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Monde arabe : où est passée la voix de la France ?

La politique arabe de la France n’est plus ce qu’elle était il y a vingt ans quand elle était dirigée par Jacques Chirac.

Tout le monde se souvient du discours prononcé le 14 février 2003 par le ministre français des Affaires étrangères, Dominique de Villepin sur l’opposition de Paris à l’invasion de l’Irak par les États-Unis, qui avait accusé faussement ce pays de détenir des armes de destruction massive. Depuis ce discours resté dans l’histoire, la politique arabe de la France a considérablement changé.

Sa position par rapport aux événements actuels en Palestine et en Israël confirme le changement de cap effectué, il y a une quinzaine d’années sous le président Nicolas Sarkozy.

Sur le plateau de France 5, la journaliste de Libération Alexandra Schwartzbrod a rappelé l’époque où le simple fait de prononcer le nom du président Jacques Chirac (1995-2007) (ou celui de Zinédine Zidane) « ouvrait grand les bras » et faisait s’ « illuminer le visage des Palestiniens ».

C’était en 2000. Elle se souvient aussi de Chirac « comme quelqu’un de dur avec Israël », comme lors de sa fameuse visite dans ce pays en 1996, lorsqu’il s’était emporté devant les caméras contre les services de sécurité israéliens.

« Il était considéré vraiment comme un ami du monde arabe », mais tout cela n’est plus qu’un lointain souvenir, a-t-elle dit. « La voix de la France ? Elle était, maintenant, c’est fini », regrette la journaliste.

Dans son analyse, Alexandra Schwartzbrod estime que le président Emmanuel Macron « a essayé de reproduire ça, mais il n’y est pas arrivé ». Aujourd’hui, il est « totalement décrédibilisé dans le monde arabe » à cause de ses promesses « non tenues », estime-t-elle.

Au vu de ce qui se passe actuellement en Palestine, la situation ne devrait pas s’arranger pour l’image de la France dans la région.

« Notre déclassement va encore se creuser au Moyen-Orient », a répondu le journaliste Georges Malbrunot à un tweet d’Alexandra Schwartzbrod.

Gérard Araud, ancien ambassadeur de France aux États-Unis et en Israël, y est allé aussi de son commentaire. « Vingt années ont passé. Le monde a changé […] Dès l’époque de Chirac, la montée de l’antisémitisme en France a pesé sur notre politique étrangère », a écrit celui qui, à l’époque de Chirac justement, qualifiait déjà Israël d’ « État d’apartheid ».

Politique arabe de la France : « Le monde a changé »

L’antisémitisme passé qui alimente le soutien présent à Israël est aussi mis en exergue par la romancière libanaise Dominique Eddé dans une lettre ouverte au président Français Emmanuel Macron.

« Elle n’est plus tolérable cette logique qui consiste à s’acquitter d’un passé odieux en faisant porter le poids à ceux qui n’y sont pour rien », écrit-elle dans sa lettre publiée dans le quotidien libanais l’Orient-le-Jour, estimant que les dirigeants européens, français et allemands, notamment, puisent « dans la peur du peuple juif un remède à (leur) culpabilité ».

L’écrivaine interpelle Emmanuel Macron sur la politique étrangère actuelle de la France, précisément sa position vis-à-vis du conflit israélo-palestinien et les bombardements en cours sur la bande de Gaza.

« L’horreur qu’endurent en ce moment les Gazaouis, avec l’aval d’une grande partie du monde, est une abomination » qui « résume la défaite sans nom de notre histoire moderne », écrit-elle.

Si, ajoute-t-elle, les Arabes ou les musulmans tardent à dénoncer l’attaque du Hamas du 7 octobre, c’est que « leur histoire récente est jonchée de carnages » et les humiliations ont « fini par épuiser leur réserve d’indignation ».

« Le colonialisme, la politique de répression violente et le régime d’apartheid » d’Israël « sont des faits indéniables », indique Dominique Eddé qui explique à Emmanuel Macron que « s’entêter dans le déni, c’est entretenir le feu dans les cerveaux des uns et le leurre dans les cerveaux des autres ».

Aussi, le président français est exhorté par la romancière libanaise d’exiger l’arrêt immédiat des bombardements israéliens sur Gaza, d’user de sa voix « non pas seulement pour un aménagement de corridors humanitaires dans le sillage de la politique américaine, mais pour un appel à la paix » et de cesser d’accorder un « blanc-seing à la politique israélienne ». La souffrance des Palestiniens « n’est plus soutenable », tonne-t-elle.

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