Consommation

Rumeurs sur la pénurie de la semoule : « Qui a intérêt ? »

À l’approche du Ramadhan, les Algériens vivent au rythme des hausses de prix de différents produits, mais surtout des tensions sur l’huile de table et des rumeurs sur un début de pénurie de la semoule.

« Il n’y a pas une crise de la semoule », assure Mustapha Zebdi de l’association des consommateurs (Apoce) pour couper court aux « rumeurs » quant à une probable crise sur ce produit. “Qui a intérêt à lancer cette rumeur ?“, s’interroge-t-il.

Selon lui, cette présumée crise de la semoule est montée de toute pièce. La preuve, ajoute M. Zebdi, les minoteries publiques et privées n’ont à aucun moment modifier leur rythme de production.

« Selon les chiffres officiels, l’Algérie transforme quotidiennement 317 000 quintaux de céréales en farine et 117 000 quintaux à la production de la semoule », avance M. Zebdi dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux.

Il affirme s’appuyer sur les déclarations de minotiers publics et privés qui ne font pas état d’un problème de production. « Nous nous sommes entretenus, pas plus tard que ce matin, avec quelques minotiers aussi bien des secteurs public et privés Tous nous ont certifié qu’ils opèrent à un rythme tout à fait ordinaire et que rien n’a été changé », affirme Zebdi qui s’interroge : « Alors, d’où sortent ces rumeurs ? ».

D’après lui, ce sont celles-ci qui ont poussé le citoyen à modifier son comportement de consommation et qui ont fait que dans certaines wilayas la semoule est introuvable et les citoyens se lancent à la recherche de ce produit.

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Deux hypothèses pour expliquer les rumeurs

« Ces rumeurs sont présentes sur les réseaux sociaux et se transmettent de bouche à oreille », assène le président de l’Apoce qui avance deux hypothèses.

La première est que ces rumeurs ont été lancées par des commerçants qui veulent se débarrasser des énormes quantités de semoule délétères, achetées au printemps dernier au tout début de la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19.

Une hypothèse renforcée, d’après M. Zebdi, par les quantités considérables de sacs de semoule jetés dans les décharges publiques. Plusieurs scènes ont été documentées par l’Apoce qui invite à consulter les photos prises par ses membres dans certaines wilayas.

La seconde hypothèse, poursuit Zebdi, tient au fait que des individus distillent le doute et la crainte dans l’esprit du consommateur à l’approche du mois de Ramadhan, dans le but de le faire éloigner des questions qui tiennent à la vie publique.

Mustapha Zebdi exhorte le consommateur algérien à rationaliser ses achats et à ne pas céder aux rumeurs sur de supposées pénuries. Un piège dans lequel les Algériens sont tombés tout récemment pour de prétendues pénuries de sucre et d’huile de table, alors que la production n’a pas connu de perturbation.

Dès lors, la ruée des consommateurs sur les magasins crée elle-même la pénurie, et c’est que s’enclenche le cercle vicieux.

« Prenons n’importe quel produit. Supposons que l’on en produise 100 000 tonnes quotidiennement, et que ce volume soit acheté par le consommateur. Lorsqu’une crise survient, les consommateurs doublent les achats à 200 000 tonnes. Tandis que l’approvisionnement du marché est resté le même, à savoir 100 000 tonnes quotidiennes. C’est là où le produit vient à manquer », détaille le président de l’Apoce.

Et pour répondre à cette demande, les usines sont appelées à doubler leur rythme de travail « quand elles le peuvent », relève le président de l’Apoce. Selon lui, la pénurie est la conséquence de la surconsommation, phénomène que nourrit la peur et l’incertitude distillées chez le citoyen.

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« C’est ce qui se passe avec la semoule actuellement. L’Apoce a été destinataire de remontées de certaines wilayas de l’est du pays qui connaissent une crise concernant la semoule », argue Mustapha Zebdi qui persiste et signe : « Cette crise de la semoule est voulue. »

« Il n’y a aucune pénurie ou manque (sur ce produit). Si un citoyen se rend dans un espace de vente et qu’il ne trouve pas ce produit, c’est parce que ses concitoyens ont avant lui acheté le produit en quantités conséquentes. Ce qui revient à dire que si nous maîtrisons notre comportement de consommateurs, nous en finirons avec cette crise ».

« En tant que consommateurs, nous participons malheureusement à cette crise et il n’est pas exclu qu’on assiste une nouvelle fois, comme l’an passé, à des scènes où l’on voit des camions en file indienne et les gens s’agglutiner et se bousculer » pour un sac de semoule, conclut Mustapha Zebdi.

En 2020, au début de la crise sanitaire liée au Covid-19, l’Algérie a connu une grave pénurie de semoule, en raison notamment d’achats massifs effectués par des citoyens, qui se préparaient pour le confinement sanitaire, qui venait d’être instauré par les autorités pour endiguer la propagation de la pandémie de coronavirus. Une vaste enquête de la gendarmerie a été lancée pour lutter contre la spéculation dont a fait l’objet ce produit de large consommation.

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