Rien ne va plus entre l’Algérie et le Maroc. Depuis août dernier, les deux voisins n’entretiennent plus de relations diplomatiques, et les tensions politiques ont fatalement débordé sur le sport.
La rivalité, notamment footballistique, entre les deux nations est devenue maladive, comme le montre cette sortie de Vahid Halilhodzic, sélectionneur des Verts entre 2011 et 2014 et actuellement à la tête des Lions de l’Atlas.
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Les sélections de football d’Algérie et du Maroc comptent parmi les meilleurs d’Afrique du moment. Grâce à leur présence dans le top 5 du continent au classement FIFA, elles sont assurées de s’éviter au tour des barrages dont le tirage au sort devrait se faire incessamment.
Un match Algérie-Maroc d’une telle importance, à fortiori dans cette conjoncture de grave crise politique entre les deux pays, aurait été explosif, peut-être bien plus que celui qui a opposé l’Algérie à l’Egypte en 2009 en barrage du mondial 2010. Le tirage au sort les a aussi mis dans des groupes différents pour la prochaine CAN au Cameroun.
Mais le hasard fait parfois bien (ou mal) les choses. Avant les barrages du mondial et la CAN, la coupe arabe est organisée au Qatar et la complétion, qui devait être sans importance majeure, s’avèrera un tournoi suivi avec engouement dans tout le monde arabe.
Pour avoir reçu plus de cartons que l’Egypte au premier tour, l’Algérie tombe sur le Maroc en quarts de finale. Si le match s’est déroulé dans un fair-play exemplaire entre les joueurs sur le terrain, et même entre les supporters dans les gradins, les réseaux sociaux se sont enflammés et la défaite des Lions de l’Atlas aux tirs au but n’a pas été acceptée par une frange des supporters marocains.
La compétition s’est terminée le 18 décembre avec le sacre de l’Algérie qui a battu la Tunisie en finale, mais la défaite marocaine n’est toujours pas digérée. Au point que le sélectionneur Vahid Halilhodzic a évité de prononcer le mot « Algérie » dans une déclaration publique, reconnaissant que cela pourrait susciter des tensions.
L’aveu de Vahid
Coach Vahid a été interrogé sur l’équipe qu’il voit favorite pour remporter la prochaine CAN. Logiquement, c’est l’Algérie, championne d’Afrique en titre et qui vient de remporter la coupe arabe quasiment avec son équipe B. Voici la réponse du Bosniaque :
« Si je donne le nom de cette équipe, ça va créer des… (rires). Il y a de bonnes équipes, de très bon niveau, avec des joueurs remarquables et de classe mondiale. Je ne veux pas prononcer son nom vis-à-vis de… Enfin, je veux, mais ça va créer des tensions. Mais c’est une compétition très élevée et il y a de bonnes équipes encore une fois. »
Pourtant, depuis qu’il a quitté l’équipe nationale, qu’il a réussi à qualifier au deuxième tour du mondial 2014 pour la première fois de son histoire, le coach Vahid n’a jamais raté une occasion pour faire les éloges de ses joueurs, du public algérien et de son passage à la tête des Verts.
En étant à la tête du Maroc dans cette conjoncture précise, tout change, où le seul fait de prononcer le nom de son ancienne équipe n’est pas sans risques.
La rivalité commence à dépasser l’entendement. L’ancien international marocain Abdeslam Ouaddou l’a vérifié à ses dépens lorsqu’il a d’abord appelé au fair-play en quarts de finale de la coupe arabe puis pour avoir félicité l’Algérie pour sa victoire.
Ouaddou, qui a des origines marocaines et maliennes, a été victime d’insultes racistes à large échelle sur les réseaux sociaux. Et ce n’est pas la première fois que cela lui arrive.
Au printemps dernier, il a été attaqué pour avoir souhaité bonne chance au président de la Fédération algérienne de football de l’époque, Kheireddine Zetchi, candidat au comité exécutif de la CAF. Zetchi avait ouvert les portes de la sélection nationale au Marocain pour qu’il puisse effectuer son stage d’entraîneur aux côtés de son ami Djamel Belmadi.
Un autre dérapage a été signalé après la coupe arabe sur le plateau de la chaîne sportive Al Kass, lorsqu’un consultant algérien a distribué des maillots de l’équipe nationale à toute l’assistance, sauf au consulat marocain présent sur le plateau. Difficile de le croire lorsqu’il a expliqué qu’il a agi ainsi sur instruction de la Fédération algérienne.