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Nouveau Premier ministre : quel profil pour Tebboune ?

Nouveau Premier ministre : quel profil pour Tebboune ?

Les résultats des élections législatives connus et validés par le Conseil constitutionnel, place aux supputations concernant la constitution du nouveau gouvernement.

Le premier ministre Abdelaziz Djerad a remis jeudi 24 juin sa démission et celle de son équipe au président de la République Abdelmadjid Tebboune.

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Aussitôt celui-ci a annoncé et entamé des « consultations » avec les forces politiques arrivées en tête des législatives en vue de la mise en place d’une nouvelle équipe gouvernementale.

Trois partis, le FLN, le MSP et le RND, ainsi qu’une délégation des Indépendants ont été reçus jusqu’à hier dimanche par le chef de l’Etat.

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Rien ne sera annoncé avant la fin des consultations avec les principales formations qui constituent la nouvelle carte politique issue des dernières législatives. Il reste encore à recevoir au moins deux partis, le Front El Moustakbal et le mouvement El Bina qui ont remporté respectivement 48 et 39 sièges.

Pour quelle forme d’Exécutif optera le président à l’issue de ces discussions ? La Constitution amendée en novembre dernier prévoit deux cas de figure : un Premier ministre dans le cas d’une majorité présidentielle ou alors un chef de gouvernement issu du ou des partis majoritaires.

Pour beaucoup, on n’est pas devant des conciliabules à proprement parler pour la formation d’un gouvernement comme on en voit dans les grandes démocraties au lendemain de législatives sans majorité absolue d’une formation politique.

La raison en est simple : ce genre de pourparlers est mené par la personnalité désignée pour former l’Exécutif, et non par le président.

Ce qui éloigne avec une quasi-certitude l’éventualité de nommer un chef de gouvernement issu de l’un des partis arrivés en tête. D’autant que les vainqueurs des législatives n’ont manifesté aucune hostilité vis-à-vis du président, même si le FLN et le RND ne l’ont pas soutenu en 2019.

Abdelmadjid Tebboune devrait très vraisemblablement nommer un Premier ministre qui continuera à exécuter son programme et il ne fait presque pas de doute qu’il est assuré dans cette démarche par au moins deux des partis qu’il a reçus jusque-là (FLN et RND), en attendant au moins deux autres (El Bina et El Moustakbal).

Les chefs de partis déjà reçus ont fait quelques « révélations » sur la teneur de leurs rencontres respectives avec le chef de l’Etat. Le SG du FLN a par exemple indiqué que le futur gouvernement sera « politique » et que le président a proposé au parti d’y « participer ». Le chef du RND, lui, a expliqué que M. Tebboune a demandé « à lui proposer des noms ». « Le futur gouvernement sera celui des compétences », a assuré Tayeb Zitouni.

Mais on ne sait toujours pas pour quel profil de Premier ministre le président Tebboune optera-t-il à l’issue de ces consultations ?

Un « politique » ou un technocrate aux « idées claires »

Pour son premier gouvernement, le chef de l’Etat a opté pour un technocrate qui a certes exercé de hautes fonctions, mais qui n’avait jamais fait de politique.

Abdelaziz Djerad était là pour mettre en œuvre le programme présidentiel et il s’est comporté en conséquence. En dix-huit mois d’exercice, il a renvoyé l’image d’un Premier ministre complètement effacé et surtout irrésolu sur bien des dossiers.

Il n’est pas dans les mœurs politiques algériennes qu’un Premier ministre prenne l’initiative, encore moins mette en œuvre ses idées et Abdelaziz Djerad n’a pas dérogé à la règle.

Même s’il a à sa décharge la pandémie et l’instabilité politique, il n’est pas exagéré d’avancer que sous son gouvernement, presque rien n’a fonctionné, avec une dégradation des services publics et des crises et tensions successives, mais il serait peut-être injuste de lui en endosser la responsabilité. Son bilan est aussi celui du fonctionnement du système politique algérien.

Abdelaziz Djerad, qui gère en ce moment les affaires courantes du gouvernement, cédera sans doute sa place dans les prochains jours, mais pour qui ?

A un technocrate, effacé comme lui ou pas, ou à un « politique » ? Abdelmadjid Tebboune franchira-t-il le pas de réhabiliter enfin le « politique » et de rompre avec cette pratique introduite par Bouteflika qui réservait le gros des portefeuilles à un personnel issu de l’administration et des universités ? Le changement passe également par-là, l’efficacité de l’action gouvernementale aussi.

On ne sait quel crédit accorder aux supputations en cours, mais les noms avancés ici et là pour succéder à Abdelaziz Djerad laissent sceptique. Ils ont tous le profil de technocrates ayant gravi les échelons de l’administration jusqu’à accéder à des fonctions ministérielles.

Mis à part peut-être Abdelaziz Rahabi, cité comme potentiel Premier ministre. Ancien diplomate et sans attache partisane certes, Rahabi peut néanmoins être considéré comme un politique pour son parcours de ces vingt dernières années. Son profil peut aussi rassurer et l’opposition et le système, mais il n’est pas certain d’abord qu’on lui propose le poste, ensuite qu’il l’accepte dans une conjoncture de net recul du respect des libertés.

A défaut d’opter pour un politique dans une conjoncture de crise politique, s’il juge que le moment n’est pas opportun pour faire un tel pas, Abdelmadjid Tebboune devra au moins choisir un technocrate aux « idées claires » sur le plan économique et lui laisser les coudées franches.

Dans une conjoncture plus que difficile marquée par la baisse des revenus pétroliers, l’Algérie a plus que jamais besoin de se fixer un cap économique et d’en finir avec la navigation à vue.

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