Économie

L’Algérie suspend l’importation de la poudre de lait

Les Algériens risquent-ils d’être confrontés à des tensions sur les produits laitiers comme le fromage et le yaourt ? La raison : la suspension pour deux mois (novembre et décembre) de l’importation de la poudre de lait qui constitue la matière première pour ce type de produits.

« D’après nos informations, l’importation de la matière première destinée à l’agroalimentaire (fabricants de produits laitiers) a été bloquée. Les fabricants n’ont pas suffisamment de stocks pour couvrir le début de l’année prochaine », alerte le président de l’Association de protection du consommateur Apoce, Mustapha Zebdi, dans une déclaration à TSA.

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Cette situation impacte dangereusement les fabricants des produits laitiers qui sont dans le « rouge ». Les stocks en matière première suffisent pour à peine un mois. En cause, la suspension des dérogations d’importation de la poudre de lait, comme l’a confirmé à TSA mardi 30 novembre un fabricant de la région centre du pays.

« Depuis fin septembre, nous n’avons plus obtenu de dérogations. On nous a signifié qu’on en aura en janvier 2022, sachant qu’entre la commande et la réception de la marchandise, on en a au minimum pour 3 mois », se plaint-il.

« Nous sommes dans une situation dans laquelle il n’y a pas de licences d’importation pour l’achat des matières premières. Sur le marché mondial, les matières premières se font rares. De plus, les prix ont connu une forte augmentation. La tonne de poudre de lait est passée de 2 200-2 300 à 3 800 euros la tonne. Résultat : on ne peut plus se permettre d’importer des quantités conséquentes comme avant. Si auparavant on importait 200 tonnes, aujourd’hui on n’en importe que 100 tonnes », poursuit notre interlocuteur

Une situation aggravée par la hausse de la demande mondiale sur les produits laitiers et la perturbation du fret maritime. Notre interlocuteur parle d’une situation « catastrophique ». « On est au rouge », alerte ce fabricant qui prévient : d’ « ici un mois » il y a un fort risque que les produits laitiers ne soient plus disponibles dans les magasins du pays.

Selon lui, la crise pourrait dépasser les fabricants de produits laitiers et toucher aussi les chocolatiers, les biscuitiers, etc. En raison de la dégradation de leur pouvoir d’achat, les ménages algériens réduisent leur consommation et les produits laitiers sont souvent sacrifiés.

« Les producteurs qui n’ont pas fait de stocks vont souffrir, estime un opérateur économique. Les conséquences de la suspension des importations de la poudre de lait sont énormes pour les fabricants de produits laitiers. La pizza dont le fromage est un ingrédient essentiel va être impactée »

L’Apoce dénonce une « hausse illégale » sur le marché de gros

Le président de l’Apoce, Mustapha Zebdi, met en cause en outre la spéculation sur ce produit constatée sur les marchés de gros. « Ce qui nous intrigue le plus c’est la hausse très importante du prix de la poudre de lait chez les grossistes. L’augmentation dépasse les 50 % sachant que le lait est un composant essentiel pour les producteurs de fromage, de biscuits et de chocolat, etc. », a déploré M. Zebdi dénonçant une « hausse injustifiée » et une « spéculation franche et nette ».

L’Apoce sollicite l’intervention des pouvoirs publics pour mettre fin à cette pratique et pour sanctionner ces spéculateurs à l’origine de cette « hausse illégale » du prix de la poudre de lait.

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