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Pénurie d’anticancéreux en Algérie : la colère du Pr Boudiaf

Pénurie d’anticancéreux en Algérie : la colère du Pr Boudiaf

Depuis de nombreux mois, un certain nombre de médicaments anticancéreux manquent en Algérie selon des spécialistes qui ne cessent de tirer la sonnette d’alarme.

Dans une déclaration à TSA ce mercredi 9 novembre, le professeur Houda Boudiaf, chef de service d’oncologie pédiatrique du CHU Mustapha (à Alger), a lancé un véritable cri de détresse.

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« Il est inacceptable qu’en 2022 on vive encore ce type de situation, a-t-elle dit. Ces situations poussent les professionnels de la santé vers la porte de sortie ».

Au sujet des ruptures cycliques des médicaments anticancéreux enregistrées en Algérie, le Pr Boudiaf ne trouve pas de mots pour décrire la situation. « On vit une période de pénurie, de rupture, d’indisponibilité. On ne sait même plus quel terme utiliser », a-t-elle dit, exaspérée.

Pour le Pr Boudiaf, quel que soit le terme employé pour évoquer le manque de médicaments anticancéreux en Algérie, « le résultat est le même. »

« En tant que praticiens, nous n’avons pas le médicament et la drogue de chimiothérapie pour appliquer et respecter le protocole de chimiothérapie », a-t-elle déploré.

« Cela fait deux mois que nous n’avons pas un seul flacon de vincristine, qui est la drogue majeure pour traiter les hémopathies malignes et les tumeurs rénales. Hier encore, j’ai appris la rupture de deux autres médicaments, et je pense que la liste va encore s’allonger », a regretté la chef de service d’oncologie pédiatrique du CHU Mustapha, le plus grand du pays.

Pour elle, qui a tenu a rappelé que son devoir en tant que médecin est de « dispenser des soins de qualité et de guérir les enfants », il est « inacceptable qu’en 2022 on vive encore ce type de situation. »

« Cela fait deux ans que l’on vit avec ces pénuries qui ont touché plusieurs médicaments. Nous avons alerté les deux ministères (de la Santé et de l’Industrie pharmaceutique), ainsi que la Pharmacie centrale des hôpitaux. Nous avons eu à un moment donné un certain espoir pour qu’ils s’organisent et pour qu’il n’y ait plus ce genre de rupture. Mais hélas, nous retombons toujours dans la même problématique, qui est un véritable drame pour nous les praticiens », a-t-elle déploré.

« Ceci est un appel de détresse »

Le Pr Boudiaf a ajouté : « Ceci est un appel de détresse à l’attention de ceux qui sont censés solutionner ce problème. Si on respectait uniquement le stock de sécurité de médicaments, on n’arriverait pas à ce type de situation. »

« Je suis en colère et fatiguée. Ces situations poussent les professionnels de la santé vers la porte de sortie. J’ai mal pour mes patients, d’autant plus que l’enfant atteint de cancer peut être guéri à hauteur de 80%, voire plus pour certaines pathologies. Nous ne demandons pas de médicaments onéreux. La vincristine, à titre d’exemple, ce n’est pas plus de sept euros », a lancé la chef de service d’oncologie pédiatrique du CHU Mustapha.

Soulignant ne pas avoir perdu de malades faute de médicaments, elle a expliqué devoir faire appel parfois à des associations pour se procurer certains produits pour ses patients.

« Lorsque la vincristine est en pénurie, je finis par l’avoir via des associations. Je la reçois de France. Ce qui m’importe, c’est d’avoir le médicament en temps voulu pour le patient. Sinon, j’essaye de me procurer les médicaments (qui manquent à l’hôpital Mustapha) des pharmacies centrales à l’intérieur du pays. Il faut regarder la disponibilité des médicaments et avoir une traçabilité des produits », a-t-elle dit.

« Il y a de plus en plus de cas de cancers chez l’enfant. Laissons-nous travailler dans les meilleures conditions et dans une atmosphère sereine. Nous n’avons pas besoin de ce stress lié au manque de médicaments », a conclu le Pr Boudiaf.

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