Économie

L’Eniem, symbole des difficultés des entreprises publiques en Algérie

L’Entreprise nationale des industries de l’électroménager (Eniem), jadis fleuron de l’industrie nationale, est devenue le symbole des difficultés des entreprises publiques en Algérie.

La société dont l’usine est basée à Oued Aissi dans la wilaya de Tizi-Ouzou produit des réfrigérateurs et des cuisinières réputées robustes. Mais l’Eniem n’est plus ce qu’elle était. L’entreprise fait face à de graves difficultés financières et son usine tourne au ralenti. Sur une capacité totale de production de 220.000 appareils, l’ENIEM n’a produit que 35.000 unités en 2022, soit à peine un peu plus de 15 %.

Le ministre de l’Industrie et de la Production pharmaceutique, Ali Aoun, a déclaré mercredi à Tizi-Ouzou, où il effectue une visite de travail, que l’ouverture du capital de l’entreprise nationale des industries de l’électroménager (ENIEM) pour un partenariat national ou étranger s’imposait pour sauver l’entreprise. Après une crise qui a failli l’emporter en 2020, l’Eniem est à nouveau en danger, écrasée par une dette colossale qu’elle n’arrive pas à rembourser.

L’entreprise publique est victime de son appareil de production obsolète et de la concurrence du secteur privé.

L’Algérie compte de nombreux producteurs d’électroménagers qui produisent des produits beaucoup plus modernes que ceux de l’Eniem, qui pâtit aussi des difficultés propres liées aux entreprises publiques algériennes.

Ces dernières sont prises en étau entre leur rôle social et donc la nécessité de sauvegarder les emplois même quand ils sont pléthoriques, les problèmes liés à la dépénalisation de l’acte de gestion qui brident les initiatives dans le secteur public, et enfin la rude concurrence des acteurs privés.

Sauvée in extrémis en 2020 grâce à l’intervention du gouvernement qui avait forcé la main à la banque pour lui accorder un prêt, l’Eniem n’a pas réussi à redresser sa situation.

Eniem, un fleuron de l’industrie algérienne en danger

Aucun plan de sauvetage n’a fonctionné avec cette entreprise parce que le marché n’est pas contrôlé par l’État. Ce dernier ne peut pas assurer un plan de charge à l’Eniem, contrairement à d’autres sociétés nationales à qui il réserve l’essentiel de la commande publique pour les maintenir artificiellement en vie.

Cet été, la menace de la fermeture de cette entreprise qui est asphyxiée par le poids de la dette plane à nouveau.

Face à cette situation, le ministre de l’Industrie et de la production pharmaceutique, Ali Aoun, s’est déplacé au siège de l’Eniem où il a pointé un problème de gestion. Ali Aoun a écarté l’éventualité d’effacer la dette de l’entreprise, tout en évoquant la possibilité d’ouvrir son capital pour attirer des partenaires capables de la relancer.

Pour effacer la dette d’une entreprise, il faudrait que celle-ci produise et enregistre des bénéfices“, a-t-il dit, en assurant que l’État « ne lâchera pas » l’Eniem, mais les « efforts doivent venir des cadres et des travailleurs », et qu’il “n’y aura pas de privatisation“.

Pour sauver les emplois, Ali Aoun conditionne par la mise en place d’un plan de « relance et de modernisation de la production » de l’Eniem. Parmi les conditions posées par le ministre pour sauver cette entreprise, le renouvellement des cadres dirigeants avec des contrats de performance à partir de septembre prochain. « Cela nous permettra de connaître les objectifs de chacun », a-t-il dit.

Le ministre a expliqué que le choix d’ouvrir le capital de l’Eniem pour un partenariat relevait des responsables de l’entreprise même, jugeant nécessaire la mise en place d’un “programme effectif de travail” pour surmonter les difficultés auxquelles fait face l’entreprise.

Pour mettre en place le plan de sauvetage de l’Eniem, Ali Aoun a annoncé la tenue d’une réunion lundi prochain avec les responsables de l’entreprise et le partenaire social.

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