Économie

Rabah Arezki, économiste en chef à la BM, livre la recette pour la digitalisation de l’économie algérienne

Le développement de l’économie numérique est le thème de prédilection et le souffle nouveau que la Banque mondiale et les autorités algériennes souhaitent donner à une coopération mise en sommeil au cours des dernières années.

C’est en tous cas le langage tenu au cours des derniers mois par l’économiste en chef de la BM pour la région Mena, l’Algérien Rabah Arezki qui était ce jeudi 28 juin l’invité de TSA Direct.

Présent à Alger pour participer à l’évènement Smart city, co- sponsorisé  par la Banque Mondiale, Rabah Arezki rappelle qu’il s’inscrit dans le prolongement d’une Conférence régionale organisée à Alger en mars dernier qui « avait déjà été un grand succès en faisant sentir l’élan de la jeunesse et en donnant lieu à énormément de discussions et d’échanges »; avec  en particulier une wilaya d’Alger qu’il juge très  impliquée sur la problématique des villes intelligentes.

Un nouveau modèle de croissance

Ce discours volontairement très positif fait place rapidement à des analyses  qui insistent sur le nécessaire renouvellement du modèle de croissance des pays de la région, notamment en Afrique du Nord.

Un modèle  qui « doit reposer de moins en moins sur la dépense et les acteurs publics et faire une place croissante à l’économie privée et particulièrement à l’économie digitale. Les dépenses publiques et l’emploi public comme principal instrument de développement ça ne marche plus », prévient l’économiste de la BM.

Dans ce domaine, l’Algérie, plus encore que beaucoup de pays de la région « a investi de façon importante dans l’éducation surtout d’ailleurs en ce qui concerne les femmes ».

Pour Rabah Arezki, ce « grand rattrapage qui était nécessaire a aussi donné lieu à des déceptions ».

 Déconnexion entre la jeunesse éduquée et les nouvelles technologies

La principale source de ces déceptions est le chômage des diplômés qui trouve son explication principale, il en est convaincu, dans « la déconnexion entre la jeunesse éduquée des pays de la région et les nouvelles technologies ».

L’économie numérique dans l’ensemble de la région Mena a donc besoin d’être développée très rapidement et le diagnostic de l’expert algérien dans ce domaine est à la fois précis et sévère.

Il faut commencer par les « fondations que sont, d’une part, un internet de haut débit de qualité et disponible à des prix abordables et d’autre part le m-paiement avec une monétique ouverte à des acteurs non bancaires ».

Autant dire que ces préalables sont aujourd’hui loin d’être réunis et que sans ces ingrédients on ne va pas permettre à la nouvelle économie de « prospérer ».

Une régulation plus ouverte à la concurrence

Rabah Arezki pointe également un second problème qui entrave le développement de l’économie numérique dans les pays de la région : « en plus des fondations, il faut aussi une régulation plus ouverte à la compétition et aux nouveaux acteurs de l’économie. Notre culture de la régulation vise traditionnellement à limiter le risque et la concurrence. Elle cherche encore essentiellement à protéger des opérateurs historiques presque toujours publics. C’est le contraire qu’il faut faire en supprimant progressivement les barrières à l’entrée pour les nouveaux acteurs que sont les start- ups privées ».

Concluant sur un pronostic optimiste, l’économiste de la BM pense discerner que c’est « dans cette direction que s’oriente actuellement les autorités algériennes à travers notamment l’adoption d’un nouveau cadre juridique » estimant que « les retards peuvent être rattrapés en quelques années ».

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