Économie

Le pétrole en ordre dispersé, influencé par Donald Trump

Les cours du pétrole se sont repliés lundi après que le président américain Donald Trump a demandé durant le week-end à l’Arabie saoudite d’ouvrir ses vannes pour faire reculer les cours.

Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en septembre, dont c’est le premier jour d’utilisation comme contrat de référence, a clôturé à 77,30 dollars sur l’Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 1,93 dollar par rapport à la clôture de vendredi.

Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de “light sweet crude” (WTI) pour le contrat d’août a cédé 21 cents à 73,94 dollars.

Le président américain s’est de nouveau invité dans les affaires de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) en affirmant samedi matin dans un tweet que le premier exportateur mondial, l’Arabie saoudite, pourrait augmenter sa production de “peut-être 2.000.000 de barils” par jour.

La Maison Blanche et le royaume se sont efforcés de modérer le message en affirmant que les 2 millions de barils étaient les ressources disponibles qui seraient utilisées “si et quand il sera nécessaire afin d’assurer l’équilibre et la stabilité du marché”.

“Le président pousse l’Arabie saoudite à compenser les baisses de l’offre qui vont peser sur le marché quand les sanctions américaines contre l’Iran vont être appliquées, à partir du 4 novembre”, ont expliqué les analystes de RaboBank.

Le président américain cherche à limiter la hausse du prix de l’essence aux Etats-Unis, alors que les Américains s’apprêtent à prendre la route pour l’été et à l’approche d’élections législatives en novembre, tout en adoptant une ligne dure contre l’Iran.

– Tolérance zéro –

“Si les Etats-Unis adoptent une tolérance zéro contre les pays important du brut iranien (comme la Maison Blanche l’a affirmé la semaine dernière), les prix vont augmenter”, ont jugé les analystes de JBC Energy, qui estiment que l’Arabie saoudite n’a pas les capacités de compenser une telle perte sur le marché mondial.

“Les marchés savent que l’Arabie saoudite ne va pas se risquer à engager une nouvelle guerre du pétrole”, a abondé Fawad Razaqzada, analyste chez Forex.com, qui rappelle que la chute des prix de 2014 avait pesé sur les finances du pays.

Fin juin, l’Opep avait déjà affirmé vouloir augmenter sa production en rééquilibrant l’accord de baisse des extractions qui lie l’Organisation à dix autres pays, mais l’Arabie saoudite et la Russie avaient alors affirmé que toute hausse serait au maximum d’un million de barils par jour (mbj).

Toute hausse au-delà de ce chiffre serait une rupture de l’accord, a affirmé le ministre iranien du Pétrole Bijan Namdar Zanganeh, dans une lettre à son homologue des Emirats arabes unis, citée par l’agence Bloomberg.

Les commentaires de Donald Trump ont contribué à faire nettement reculer le cours du Brent, référence mondiale sur le marché pétrolier, mais moins le WTI new-yorkais.

Celui-ci, moins sensible aux nouvelles internationales qu’aux informations sur le marché pétrolier américain, bénéficie “d’un niveau d’exportations élevé et d’une activité solide des raffineries aux Etats-Unis”, a estimé Matt Smith de ClipperData.

L’écart entre le prix du pétrole londonien et new-yorkais est ainsi passé de plus de onze dollars à moins de six dollars en un peu moins d’un mois.

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