Société

L’Algérie peut témoigner des conséquences du changement climatique

CONTRIBUTION*. Le dernier rapport du Groupe international d’experts sur l’évolution du climat (GIEC), publié le 9 août dernier, a alerté la communauté internationale sur l’impact dévastateur du changement climatique en Méditerranée.

Tous les types de phénomènes climatiques destructeurs (vagues de chaleur, sécheresses, inondations, pluies extrêmes, risques de feu de forêts, etc.) y sont en augmentation et de plus en plus extrêmes.

Le même jour, débutaient en Algérie de gigantesques incendies qui allaient détruire des dizaines de milliers d’hectares de forêts dans 26 des 58 wilayas du pays, mettre en péril le patrimoine naturel forestier et l’économie locale de ces régions, et causer la mort d’au moins 90 personnes.

Si les incendies sont un phénomène assez fréquent en période estivale, leur fréquence et leur puissance augmentent avec le changement climatique, et la canicule intense de l’été 2021 a provoqué des feux de forêt d’une intensité encore jamais vue en Algérie, mais aussi dans d’autres pays du bassin Méditerranéen (comme l’Italie, la Grèce ou encore la Turquie) ou dans des régions du monde moins habituées aux incendies (comme le Canada ou encore la Russie).

En Algérie, comme dans de nombreux pays, les problèmes de gestion et la dégradation des massifs forestiers ont aussi amplifié les conséquences humaines, sociales et économiques que ces feux auront sur le moyen et long termes.

En effet, les forêts jouent un rôle essentiel dans l’élimination du carbone de l’air et leur protection s’avère essentielle si nous voulons atteindre les objectifs climatiques fixés en 2015 par l’Accord de Paris lors de la CoP21.

La destruction de la végétation et la mise à nu des sols risquent de provoquer de graves problèmes d’érosion ainsi que de potentielles inondations qui menaceraient les infrastructures de base (routes, villages, barrages…), et de compromettre la régénération naturelle des écosystèmes. Les feux ont aussi affecté la biodiversité terrestre, menaçant la production alimentaire, et détériorant la qualité de l’air, accroissant les risques chroniques pour la santé.

L’urgence climatique ne s’est pas arrêtée avec la pandémie de covid-19

Le secrétaire général de l’ONU António Guterres avait considéré que le dernier rapport du GIEC constituait  « un code rouge pour l’humanité » et souligné l’urgence absolue d’unir nos forces pour éviter une catastrophe climatique irrévocable.

Comme souligné par l’objectif 13 des Objectifs du développement durable, seules des mesures drastiques visant à une réduction importante des émissions de gaz à effet de serre pour stabiliser la hausse des températures de 2 °C – l’objectif principal de l’Accord de Paris de 2015- pourraient préserver les écosystèmes terrestres et océaniques du bassin méditerranéen et son patrimoine culturel (et économique) dans un état viable.

Selon les résultats de « Peoples’ Climate Vote », la plus grande enquête d’opinion sur les changements climatiques jamais menée, conduite par le PNUD en collaboration avec l’Université d’Oxford en 2021, 64 % des personnes interrogées à travers 50 pays considèrent le changement climatique comme une urgence mondiale[1]. En Algérie, où l’enquête a aussi été menée, cette opinion est même partagée par 65 % des personnes interrogées.

Le changement climatique ne doit donc pas être relégué au second rang. Il ne s’est pas arrêté avec le covid-19 et, afin de répondre à ce défi, il est essentiel de maximiser les effort internationaux en créant des synergies entre les principaux fora multilatéraux : la Présidence italienne du G20, dont les États membres produisent environ 80 % des émissions nocives, a mis le climat au cœur de son mandat, ouvrant la voie à des engagements politiques plus incisifs en vue de la tenue de la grande conférence internationale sur les changements climatiques, la CoP26, à Glasgow, au Royaume-Uni.

Travailler ensemble pour restaurer et mieux protéger les écosystèmes

L’Algérie, qui participe à cette rencontre, peut témoigner que les conséquences du changement climatique sont déjà là, et combien elles peuvent être dévastatrices pour plus d’un demi-milliard d’habitants du bassin méditerranéen.

Suite aux incendies de cet été, la Direction Générale des Forets a initié, avec l’appui du PNUD et le soutien financier de plusieurs partenaires internationaux dont le gouvernement du Royaume-Uni, un large projet pour encourager la revitalisation forestière et économique durable des zones ayant été fortement touchées par les incendies.

Allant au-delà de la simple restauration des paysages forestiers dégradés, ce projet prévoit aussi d’améliorer la résilience des écosystèmes sur le long terme, en travaillant notamment sur les mécanismes de prévention et de réponse aux feux de forêts. Des actions de soutien psychologique seront aussi mises en place pour les populations les plus affectées.

Encourager les investissements dans les énergies renouvelables

Lors de la COP26, il est important de réaffirmer le soutien de la communauté internationale aux pays qui s’efforcent de protéger et restaurer leurs écosystèmes, mettre en place des systèmes d’alerte solides et fiables et renforcer leur résilience aux impacts du changement climatique.

Ce soutien doit se concrétiser par une collaboration renforcée entre les gouvernements, les organisations internationales, le secteur privé et la société civile.

Cette collaboration doit se traduire par la mobilisation de financements publics et privés pour améliorer non seulement la lutte contre les effets du changement climatique, mais aussi leur prévention.

Nous avons besoin de passer à une économie plus verte et plus résiliente au changement climatique, et celle-ci ne pourra voir le jour sans des investissements considérables dans la technologie et l’innovation. Il faut garder à l’esprit qu’encourager les investissements dans les énergies renouvelables n’est pas qu’important pour la planète : cela peut créer 3 fois plus d’emplois qu’investir dans les énergies fossiles.

La pandémie mondiale nous a montré que nous ne pourrons relever les défis planétaires, et au premier rang desquels le changement climatique, qu’en travaillant ensemble. La COP26 nous offre une opportunité historique pour répondre à ces défis environnementaux en prenant des actions coordonnées pour reconstruire mieux et plus « vert ». Il ne faut pas la laisser passer !

*Contribution co-signée : PNUD-Ambassade du Royaume – Uni et ambassade d’Italie

[1] https://www.undp.org/publications/peoples-climate-vote#modal-publication-download

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