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Le Maroc au cœur d’un scandale d’espionnage aux Pays-Bas

Après les scandales Pegasus, Qatargate qu’il conviendrait d’appeler Moroccogate et l’affaire de l’espion marocain arrêté en Allemagne, les services marocains sont pris une nouvelle fois la main dans le sac en Europe.

Selon le journal espagnol El Confidencial, les autorités néerlandaises ont procédé le 26 octobre dernier à l’arrestation d’Abderrahim El M, un ressortissant d’origine marocaine qui travaille en tant qu’analyste principal au sein de la coordination de lutte antiterroriste et de sécurité aux Pays-Bas (NCTV, de ses initiales en néerlandais, un département qui regroupe les services secrets AIVD et la police).

La justice néerlandaise a annoncé, le 26 octobre dernier, avoir arrêté l’homme âgé de 64 ans, résident à Rotterdam. Il est accusé d’espionnage au profit d’une puissance étrangère et d’avoir révélé des secrets d’État. Il a été mis aux arrêts en compagnie d’une Néerlandaise fonctionnaire de police passée par la NCTV, ajoute El Confidencial.

Les domiciles et les bureaux des deux suspects ont été perquisitionnés par la brigade d’investigation criminelle. Le juge a décidé d’incarcérer Abderrahim El M et la fonctionnaire de police néerlandaise en régime d’isolement pour une période de quinze jours à partir du 31 octobre dernier, indique la même source.

Si la justice néerlandaise ne cite pas le pays au profit duquel Abderrahim El M travaillait, la presse locale affirme qu’il s’agit du Maroc, son pays d’origine où il a vécu avant de s’installer aux Pays-Bas.

Grâce à son poste à la NCTV, qu’il occupait depuis 2001, Abderrahim El M, avait accès à des informations sensibles concernant la radicalisation, le terrorisme, les menaces sur la sécurité nationale ainsi que sur les enquêtes en cours avec des détails sur les suspects, selon El Confidencial.

L’arrestation de ce Marocain et de la fonctionnaire néerlandaise a pris une grande ampleur aux Pays-Bas dans un contexte de campagne électorale avant les élections législatives prévues le 22 novembre prochain, souligne El Confidencial qui révèle que des partis politiques se sont emparés de l’affaire qui prend une tournure de scandale politique.

Des parlementaires ont demandé des explications à la ministre néerlandaise de la justice et de la sécurité, Dilan Yeşilgöz-Zegerius, tutelle de la NCTV, rapporte El Confidencial.

Dans une lettre adressée aux élus de la Chambre des représentants néerlandaise, la ministre Dilan Yeşilgöz-Zegerius, d’origine turque, a qualifié l’affaire de « fait inquiétant » et a annoncé l’ouverture d’une enquête indépendante en plus de celle menée par la police à ce sujet, selon la même source.

Aux Pays-Bas, la coopération sécuritaire avec le Maroc qui a permis, entre autres, l’arrestation de Ridouan Taghi, baron de la Mocro Maffia qui purge une peine de prison, accuse un sérieux coup, selon El Confidencial.

Le scandale est d’autant plus retentissant vu que la presse néerlandaise affirme que la police avait déjà été alertée il y a deux ans des possibles liens entre Abderrahim El M et les services secrets marocains. Des informations qui n’avaient pas été prises en considération, selon El Confidencial.

Espionnage : un scandale de plus pour le Maroc en Europe

C’est le deuxième grand scandale dans lequel sont impliqués les services marocains en l’espace de quelques mois en Europe. Avant l’affaire Abderrahim El M, il a été établi que des eurodéputés et leurs assistants avaient été rémunérés par le Maroc pour défendre ses thèses, notamment sur le conflit du Sahara Occidental au sein des instances européennes, ajoute la même source.

L’opération en question a été supervisée par Mohamed Belahrech, agent des services marocains. Le nom de cet espion revient également en Espagne où on lui attribue des liens avec Noureddine Ziani.

Ce dernier entretenait des relations avec des nationalistes catalans. Il a été expulsé en 2013 sur recommandation de l’ancien directeur du centre d’intelligence national (service secret espagnol), le général Félix Roldán, précise la même source.

El Confidencial s’attend à l’éclatement de nouveaux scandales impliquant les services marocains en Europe, car en plus de la DGED (services secrets extérieurs), un autre service marocain, la DST (direction de surveillance du territoire), dirigée par Abdellatif Hammouchi compterait des agents dans les pays qui abritent de fortes communautés marocaines comme la France, la Belgique, les Pays-Bas, l’Italie et l’Espagne.

En Belgique, Kaoutar Fal dirigeante d’une ONG qui collaborait avec des eurodéputés, a été citée dans une note du département de la sécurité d’État belge comme étant impliquée dans des activités d’ingérence au profit du Maroc, selon El Confidencial.

En Espagne, le juge chargé du dossier Pegasus a évoqué la responsabilité du Maroc dans l’affaire de l’écoute des téléphones mobiles du chef du gouvernement espagnol, Pedro Sánchez, et de trois de ses ministres, entre octobre 2020 et décembre 2021, rappelle El Confidencial.

Toujours en Espagne, des juges refusent l’octroi de la nationalité espagnole à des ressortissants marocains lambda ou employés de consulats marocains suite à des rapports des services espagnols sur de possibles rapports entre les postulants à la nationalité espagnole et la DGED marocaine, selon la même source.

Le Makhzen s’appuie sur sa diaspora à l’étranger pour effectuer des opérations d’espionnage qui sont parfois confiées à de simples citoyens. Ces derniers sont parfois victimes de chantage de la part des services marocains. S’ils ne coopèrent pas, ils s’en prendraient à leurs familles restées au Maroc.

Le Makhzen est une puissante administration parallèle qui contrôle strictement la vie des Marocains au Maroc et à l’étranger.

Les Marocains vivant à l’étranger sont obligés de coopérer avec les services de renseignements par crainte de représailles contre les familles.

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