Économie

Rachat d’une raffinerie en Sicile : Ould Kaddour justifie et défend sa décision

Sonatrach a annoncé, mercredi 9 mai, le rachat de la raffinerie d’Augusta en Sicile à la compagnie américaine ExxonMobil ainsi que trois terminaux pétroliers à Augusta, Naples et Palerme. La transaction devrait être finalisée fin 2018.

La raffinerie d’Augusta d’une capacité de 175.000 barils par jour sera « capable de traiter à la fois du Sahara Blend et du fuel résiduel issu de la raffinerie de Skikda », a précisé la Sonatrach.

“La raffinerie d’Augusta représente un actif idéal sur le plan géographique et sur le plan des synergies envisageables avec la raffinerie de Skikda”, avait également déclaré son PDG Abdelmoumen ould Kaddour.

Ce vendredi, il a, une nouvelle fois, défendu cette acquisition, en affirmant qu’elle a coûté moins d’un milliard de dollars. “Nous avons acquis la raffinerie d’Augusta à un prix extraordinaire, soit moins d’un milliard de dollars, sachant que le projet de raffinerie de Hassi Messaoud devra coûter 3 à 4 milliards de dollars”, a déclaré M. Ould Kaddour à la presse en marge de la signature d’un mémorandum d’entente entre Sonatrach et le groupe français Total portant sur un projet de pétrochimie, selon les propos rapportés par l’agence officielle.

« Sonatrach a pu arracher ce contrat de trois autres partenaires » à la suite d’un appel d’offres lancé en août 2017 par Esso Italiana (filiale du groupe américain ExxonMobil). Autrement dit, l’accord n’a pas été conclu de gré à gré.

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Demande domestique en hausse 

Le rachat de cette raffinerie devrait notamment permettre à l’Algérie de diminuer la facture des importations de carburant.

Certes, l’Algérie a entamé un programme de modernisation des raffineries existantes et la construction de nouvelles raffineries. Mais les retards dans la modernisation du parc de raffinage a obligé le pays à importer des produits pétroliers pour satisfaire la demande croissante en interne.

Le pays importe désormais plus de 15 millions de tonnes de carburant par an, contre une production locale de 11,5 millions de tonnes. Après avoir dépensé 800 millions de dollars dans les importations de carburant en 2016, l’Algérie a triplé ses dépenses en 2017 (2,5 milliards de dollars).

L’Algérie « ne peut plus continuer à importer 2 milliards de dollars par an en produits pétroliers », indiquait le PDG de la Sonatrach en janvier dernier. Dans une interview accordée au journal économique français Les Échos cette semaine, Ould Kaddour a de nouveau fait part de son souhait de sortir de ce paradoxe. « Nous sommes un pays producteur de pétrole mais nous devons importer jusqu’à 2 milliards de dollars par an de produits raffinés ».

Pour rappel, en janvier, Sonatrach avait signé un contrat de processing avec une raffinerie italienne pour transformer son pétrole brut avant de le rapatrier afin de réduire la facture d’importation de produits raffinés, assurait la compagnie nationale.

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Un contexte favorable aux rachats de raffineries 

La Sonatrach évoquait depuis quelques semaines son souhait d’acquérir une raffinerie à l’étranger dans un contexte où la remontée des cours pétroliers – les prix renouent avec leur niveaux de fin 2014 – pousse les majors pétrolières européennes et américaines à céder des raffineries.

Si la compagnie ExxonMobil s’est récemment félicitée des bonnes performances dans ses activités de gaz naturel en Europe et aux États-Unis, l’aval, en particulier le raffinage, a vu ses bénéfices plonger de 15,8% parce que la hausse des cours du brut renchérit les coûts de production.

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