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Mondial 2022 : avalanche de propos xénophobes en France

Mondial 2022 : avalanche de propos xénophobes en France

La France et le Maroc s’affrontent ce mercredi soir (20h), à Doha (Qatar) en demi-finale du Mondial 2022. Comme il fallait s’y attendre, avant même sa tenue, la rencontre déborde du cadre sportif.

Sur les réseaux sociaux et même sur les plateaux télé de l’Hexagone, on assiste à une avalanche de propos racistes débridés, tant sur le comportement des supporters marocains dans les rues de Paris que sur la composante humaine de l’équipe de France, pas suffisamment « blanche » aux yeux de certains.

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Eric Zemmour a failli faire croire que son souci est la culture et la civilisation de la France historique, menacées du « grand remplacement » qu’il brandit comme un spectre maintenant depuis plusieurs années.

Présence de joueurs « africains » en équipe de France : un vieux débat

Son vrai problème, il l’a révélé à l’occasion de cette Coupe du monde au Qatar. Le président de « Reconquête » n’a pas pris de chemins détournés pour dire explicitement ce qui le dérange le plus chez cette équipe de France qui est pourtant toujours en lice pour garder son titre mondial : à ses yeux, elle compte trop de joueurs noirs.

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« Le fait qu’il y ait 8, 9 joueurs d’origine africaine, de couleur noire, ce n’est pas la même chose. S’il y avait 9 joueurs blancs dans l’équipe sénégalaise, je pense que les Sénégalais s’interrogeraient », a-t-il explicitement dénoncé.

Moins explicite, Jordan Bardella a félicité Olivier Giroud et Didier Deschamps, sans les autres, après la victoire des Bleus face à l’Angleterre. Il prolonge ainsi le débat qui n’est pas nouveau sur la présence de joueurs de couleur en équipe de France.

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En 2006, Jean-Marie Le Pen, fondateur du Front national, devenu Rassemblement national, avait déjà pointé la portion trop importante des joueurs de couleurs dans l’équipe de France, alors entraînée par Raymond Domenech.

« On n’est plus dans ses analyses habituelles. Éric Zemmour a fondé ses analyses sur la religion, la culture… Ici, ce qui lui pose clairement problème, c’est la couleur de peau. Nous sommes face à l’expression la plus claire et la plus explicite du racisme », a réagi le chroniqueur et politologue Clément Viktorovitch.

Eric Zemmour adopte le même procédé pour évoquer les manifestations de joie des supporters de l’équipe du Maroc en France. Selon lui, ils n’ont pas à le faire puisqu’ils détiennent aussi la nationalité française, se demandant quelle serait la réaction du roi Mohamed VI et des Marocains si des franco-marocains venait à fêter à Marrakech la victoire de l’équipe de France.

« Cinquième colonne »

En fait, c’est toute l’extrême-droite qui est vent debout contre ces scènes de liesse des supporters du Maroc dans les rues de Paris. Pourtant, il n’y a pas eu de débordements graves jusque-là, à chacune des nombreuses victoires du Maroc depuis le début du Mondial 2022.

Et c’est le premier responsable de la sécurité du pays, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, qui l’atteste en relevant qu’il y avait « trois bris de glace » et deux scooters vandalisés sur les Champs Elysées pour une foule de plus de 20 000 personnes.

Ce n’est pas l’avis de toute la sphère d’extrême-droite, habituée à surfer sur le moindre incident impliquant des Maghrébins en France. Sur Twitter et les plateaux télé, on n’hésite plus à parler de « guérilla civilisationnelle », de « risque de guerre civile », d’ « émeutes »…

Non seulement il n’y a pas eu de débordements d’une gravité qui justifierait un tel lexique, mais des heurts ont eu lieu par le passé, parfois même lors de la célébration de victoires de l’équipe de France, rappelle Victorovitch. Comme lors du Mondial 2018.

« Dans l’esprit de ces commentateurs, les franco-marocains ne sont pas de simples supporters qui fêtent la victoire de leur équipe », mais « des colonisateurs dissimulés qui préparent dans l’ombre le terrain pour l’envahisseur », explique le politologue. Il s’agit du fantasme de la « cinquième colonne » et de la phobie « refoulée » du colonisateur de se retrouver lui-même colonisé, conclut-il.

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