Économie

Salaires en Algérie : entre lente évolution et disparités

Pas de changement notable pour les salaires en Algérie. Ils évoluent très lentement et sont à un niveau très bas par rapport aux besoins des ménages, avec toujours une nette disparité entre les secteurs public et privé, selon une enquête de l’Office nationale des statistiques (ONS), menée en 2019 auprès de 700 entreprises, hors administration et agriculture.

Les chiffres ne prennent donc pas en compte le relèvement du salaire minimum de 18 000 à 20 000 Da et la suppression de l’Impôt sur le revenu global (IRG) pour les salaires de moins de 30 000 dinars mensuels, décidées en 2020. Mais ces deux mesures ne devraient pas avoir une grande incidence sur le niveau général des salaires.

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En 2019, le salaire net moyen a évolué de 2% par rapport à 2018, passant de 41 000 à 41 800 dinars. Pendant cette année, c’est toujours le public qui plus que le privé avec des moyennes respectives de 58.400 et 34.100 dinars, soit une différence de 24 300 dinars, selon les résultats de l’enquête publiés ce dimanche via l’agence officielle APS.

« La qualification du salarié, le secteur juridique, la taille de l’entreprise ainsi que les spécificités de rémunération sectorielles des entreprises de certains secteurs sont les éléments les plus discriminants du niveau des salaires », indique l’enquête.

Cette différence de salaires entre le public et le privé s’explique par l’existence dans le public de grandes entreprises ayant un système de rémunération avantageux, notamment dans les hydrocarbures, les transports et les finances, selon l’étude.

Ce sont en effet ces secteurs qui payent le mieux dans le secteur public. Le salaire moyen est de 108.500 dinars dans les industries extractives (comprenant notamment les hydrocarbures), 59.600 dinars dans les Transports et communications et  58.400 dinars dans les finances. Le bâtiment et l’hôtellerie-restauration sont ceux qui payent le moins avec respectivement 37.900 et 36.300 dinars.

Le public paie mieux que le privé 

L’ONS explique les salaires élevés dans les industries extractives et les finances par le fait que « les entreprises relevant de ces deux secteurs emploient beaucoup de diplômés et qu’ils aient plus de facilité que d’autres pour payer leur personnel (système de rémunération spécifique) ».

Quant à la faiblesse des rémunérations dans le bâtiment et l’hôtellerie, la même source indique qu’elle est due  « à une proportion très importante de la catégorie agents d’exécution dans l’emploi total de ces secteurs d’activité d’une part et à une forte présence de l’emploi informel d’autre part », deux facteurs qui tirent le salaire moyen de ces secteurs vers le bas.

Dans le privé, on trouve la moyenne des salaires la plus élevée dans le secteur financier (75.200 dinars), la santé (46.300 dinars) et le commerce et réparation (44.400 dinars).

Si la moyenne des salaires est plus élevée dans le public, l’évolution entre 2018 et 2018 a été néanmoins plus importante dans le privé, avec +1.8 et +2.28 respectivement, pour une moyenne de 2%. 

La comparaison par type de personnel donne des salaires moyens dans le public de 88.600 dinars, 64.100 dinars et 40.100 pour respectivement les cadres, les agents de maîtrise et les agents d’exécution,  73.700, 38.000  et 26.900 dinars dans le privé. Tous secteurs confondus, le salaire moyen était  en 2019 de 81.000 dinars pour les cadres, 48.900 dinars pour le personnel de maîtrise et de 30.000 dinars pour les agents d’exécution.

Le niveau général des salaires en Algérie reste très bas par rapport à celui des prix des produits de consommation et des biens durables.

Lors des débats sur la révision du système des subventions il y a quelques jours au parlement, il a été proposé d’instituer une compensation financière pour les revenus inférieurs à 120 000 dinars. Or, cette enquête de l’ONS fait ressortir que la catégorie la mieux payée en Algérie, soit les cadres du secteur public, gagne en moyenne à peine les deux-tiers de cette somme (88  600 dinars). 

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