Société

Ramadan en Algérie : la face nauséabonde des commerces – Vidéo

Depuis le début du Ramadan en Algérie, les commerces font parler d’eux et ce n’est pas uniquement à cause de la hausse des prix. Les conditions d’hygiène parfois déplorables alternent davantage l’image des commerces algériens auprès de leurs clients.

Il est connu que durant le mois de Ramadan, les Algériens changent leurs habitudes alimentaires, en dépit de l’inflation galopante. La consommation de viandes, de pain et de pâtisseries et confiseries traditionnelles augmente durant cette période de l’année.

Durant le mois de Ramadan, beaucoup de nouveaux commerces notamment dans tout ce qui est confection de gâteaux traditionnels et de pains maisons voient le jour.

Parfois, les magasins changent d’activité notamment dans les endroits reculés. Il n’est pas exclu de passer de la réparation de téléviseurs à la fabrication de zlabia. La reconversion professionnelle se fait sans aucune officialisation au niveau des services de commerce.

Dès lors se pose alors un problème d’hygiène chez les commerces occasionnels ouverts durant le mois de Ramadan en Algérie. Le problème de la propreté se pose également chez les magasins spécialisés à longueur d’année dans l’alimentaire. Attirés par le gain facile, les commerçants ne se soucient pas des conditions d’hygiène.

Sur les réseaux sociaux, les services du ministère du Commerce ainsi que les services de sécurité publient souvent des photos et des vidéos des opérations de contrôle qu’ils mènent dans les commerces. Les résultats sont souvent effrayants et les conditions d’hygiène donnent de la nausée.

Quand on en vient à préparer de la zlabia dans un baril qui a servi à stocker l’huile pour voitures, une question de santé publique se pose systématiquement.

Pas plus tard que ce samedi 15 avril, la commission de l’hygiène, de la santé et de la protection de la wilaya d’Oran est intervenue, accompagnée des services de sécurité et de la Protection civile, au niveau d’un atelier de confection de zlabia dans un quartier de la capitale de l’Ouest algérien.

Les images parlent d’elles-mêmes. L’atelier est dans un état de saleté très avancé. La crasse est partout. Aucune condition d’hygiène n’est respectée. Rien qu’en visualisant la séquence, on a le haut le cœur. Penser que des citoyens ont pu consommer des produits sortis de cet endroit est inconcevable.

Magasins et commerces en Algérie : des images qui font peur

Contacté, Hadj Tahar Boulenouar, président de l’Association nationale des commerçants et artisans (ANCA), a pointé un problème de culture de consommation mais aussi un manque de contrôle.

« Le consommateur qui achète des produits aussi sensibles qu’il va manger n’importe où est en partie responsable. On n’ouvre pas un commerce du jour au lendemain si on n’est pas assuré d’avoir une clientèle », critique-t-il.

Pour ce qui est des contrôles, Hadj Tahar Boulenouar estime qu’il faut les renforcer notamment au niveau des communes où les commissions d’hygiène ne sont pas très actives.

« Il y a 1541 communes et donc autant de commissions d’hygiène. Il est de leur rôle de contrôler tout autant que les directions de commerces dans les wilayas », poursuit-il.

Pour le président de l’ANCA, le phénomène n’est pas général en Algérie. Il assure que les commerçants irrespectueux des normes d’hygiène sont minoritaires et ajoute que les descentes des contrôleurs filmées donnent une ampleur aux incidents relevés.

De son côté, Mohamed Aissaoui, président de l’Association de protection du consommateur «Himayatec» évoque « un problème récurrent qui démontre que les normes élémentaires d’hygiène ne sont pas respectées » dans les commerces et les magasins.

Mohamed Aissaoui a cité un exemple dans lequel son organisation est intervenue et a même déposé plainte contre un producteur de pain traditionnel dans des conditions « terribles ».

Mohamed Aissaoui a évoqué des propositions faites par Hiamayetc au ministère du commerce dont l’obligation d’une formation préalable en hygiène à tout demandeur de registre de commerce notamment dans l’alimentaire.

L’Association de protection de consommateurs a également proposé le retrait définitif du registre de commerce pour les contrevenants ayant atteint un certain degré de gravité avec la création d’une plateforme numérique de doléances.

« Ce n’est pas normal de se contenter d’une simple amende comme une petite tape à la main. C’est inadmissible. Il faut revoir les sanctions et faire preuve de plus de fermeté contre ce qui touche la santé des consommateurs », recommande Aissaoui.

En plus des commerces, beaucoup de produits alimentaires se vendent sur Internet. Dans ce registre, le président de Himayatec propose la mise en place d’un cadre juridique pour cette activité de vente à distance.

« On est devant un cas de vente à distance et non pas de vente en ligne. Une page Facebook peut être fermée en deux trois mouvements sans traçabilité. Il faut mettre en place le e-contrôleur qui a pour mission de contrôler les transactions sur le Net », propose Mohamed Aissaoui, prenant exemple sur les résultats satisfaisants atteints par les brigades de lutte contre la cybercriminalité au niveau des services de sécurité.

Pour Mohamed Aissaoui, Internet est un « no man’s land » et un « environnement favorable à l’escroquerie ».

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