Économie

Le pétrole poursuit sa chute malgré l’Opep+, le schiste américain en déroute

Le cours du baril de Brent, pétrole de référence pour le Sahara Blend algérien, poursuivait sa baisse ce mercredi en s’établissant aux alentours de 28,4 dollars vers 14 heures en baisse de 5,83%, et ce malgré l’annonce récente de l’accord de réduction de la production décidé par l’Opep+.

L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et ses principaux partenaires, réunis au sein de l’Opep+, avaient convenu dimanche d’un accord historique portant sur une baisse de leur production de l’ordre de près de 10 millions de barils par jour durant les mois de mai et juin, avec comme espoir de relance les cours du pétrole, en chute libre depuis plus d’un mois.

Les marchés continuent cependant à l’évidence de se montrer sceptiques sur la capacité de l’accord à absorber le surplus de l’offre face à une demande en pétrole anémique, causée par la pandémie du coronavirus.

L’Arabie saoudite continue de baisser ses prix

Cet accord « n’est tout simplement pas suffisant à court terme pour rééquilibrer le marché » du pétrole, a estimé dans ce cadre Neil Wilson, de Markets.com, cité par l’AFP. « Cette réduction représentait le minimum nécessaire pour stabiliser les prix, mais pas davantage », a fait savoir pour sa part Jasper Lawler, analyste de LCG.

La chute des cours du pétrole a emporté dans son passage les Bourses européennes, qui reculaient fortement ce mercredi.

Alors que l’Agence internationale de l’Énergie (AIE) a estimé ce mercredi que la crise du coronavirus devrait effacer en 2020 près de dix ans de croissance de la demande mondiale de pétrole, ajoutant qu’aucune réduction de production ne pourra empêcher ce mouvement, il s’est avéré également que l’Arabie saoudite continue de proposer de réduire ses prix à destination de plusieurs pays asiatiques pour les livraisons prévues en mai, rapporte Bloomberg.

L’effondrement des cours du pétrole a eu une conséquence directe sur l’industrie du schiste aux Etats-Unis, les prix bas mettant officiellement fin au boom du schiste et forçant les puits à fermer les uns après les autres, souligne le site boursier TradingSat.

Le schiste américain en grande difficulté

L’AIE estime ainsi que la production quotidienne moyenne de pétrole aux États-Unis va chuter de 500.000 barils journaliers cette année puis de 700.000 barils par jour l’année prochaine.

Dans l’ensemble, jusqu’à 240 000 emplois liés au pétrole seront perdus cette année aux États-Unis, soit environ un tiers de la main-d’œuvre des champs pétrolifères terrestres et offshore, estime le cabinet de conseil Rystad Energy. En mars, les contrats à terme du pétrole américain ont chuté à 20 dollars le baril, soit un tiers du prix de janvier et moins de la moitié de ce que de nombreux producteurs nécessitent pour couvrir les coûts de production du schiste.

La chute du mois de mars a ainsi mené des douzaines de producteurs de schiste à réduire leurs dépenses et plusieurs d’entre eux ont retenu les services de conseillers pour gérer la dette énorme accumulée afin de lancer leur industrie.

« Dès que le virus a frappé et que les prix du pétrole ont chuté, ils ont renvoyé tout le monde chez eux », a déclaré Joel Rodriguez, administrateur en chef du comté de La Salle, où se trouve le deuxième champ pétrolifère le plus productif du Texas, cité par la même source.

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