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L’Algérie doit-elle considérer le Covid-19 comme une grippe ?

L’Algérie doit-elle considérer le Covid-19 comme une grippe ?

Le nombre de contaminations au Covid-19 a considérablement baissé ces derniers jours en Algérie, avec en moyenne moins de dix cas positifs en 24 heures.

Alors qu’un rebond de l’épidémie est observé dans certaines régions du monde, des pays, à l’instar de l’Espagne, appellent à ouvrir la voie à un changement de stratégie dans la lutte contre la pandémie et envisagent de gérer désormais le Covid « comme une épidémie de grippe ».

L’Algérie doit-elle adopter cette stratégie? Dr Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), répond.

Quelle lecture faites-vous de la situation sanitaire en Algérie ?

Nous sommes toujours dans une situation de décrue. Depuis plusieurs semaines la situation s’est nettement stabilisée. Le constat est fait au niveau des structures de santé, que ce soit au niveau des consultations, des urgences ou des services hospitaliers. Tous les  services qui étaient dédiés au Covid ont été libérés.

Cette décrue a-t-elle permis la reprise des activités chirurgicales et médicales qui avaient été déprogrammées par crainte de contamination au Covid-19 ?

Nous sommes effectivement  dans une situation de reprise des activités.  Mais nous avons un retard accumulé depuis plus de 18 mois maintenant, notamment en ce qui concerne les interventions chirurgicales, toutes spécialités confondues.

En dehors des urgences, toutes les spécialités chirurgicales ont été impactées négativement du fait que l’activité  chirurgicale a été arrêtée pendant plusieurs mois. Nous sommes en train d’organiser la reprise des activités mais cela passe d’abord par l’assainissement des différentes situations qui se sont accumulées depuis deux ans.

L’Espagne envisage de gérer le Covid-19 comme une grippe saisonnière. L’Algérie doit-elle adopter cette stratégie ?

Je ne vois pas pourquoi l’Algérie serait obligée d’aller dans le même sens que certains pays. Nous sommes dans une situation pandémique qui est gérée par l’OMS et non pas par les pays.

Il y a une situation particulière dans chaque pays. Il y a des instances habilitées à gérer et à juguler la situation sanitaire globale. Il faudrait surtout être dans la coordination et dans le respect des recommandations émises par ces instances.

Le cas de l’Espagne ne peut pas être un exemple de l’Algérie du simple fait que la situation chez nous est totalement différente que dans ce pays, et notamment en termes de réalisation des objectifs de la campagne de vaccination.

En Espagne, plus de 80% de la population a été vaccinée: pratiquement 90% des plus de 55 ans sont vaccinés.  En ce qui concerne les enfants scolarisés, tous paliers confondus, de 6 à 16 ans, plus de 90% d’entre-eux ont été vaccinés.

En Espagne, comme dans d’autres pays, il y a certains éléments qui permettent  de valider et d’accepter certaines démarches. Ce qui n’est pas le cas dans d’autres pays, comme le nôtre. La situation est totalement différente en Algérie. Il ne faut pas se précipiter. Il faut se donner encore un peu de temps pour être sur une décision globale et générale.

Qu’en est-il de la campagne de vaccination en Algérie ? 

La campagne est à l’arrêt. Nous n’avons pas du tout  réalisé les objectifs de la campagne vaccinale.  Chaque jour, au maximum, nous comptabilisons des dizaines de vaccinations par centre de vaccination.

Au niveau des wilayas, le nombre de vaccinations se compte par centaines alors que nous devrions vacciner plus de 10.000 ou 20.000 personnes par jour à l’échelle nationale.  Nous n’avons pas atteint, à travers la vaccination, l’immunité collective qui puisse justifier que l’on prenne des mesures comme veut le faire l’Espagne.

Au vu de l’amélioration de la situation sanitaire en Algérie, doit-on maintenir les mesures barrières et continuer à se faire dépister au moindre symptôme ?

Nous sommes obligés de patienter encore avant d’aller vers la décision de lever complètement les mesures barrières, même si elles ne sont pas respectées sur le terrain.

Il faudrait, surtout, que l’on prenne une décision claire par rapport à la vaccination: continuer ou arrêter. Il faut prendre une décision avant de se projeter sur des décisions plus importantes qui devraient relever de l’OMS et des instances habilitées à avoir un regard impartial qui va dans la coordination et dans la projection. La situation épidémique n’a peut-être pas dit son dernier mot. 

 

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