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Macron change de ton, raz de marée à Londres : la pression monte sur Israël

Macron change de ton, raz de marée à Londres : la pression monte sur Israël

Emmanuel Macron est le premier dirigeant occidental à appeler à un cessez-le-feu à Gaza. Quelles sont les raisons de ce changement de ton du président français à l’égard d’Israël ?

Israël commet depuis plus d’un mois un carnage à Gaza qui peut s’apparenter à un crime de guerre, crime contre l’humanité ou même à un génocide.

Les juristes s’échinent à trouver la juste qualification de ce qui se passe dans l’enclave palestinienne depuis le 7 octobre et les premières actions concrètes viennent d’être entamées devant la Cour pénale internationale (CPI), afin d’en faire payer le prix aux dirigeants du gouvernement israélien d’extrême-droite.

Jeudi, un collectif de 117 organisations et 298 avocats ont remis à la Cour pénale internationale (CPI) une requête bien documentée, de 49 pages, demandant l’ouverture d’une « enquête impartiale » sur les événements en cours à Gaza.

Les appels à traduire les dirigeants israéliens devant la CPI se sont multipliés depuis le début de l’agression contre la bande de Gaza.

Lundi 6 novembre, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a appelé les juristes du monde arabe à engager des actions judiciaires « efficaces » auprès de la CPI afin de mettre fin à l’ « impunité » d’Israël.

La requête déposée jeudi émane de juristes du monde entier, notamment de Turquie, de France, d’Algérie, de Tunisie, du Maroc…

Depuis la 7 octobre, le gouvernement israélien et l’armée de ce pays multiplient tant les déclarations que les actes qui relèvent de la justice internationale.

Les bombardements sur la bande de Gaza, un minuscule territoire où s’entassent plus de 2 millions de personnes, ont causé un massacre parmi la population civile : plus de 11.000 morts, dont 4.500 enfants, plus de 25.000 blessés et plus d’un million de déplacés.

Dans ses bombardements, l’aviation israélienne n’épargne pas les hôpitaux, où sont évacués les blessés et où les civils trouvent refuge.

Le 17 octobre, le bombardement de l’hôpital Al Ahli a fait plus de 500 morts. Depuis vendredi 10 novembre, c’est le grand complexe sanitaire Al Shifa qui est ciblé. Le complexe est mis hors service et les Israéliens ont bombardé même ses alentours, ciblant la population civile qui fuyait l’endroit.

La propagande israélienne atteint ses limites

Outre cette agression indiscriminée qui touche essentiellement la population civile, un embargo total est imposé à l’enclave, au mépris du droit humanitaire international.

Un acte assumé par le gouvernement israélien, dont un membre éminent, le ministre de la Défense, Yoav Galant, a annoncé le 9 octobre que la bande de Gaza sera privée d’eau, d’électricité, de carburant et de nourriture. « Nous combattons des animaux et nous les traiterons comme tel », a-t-il déclaré.

Le gouvernement israélien a aussi enjoint à la population du Nord de l’enclave de se déplacer dans le Sud. Même ceux qui se sont exécutés n’ont pas échappé aux bombes en cours de route ou une fois dans le Sud. Israël est soupçonné de vouloir opérer un nettoyage ethnique à Gaza en déplaçant sa population vers le Sinaï égyptien.

Tous ses faits constituent autant de griefs contre le gouvernement israélien et son armée, lesquels griefs mettent dans la gêne même les soutiens les plus zélés de l’État hébreu. La comparaison avec l’Ukraine rend difficile pour les Occidentaux la tâche de continuer à défendre Israël.

La Guerre Russie-Ukraine a fait, en plus de dix-huit mois, plus de victimes civiles qu’en a causé en un mois l’agression israélienne contre Gaza.

Il y a aussi cet autre chiffre qui, à lui seul, traduit toute la barbarie qui est en train de s’opérer en Palestine : en quelques semaines, l’armée israélienne a largué plus de tonnes de bombes sur le minuscule territoire surpeuplé que ce qu’a lancé l’armée russe en près de deux ans sur toute l’Ukraine, un pays infiniment plus vaste que Gaza.

Outre les actions au niveau de la justice internationale, l’évolution de la situation en Palestine tourne chaque jour, malgré les énormes pertes humaines, à une victoire politique et morale des Palestiniens.

L’opinion publique occidentale est en train de se retourner contre Israël, comme le montrent les marches pro-palestiniennes imposantes qui se tiennent chaque week-end dans les principales capitales de l’Occident, y compris aux États-Unis et au Royaume-Uni. Ce samedi, plus de 300.000 personnes ont marché à Londres en soutien aux Palestiniens.

Même les gouvernements occidentaux commencent à montrer leur impatience. Après un mois de soutien ferme à Israël et à son « droit de se défendre », le président français Emmanuel Macron a été le premier dirigeant d’un grand pays occidental à appeler ouvertement à un cessez-le-feu à Gaza, et ce, après avoir appelé en vain à une trêve humanitaire.

La nouvelle position du président français, qui va sans doute faire tache d’huile dans les prochains jours, est le signe que la propagande israélienne a atteint ses limites.

Outre son appel à un cessez-le-feu, le président Macron a décidé de ne pas prendre part à la « marche contre l’antisémitisme » dimanche 12 novembre à Paris. Cette manifestation à laquelle les présidents des deux chambres du Parlement français ont appelé au risque de se transformer en une marche contre les musulmans en France, en raison de l’annonce de la participation de Marine Le Pen et d’Éric Zemmour, deux figures de l’extrême droite.

Après avoir manifesté son soutien « inconditionnel » à Israël après les attaques du Hamas, samedi 7 octobre, le président Macron a changé sa position vis-à-vis du gouvernement de Benyamin Netanyahou, sans doute parce qu’il a constaté une évolution au sein de l’opinion publique française par rapport à la guerre contre Gaza.

Mais aussi à cause des risques de l’importation du conflit dans le pays, en raison des attaques récurrentes des pro-israéliens et de l’extrême droite contre les citoyens français de confession musulmane.

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