L’Algérie et le Maroc sont des pays très différents en termes des inégalités entre leurs populations.

Tandis que l’Algérie est bien évaluée dans le dernier rapport mondial sur les inégalités, le Maroc réalise la plus faible performance en Afrique et est présenté comme un pays très inégalitaire.

« L’inégalité est un choix politique », estiment les rédacteurs du rapport.

Le rapport mondial sur les inégalités (World inequality report 2022) fait état de la persistance et même de la hausse des inégalités entre les individus dans plusieurs régions du monde.

Le rapport se base sur les données de l’année 2021 et prend en compte plusieurs paramètres, dont la répartition des revenus et des richesses, les revenus des femmes et des ménages…

L’inégalité est déterminée par la part de chacune des trois franges de la société dans les revenus et les richesses : la classe des 10 % les plus riches, celle des 50 % les plus pauvres et la classe intermédiaire.

Il en ressort que la région la plus inégalitaire au monde c’est la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord), tandis que l’Europe est la plus égalitaire, avec de faibles niveaux d’inégalité.

En Europe, les 10 % les plus riches de la population détiennent environ 36 % des revenus, alors que cette proposition atteint 58 % dans la région Mena.

L’Amérique latine est aussi très inégalitaire avec 55 % des revenus qui se concentrent chez les 10 % les plus riches.

L’Asie de l’Est fait mieux avec 43 %.

Presque partout, les inégalités des revenus et des richesses sont en hausse depuis le années 1980, à cause, note le rapport, des programmes de libéralisation « qui ont pris différentes formes selon les pays ».

Parfois, les inégalités ont connu des augmentations spectaculaires comme aux États-Unis, en Russie et en Inde.

Les hausses ont été en revanche relativement plus faibles en Europe et en Chine.

Les différences constatées dans l’évolution des inégalités font déduire aux auteurs du rapport que « l’inégalité n’est pas une fatalité, c’est un choix politique ».

Actuellement, les inégalités mondiales sont proches des niveaux du début du XXe siècle, période de « l’apogée de l’impérialisme occidental ».

L’étude fait ressortir deux tendances : l’aggravation des inégalités à l’intérieur des pays et la réduction des gaps entre les pays.

Alors qu’il était 50 fois plus important, le revenu des 10 % des pays les plus riches n’est plus que de 40 fois la moyenne des revenus des 50 % des pays les plus pauvres.

« Les inégalités de richesse au Maroc sont extrêmes »

Dans le même temps, les inégalités ont considérablement augmenté au sein des pays : l’écart a presque doublé entre les revenus moyens des 10 % les  plus riches et les 50 % inférieurs, de 8 fois à 15 fois.

En Algérie, le revenu national moyen par adulte est égal à 11 630 €, nettement au-dessus de celui du Maroc (7 800 € ).

Le top 10 % des Algériens gagnent en moyenne 44 300 €, soit 10 fois plus que les 50 % inférieurs de la population qui gagnent 4 400 €.

Les 10% les plus riches captent 38 % du revenu national alors que les 50 % inférieurs en bénéficient de 19 %.

Le rapport note aussi que les revenus des 50 % inférieurs stagnent depuis près de 15 ans à des niveaux très bas, « alimentant les inquiétudes concernant la redistribution et la justice sociale dans le pays ».

Les statistiques sont celles de 2021 et ne prennent pas en compte les récentes augmentations des salaires et des pensions et les autres mesures en faveur des faibles revenus (allocation chômage, abattement de l’IRG…).

La richesse moyenne des ménages en Algérie est égale à 19 100 €, 10 fois moins qu’en Occident.

Les 10 % les plus riches détiennent 57 % du patrimoine total (en moyenne 109 000 €) alors que les 50 % les plus bas possèdent moins de 6 % du total (ils possèdent en moyenne moins de 2 300 €).

En Algérie, la répartition par sexe fait ressortir que seuls 12 % des revenus du travail reviennent aux femmes, contre par exemple 38 % en Amérique du Nord.

Au Maroc, le revenu national moyen de la population adulte est de 7 800 €.

L’inégalité des revenus est qualifiée dans le rapport d’ « élevée » et « caractérisée par une classe moyenne relativement pauvre ».

10 % de la population accaparent la moitié des revenus. Les 50 % inférieurs gagnent 2 100 € (13,5 % du total), la classe intermédiaire gagne 7 200 € (37 % du total) et les 10 % les plus riches gagnent 38 700 € (49,5 % du total).

Au Maroc, les inégalités sont endémiques, et malgré de légers décalages, les revenus des 10 % les plus riches n’ont jamais été inférieurs à 48 % et ceux des 50 % inférieurs n’ont jamais dépassé 14 %.

« Les inégalités de richesse au Maroc sont extrêmes », note le World inequality report : le top 10 % de la population possède plus de 63 % du total du patrimoine, alors que les 50 % les plus pauvres possèdent moins de 5 %.