares situés au Nord du pays, un récent recensement fait état de 1,8 million d’hectares semés en céréales contre une estimation précédente de 3 millions d’hectares.

Il semble qu’auparavant cette estimation reposait sur la quantité de semences produites par les Coopératives des Céréales et des Légumes Secs (CCLS), soit 3 millions de quintaux.

À raison d’une dose de 100 kg de semences par hectare, l’estimation permettait de supposer des emblavements de l’ordre de 3 millions d’hectares. Mais c’est sans compter avec la pratique des agriculteurs consistant à majorer les doses de semis afin de pallier à la mauvaise préparation du sol et les pertes à la levée qui en découlent.

Par ailleurs, près de 3 à 3,5 autres millions d’hectares seraient en jachère, c’est-à-dire non travaillés ou servant au pâturage des moutons. Si sur les terres à fort potentiel, les techniques modernes progressent, ce n’est pas le cas dans les zones marginales non irriguées. Les services agricoles peinent à y développer les techniques adaptées.

Reste le pari du ministère de l’Agriculture et du Développement rural qui prévoit la mise en culture au Sud d’un million d’hectares qui devrait être consacré aux céréales et aux cultures stratégiques.

Pour augmenter sa production de blé, l’Algérie dispose ainsi de plusieurs leviers : l’agriculture saharienne et les régions céréalières du Nord dont le potentiel reste réel.

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