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MSP, Oulémas : ces Algériens qui applaudissent les Talibans

MSP, Oulémas : ces Algériens qui applaudissent les Talibans

Depuis le 15 de ce mois d’août, les Talibans sont de retour au pouvoir en Afghanistan, 20 ans après avoir été chassés par l’intervention américaine.

Tandis que les Afghans tentent par milliers de quitter le pays de peur de représailles et du nouveau mode de vie que pourrait leur imposer ce mouvement à la vision ultra rigoriste de la religion, le monde est dans l’expectative.

Grandes et moyennes puissances attendent de voir les premiers actes concrets des nouveaux maîtres de Kaboul.

L’Algérie n’a rien dit pour le moment. Aucune réaction n’a émané du ministère des Affaires étrangères ou d’une autre instance officielle.

Mais certaines personnalités, organisations et partis politiques ont pris le risque de se retrouver en porte-à-faux avec la position officielle du pays et se sont empressés d’applaudir la prise du pouvoir en Afghanistan par les Talibans.

Abderrazak Makri, président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), s’en est félicité publiquement. Une position que d’aucuns ont considérée comme une double erreur politique.

D’abord, on ne connaît pas encore l’avis des autorités algériennes. M. Makri devait attendre la réaction officielle de l’Algérie pour calquer sa position sur celle du pays. Il est connu depuis toujours que, sur les questions diplomatiques, l’Algérie parle d’une seule voix.

La deuxième erreur du président du MSP est d’avoir félicité un mouvement qui a pris le pouvoir par la force des armes, ce qui est contraire à la philosophie du pays et même de son parti.

Dans une tentative de rectifier le tir et tempérer ses propos, Abderrazak Makri a au contraire enfoncé le clou en comparant, dans un post mis en ligne lundi 23 août, la retraite des soldats américains d’Afghanistan à celle des troupes françaises chassées d’Algérie en 1962 par les moudjahidines de l’ALN.

Des précédents avec la Libye et la Tunisie

Sur la crise en libyenne, Abderrazak Makri n’a jamais caché son soutien à l’ex-gouvernement d’union nationale de Fayez Al-Serradj, opposé aux forces de Khalifa Haftar. Al-Serradj est ouvertement soutenu par la Turquie et la mouvance des Frères musulmans dont se réclame le MSP.

Le parti islamiste a toutefois toujours tenu à préciser que cette position est conforme à celle de l’État algérien.

Si cela est vrai dans une certaine mesure (sachant que l’Algérie n’est pas en bons termes avec Haftar mais s’est toujours tenue à équidistance des belligérants), le président du MSP a pris une position aux antipodes de celle des autorités officielles concernant la crise en Tunisie.

Dès l’annonce des mesures prises par le président Kais Saied contre le mouvement Ennahdha (issu lui aussi des Frères musulmans), Abderrazak Makri a qualifié les décisions du président tunisien de coup d’État contre la constitution, l’accusant de mener la Tunisie vers la catastrophe et la grande discorde.

Une position qu’aucune voix officielle algérienne n’a exprimée. Au contraire, des allégations de réserves de l’Algérie quant à ce qui se passe en Tunisie ont été formellement démenties. Le ministre des Affaires étrangères algérien Ramtane Lamamra a été reçu à trois reprises depuis le 25 juillet par le président tunisien qui a aussi multiplié les entrevues téléphoniques avec son homologue algérien.

Une autre organisation algérienne d’obédience islamiste a ouvertement applaudi la victoire des Talibans en Afghanistan. Il s’agit de l’association des Oulémas musulmans.

Pour Abderrazak Guesssoum, président de l’association, qui a consacré un long texte à la question sur le site de l’association, le fait que les Talibans ont annoncé qu’il n’y aura pas de représailles est suffisant pour les qualifier de « soldats de dieu » et de leur souhaiter « la bienvenue », même s’il émet au passage quelques réserves sur la vision ultra rigoriste de l’Islam qu’on connaît aux Talibans.

Guessoum n’hésite pas lui aussi à faire un parallèle entre la conquête du pouvoir par les talibans en Afghanistan, et la lutte du peuple algérien pour son indépendance. Il est allé jusqu’à comparer les talibans aux héros de la révolution algérienne : Amirouche, Ben M’hidi, Ben Boulaid et Abane.

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