Économie

Le « véritable Talon d’Achille » de l’investissement de l’Algérie

La nouvelle loi sur les investissements en Algérie est entrée en vigueur après la publication de ses textes d’application le 21 septembre dernier, mais l’efficacité des dépenses publiques pose problème, selon le Care.

Le Care (cercle de réflexion autour de l’entreprise) appelle à aller au-delà de cette étape de levée des obstacles juridiques, jugée « nécessaire mais pas suffisante ».

Pour ce think-tank, l’enjeu étant de faire en sorte que la relance de l’investissement pèse sensiblement sur le taux de croissance de l’économie nationale.

Ce think-tank algérien spécialisé dans les questions liées à l’entreprise continue d’enrichir le débat sur le nouveau texte régissant les investissements, promulgué en juillet dernier.

Cette fois, il soulève la question pertinente de « l’efficacité » des investissements publics en Algérie. Pour lui, le « véritable Talon d’Achille » de la politique publique d’investissement de l’Algérie « n’est pas tant celui des ressources mobilisées » que celui de leur « faible contribution à la croissance de l’économie nationale ».

Dans une note consacrée au sujet, il démontre, chiffres à l’appui, que la croissance économique algérienne n’est pas toujours proportionnelle aux efforts et aux montants consentis pour soutenir l’investissement.

Cela était notamment le cas dans la décennie 2010-2020, et même pendant les 50 dernières années. « Même si l’image est peu connue et peu mise en exergue (…) l’Algérie fait partie des pays au monde où l’effort d’investissement est le plus élevé », écrit le Care.

L’Algérie a de tout temps consenti d’énormes efforts en matière d’investissement, néanmoins, les résultats obtenus sont très en-deçà des attentes.

Le Care trouve « frappant » que le niveau de la croissance de l’Algérie est des plus bas, par rapport à celui des pays en développement et même des pays africains.

Pour faire plus clair, pour obtenir un point de croissance, l’Algérie doit investir (en pourcentage du PIB) le « double de la moyenne mondiale » et « jusqu’à quatre fois plus » que des pays comme l’Égypte ou la Chine.

Où réside donc le problème ? C’est la question que pose le Care et sur laquelle il appelle à enrichir le débat « afin que la ferme volonté de relance de l’investissement maintes fois réitérée par les autorités publiques puisse trouver une traduction opérationnelle ».

Inefficacité structurelle

Cette inefficacité étant « structurelle », le think-tank algérien reconnaît que les réponses sont « nécessairement complexes et multiformes » et appellent des analyses affinées.

Mais il estime qu’un simple examen des données permet d’identifier un premier axe de travail « prioritaire » :  celui de l’orientation sectorielle des investissements et des modalités d’allocation des ressources financières mobilisées.

L’autre carence soulevée, c’est la faible part des industries de transformation dans le PIB de l’Algérie. Là aussi, la note du Care procède avec la même méthode de comparaison avec d’autres pays en développement, pour conclure à « une réalité lourdement préoccupante » : en Algérie, la part de valeur ajoutée de l’industrie de transformation dans le PIB est à « un niveau d’affaissement extrême ».

Cette part est très loin des normes mondiales et même de ce qui se fait dans certaines économies africaines.

Le Cercle tente une explication à cette situation. La fabrication industrielle est « à ce point atrophiée » parce que ces activités ont été « totalement négligées » et  constituent « l’angle mort de la politique d’investissement en Algérie ».

La note enchaîne ensuite sur la réforme du système financier car, explique-t-il, la perte de substance des activités industrielles n’est pas voulue, mais résulte « des dérèglements en amont » du système financier national.

Autre anomalie soulignée par le Care, « l’hypertrophie » du secteur de la construction, qui bénéficie d’énormes investissements publics au détriment des activités industrielles manufacturières. La part de l’industrie manufacturière dans le PIB de l’Algérie représente moins du tiers de celle du secteur de la construction.

« On ne peut pas vouloir diversifier l’économie nationale sans investir massivement dans la diversification des activités productives », conclut le Care.

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