Le ministre de l’Industrie pharmaceutique, Lotfi Benbahmed, a lancé, mercredi 27 avril, de graves accusations à l’encontre du laboratoire danois Novo Nordisk, spécialisé dans la production d’insuline.
Il lui a notamment reproché d’avoir exercé ”un certain lobbying” ayant entraîné des perturbations sur le marché de l’insuline en Algérie.
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La réponse de Novo Nordisk
Dans une mise au point parvenue à TSA, le laboratoire Novo Nordisk dit avoir pris connaissance “avec stupéfaction” des accusations lancées par le ministre de l’Industrie pharmaceutique. Des accusations que le laboratoire pharmaceutique conteste “vivement”.
« Novo Nordisk Algérie conteste vivement l’intégralité de ces allégations », a déclaré le laboratoire danois.
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« Novo Nordisk est présent en Algérie depuis 86 ans et ne cesse de développer ses investissements, notamment industriels, avec deux sites de production. A cet égard, l’Algérie est un des rares pays dans le monde à bénéficier d’un tel transfert de production de notre groupe », a précisé le laboratoire.
Et d’ajouter : « Novo Nordisk Algérie est au service des patients en mettant à leur disposition et celle des professionnels de la santé des solutions thérapeutiques innovantes pour lesquelles l’information médicale est partagée de façon fiable et documentée pour leur bon usage. »
« Dans ce cadre, Novo Nordisk Algérie ne s’autorise aucun compromis sur la qualité, l’utilisation et la promotion éthique de ses produits et fait preuve d’une vigilance toute particulière sur le respect de ces engagements conformément à la législation et la réglementation en vigueur », conclut la note du géant danois du traitement du diabète.
La réponse du ministère de l’Industrie pharmaceutique
Dans un communiqué diffusé ce mercredi 4 mai, le ministère de l’Industrie pharmaceutique a répondu à la note de Novo Nordisk.
Rejetant le terme “allégations” employé par le géant pharmaceutique danois dans son droit de réponse, le département de Benbahmed dit se réserver “le droit d’user de toutes les mesures et voies prévues par la législation et la réglementation en vigueur à l’encontre de toute personne physique ou morale qui userait de diffamation de manipulation de l’opinion ou de lobbying contraires aux intérêts de l’économie nationale et de la préservation de la santé de nos concitoyens”.
Accusant Novo Nordisk d’être “défaillant à de multiples niveaux” en Algérie, le ministère de l’Industrie pharmaceutique indique qu’une mise en demeure à l’encontre du laboratoire pharmaceutique danois, pour “rétention d’insuline”, a été engagée et notifiée par l’inspection générale du ministère de l’Industrie pharmaceutique le 31 janvier 2022.
Le ministère indique que de “nombreux” procès-verbaux de l’observatoire national sur la disponibilité des produits pharmaceutiques attestent du “phénomène de rétention et de tension persistante” exercées par Novo Nordisk Algérie.
Le département de Benbahmed révèle, aussi, avoir reçu des “dénonciations officielles” de l’association des distributeurs pharmaceutiques (ADPHA), portant sur “la vente concomitante systématique pratiquée par les services commerciaux de Novo Nordisk”, précise le communiqué.
« Aucune production d’insuline n’a été réalisée »
Revenant sur le projet de production locale d’insuline, le ministère de l’Industrie pharmaceutique indique que “plus de 23 ans après les premiers engagements de Novo Nordisk, aucune production d’insuline n’a été réalisée en Algérie.”
Le département de Benbahmed rappelle qu’en 2012, Novo nordisk a signé un contrat de partenariat avec Saidal pour produire ses insulines dans l’unité où le groupe pharmaceutique public produit ce médicament ( Insudal ) en flacon depuis 2006. Il regrette que “plus aucune production d’insuline ne sera réalisée sur ce site”. “Novo Nordisk reprendra le marché PCH de Saidal par de l’Importation”, accuse la même source.
Soulignant qu’en 2019 un nouveau mémorandum d’entente a été signé pour une joint-venture entre Novo Nordisk et Saidal pour la réalisation d’une unité de production d’insuline à Boufarik, le ministère de l’Industrie pharmaceutique précise : “L’Etat algérien a mis en place toutes les conditions pour la réussite de ce projet en joint-venture avec Saidal notamment en accordant en concession à Novo Nordisk un terrain à Boufarik dans lequel celle-ci a réalisé uniquement une unité de montage de stylos servant à injecter l’ insuline et toujours pas d’unité de production d’insuline”.
“Le comble c’est que désormais Novo Nordisk présentera ce terrain concédé par l’Etat algérien comme un apport pour valoriser ses parts dans le cadre de la future association avec l’entreprise publique Saidal”, peut-on lire, aussi, sur le communiqué.
Enfin, le ministère de l’Industrie pharmaceutique indique que depuis 2020, “de multiples réunions et différents rapports de Saidal font ressortir des exigences de Novo Nordisk économiquement et réglementairement inacceptables par Saidal, notamment en s’arrangeant une majorité absolue et en proposant à Saidal une position de faire valoir avec des parts minoritaires non bloquantes, vouant ainsi à l’échec cette joint-venture”.
Le département de Lotfi Benbahmed ajoute avoir relevé et opposé officiellement, en présence de Saidal, “tous ces dépassements et incohérences au dit laboratoire qui ne peut en aucun cas déclarer sa « stupéfaction »”.
“De plus il lui a été exigé (à Novo Nordisk) d’approvisionner plus régulièrement le marché en application de son programme d’importation, d’instruire ses services commerciaux à l’effet d’interdire ses pratiques de vente concomitante et de rétention de produits et de clairement se déterminer sur sa volonté d’adhérer à la politique pharmaceutique nationale notamment à travers une joint-venture équilibrée avec Saidal”, indique le communiqué du ministère de l’Industrie pharmaceutique.