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Mondial 2022 : le Maroc va-t-il être ingrat avec Halilhodzic ?

La « malédiction » ou le « syndrome » Vahid pourrait bientôt faire son entrée dans le glossaire du football pour désigner un technicien qui qualifie son équipe à une grande compétition sans pouvoir la disputer.

Le sélectionneur bosnien du Maroc, Vahid Halilhodzic, vient d’arracher avec les Lions de l’Atlas une belle qualification au mondial 2022, mais pourrait devoir quitter son poste avant le début du tournoi qatari. Et ce n’est pas la première fois que cela lui arrive. Coach Vahid devrait se souvenir de l’Algérie comme la seule nation qui n’a pas été ingrate avec lui.

Très critiqué depuis plusieurs mois à cause notamment de ses conflits avec certains joueurs de la sélection marocaine et l’échec de cette dernière à la Coupe d’Afrique des nations disputée en janvier-février au Cameroun, Halilhodzic a cru avoir fait taire tout le monde en qualifiant, fin mars, son équipe au Mondial, et avec brio (1-1 et 4-1 face à la République du Congo démocratique en tour de barrage).

À peine une semaine après la double confrontation, le président de la Fédération royale marocaine de football, Fouzi Lekjaa, a tenu des propos qui laissent penser que le Bosnien pourrait ne pas être sur le banc des Lions de l’Atlas au Qatar en novembre prochain.

« Rien n’est figé. On ne peut pas dire qu’il est indispensable et intouchable, tout comme Fouzi Lekjaa. La décision sera prise le moment venu », a répondu le patron de la FRM à une question sur l’avenir du sélectionneur et les propos ont été rapportés par la presse marocaine.

Puis il explique clairement ce qu’il lui reproche : ses rapports tendus avec certains internationaux. « Nous travaillons dur pour ramener certains joueurs en équipe nationale. Il y a des problèmes qui peuvent être résolus et seront résolus afin que Mazraoui, Ziyech, Hamdallah et d’autres puissent retourner en équipe nationale », a indiqué Lekjaa.

« Je n’ai aucun commentaire là-dessus et ça ne m’intéresse pas non plus (…) Le temps nous le dira. J’ai fait mon travail, les résultats sont là, je n’ai aucun problème », a réagi sèchement coach Vahid.

Intransigeant sur la discipline, l’ancien sélectionneur de l’Algérie avec qui il a atteint les 8e de finale du Mondial 2014, a en effet écarté de nombreux joueurs de la sélection, dont certains évoluent au plus haut niveau en Europe, comme Hakim Ziyech, vainqueur la saison passée de la Ligue des champions avec Chelsea. Sélectionné pour le dernier match de barrage, Ziyech a refusé de venir.

L’antithèse de Bora Milutinovic

Le message de Lekjaa n’est pas trop difficile à déchiffrer : si le sélectionneur n’adoucit pas sa position sur certains joueurs, il sera fait appel à un autre coach qui permettra au Maroc d’aller en Coupe du monde avec tous ses atouts.

Si la menace est mise à exécution, ce serait la troisième fois que le Bosnien est empêché de disputer une coupe du monde pour laquelle il a arraché la qualification sur le terrain.

En 2009, il a qualifié la Côte d’Ivoire pour le mondial 2010 mais il a été limogé suite à l’élimination des Eléphants en quarts de finale de la CAN 2010 par l’Algérie. C’est cette dernière sélection qu’il prendra en 2011 et qu’il qualifie au mondial 2014.

Avec les Verts, coach Vahid dispute la plus prestigieuse compétition internationale et atteint même le deuxième tour, une première dans l’histoire de l’Algérie. Après le mondial, il démissionne de son plein gré en dépit des sollicitations, y compris au plus haut niveau de l’État, pour qu’il reste. Il n’aurait peut-être pas dû.

Après quelques passages infructueux dans des clubs, il est nommé sélectionneur du Japon, qu’il qualifie à la Coupe du monde 2018. Mais il ne verra pas la Russie car il sera remplacé à deux mois du tournoi. La fédération nippone avait évoqué un « choc culturel », expliquant que le sélectionneur ne s’entendait pas avec les joueurs japonais.

Pourtant, lors de la dernière décennie, Halilhodzic a réalisé un exploit unique en réussissant à qualifier quatre nations différentes à quatre coupes du monde consécutives. S’il est limogé par le Maroc, il n’en aura disputé qu’une seule. Il deviendrait alors l’antithèse de Bora Milutinovic.

Le célèbre technicien serbe a participé à cinq phases finales de coupe du monde entre 1986 et 2002 mais il n’a arraché la qualification qu’une seule fois, avec la Chine en 2002. Auparavant, il avait mené le Mexique en 1986 et les États-Unis en 1994 en tant que pays organisateur, et il a été nommé sélectionneur du Costa Rica et du Nigeria alors que ces deux nations étaient déjà qualifiées pour les éditions 1990 et 1998 respectivement.

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