Économie

L’huile de Cevital vendue en France : ce qu’il faut savoir

Le groupe agro-alimentaire Cevital exporte de l’huile de tournesol de la marque Fleurial vers la France. Sur les réseaux sociaux, des images de bidons de la célèbre marque algérienne exposés sur les rayons des supermarchés de l’Hexagone, sont partagées.

Les exportations de Cevital vers la France surviennent dans un contexte particulier. Sur le plan mondial, la guerre en Ukraine a généré une crise d’approvisionnement en graines oléagineuses, ce qui a influé sur la production aux quatre coins de la planète.

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En Algérie, l’huile de table connaît des tensions récurrentes depuis 2021, soit avant même la crise ukrainienne, en dépit d’une production suffisante, selon les assurances des officiels et des producteurs.

Avec la flambée des prix des principales matières premières alimentaires sur les marchés mondiaux induite par la guerre en Ukraine déclenchée fin février dernier, et dans le but de prévenir les pénuries, le gouvernement algérien a pris la décision d’interdire l’exportation de certains produits alimentaires fabriqués à base de matières premières importées. La décision a été annoncée à l’issue du conseil des ministres du 13 mars dernier.

Une certaine cacophonie est née suite à cette décision, ce qui a amené les autorités à clarifier les choses fin mars en établissant une liste d’une dizaine de produits alimentaires interdits à l’exportation.

Il s’agit du sucre, des pâtes, de l’huile, des dérivés du blé, des œufs frais, de la pomme de terre, de l’ail, des légumes secs, de la semoule de froment et d’orge, de la farine de froment, le double et du concentré de tomate.

L’huile figure bien dans la liste, mais il s’agit seulement de l’huile subventionnée, celle fabriquée à base de soja (Elio pour Cevital). En Algérie, c’est cette variété qui fait l’objet de toutes les tensions depuis plus d’une année.

Elle est soumise au régime de compensation, c’est-à-dire que les producteurs sont tenus de la vendre au consommateur à un prix plafonné (125 dinars le litre), à charge pour l’État de leur rembourser le manque à gagner causé par la différence entre le coût de revient et le prix de vente au public. Le groupe Cevital fabrique et commercialise cette huile sous la marque Elio. Avant la crise, le groupe assurait 60% des besoins du marché.

Un contexte favorable

Les autres huiles, considérées de meilleure qualité, notamment celles fabriquées à base de graines de tournesol, de maïs ou de colza, ne sont pas touchées par les subventions et leur prix de vente au consommateur sont libres.

Le bidon de 4 litres de la marque Fleurial (huile de tournesol) est vendu à 1700 Da, soit près de quatre fois le prix de l’huile Elio (subventionnée), ce qui explique la faible demande, donc l’absence de tensions.

L’huile de table non subventionnée représente à peine 5% de la consommation interne en Algérie. Au plus fort des pénuries d’huile depuis le printemps 2021, les bidons de Fleurial étaient disponibles sur les étals.

Et c’est ce produit (Fleurial) que Cevital exporte vers la France, qui fait face à une pénurie aiguë d’huile de tournesol à cause des retombées de la guerre en Ukraine.

Dans un communiqué publié ce dimanche, le groupe Cevital a apporté des clarifications concernant les commentaires, parus sur les réseaux sociaux, « relatifs à la vente de l’huile de tournesol « Fleurial » dans les grandes surfaces en France. »

Les explications de Cevital

« Premièrement : l’huile de tournesol (Fleurial) n’est pas interdite à l’exportation depuis l’Algérie. Deuxièmement : le marché algérien est suffisamment alimenté en cette huile dont les prix ne sont pas plafonnés par l’Etat contrairement aux huiles à base de Soja (Elio) », a expliqué le plus grand privé algérien par le chiffre d’affaires.

Le groupe Cevital rappelle qu’il se conforme « strictement à la réglementation en vigueur concernant l’exportation des produits agro-alimentaires dont il est l’un des plus importants producteurs en Algérie. »

Une très grande partie de la consommation mondiale de l’huile de tournesol provient de la région (50% d’Ukraine, 28% de Russie). Le blocage des ports ukrainiens et l’incapacité du rail et des autres infrastructures de ce pays à continuer à fonctionner au même niveau d’avant-guerre ont induit un manque d’approvisionnement en Europe et d’autres régions du monde.

Outre les difficultés ukrainiennes à exporter, la Russie a pris des mesures de restriction sur les exportations de nombreux produits, dont les graines et l’huile de tournesol.

En France, en plus d’être introuvable, l’huile de tournesol a vu son prix se rapprocher de celui de l’huile d’olive.

Exceptionnellement, le gouvernement a autorisé les fabricants de produits alimentaires à base de cette huile à changer leur composante sans changer d’emballage.

Les supermarchés sont pris d’assaut et les étals réservés à l’huile de tournesol sont très vite vidés. C’est dans ce contexte favorable de hausse des prix, doublée d’une forte demande à l’international, que Cevital, qui dispose d’importantes infrastructures de production en Algérie, effectue des exportations d’huile de tournesol.

Sur le site de Béjaïa, où sont concentrées ses activités agroalimentaires, le groupe privé algérien dispose d’une importante raffinerie d’huile de table et de la plus grande raffinerie au monde de sucre. Le site emploie 3800 personnes, dont 1300 ingénieurs.

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